Le test grandeur nature de l’excellence des relations saoudo-iraniennes devrait être champ gazier al Durra
Depuis soixante ans ; l’Arabie Saoudite et le Koweit contestent le droit de l’Iran d’exploiter ce champ gazier. Depuis soixante ans, l’Iran réaffirme qu’aucune exploitation du champ gazier al Durra ne saurait avoir lieu sans que ses droits de propriété soient reconnus.
Les réserves gazières d’ »al Durra » sont estimées à à 220 milliards de mètres cubes. Le champ est petit comparé aux réserves mondiales mille fois supérieures, mais pour le monde arabe, ces poches de gaz permettent de répondre à la consommation intérieure croissante ainsi qu’à la demande mondiale.Le champ est situé dans la région nord-ouest du golfe Persique, plus précisément dans la zone neutre peu profonde entre l’Arabie saoudite et le Koweït. Depuis sa découverte dans les années 1960, la production a été bloquée en raison du différend avec l’Iran.
L’odeur de l’or noir
L’Iran possède d’énormes réserves de gaz inexploitées, en sus du gigantesque champ gazier qu’il exploite conjointement avec le Qatar. De plus, l’Iran n’est pas un grand exportateur de gaz, notamment en raison des sanctions internationales.
Mais, l’Iran a récemment renouvelé ses exigences sur le champ gazier d’Al-Durra, une revendication qui a surpris les pays arabes du Golfe qui s’attendaient à un relâchement des tensions sur ce dossier ou l’Iran a une position juridique faible. L’un des moyens de régler le différend serait que l’Iran accepte de délimiter les frontières maritimes qui le séparent de l’Arabie saoudite et du Koweït. Mais de cela il n’est même pas question.
Les questions pleuvent.
L’Iran souhaite-t-il exercer une pression sur les États du Golfe? S’agit-il pour Téhéran d’obtenir des concessions sur d’autres problèmes régionaux ?
Les Saoudiens et les Koweïtiens, pour l’instant, mobilisent les autres États du Golfe pour que la question des gisements de gaz soit traitée séparément des autres litiges régionaux. Face à cette cohésion, l’Iran cherche à démanteler la position de négociation unifiée des États du Golfe en déclarant qu’il est prêt négocier, mais avec le seul Koweït.
Cette négociation bilatérale est suspecte. Avant tout autre accord, les Iraniens réclament 40% du champ gazier al Durra avant toute discussion sur la démarcation des frontières.
Du neuf avec de l’ancien
Le réveil de ce vieux litige alors que l’Iran affirme sa volonté de relations pacifiées jette le trouble. En mars 2023, les deux poids lourds du Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite et l’Iran avaient mis fin à plusieurs années d’hostilité ouvertes et entrepris de rétablir leurs relations diplomatique. Celles-ci avaient été rompues après l’attaque en 2016, de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants iraniens, qui protestaient contre l’exécution d’un influent dignitaire chiite. La réconciliation entre l’Iran et l’Arabie a été scellée dans le cadre d’un accord conclu le 10 mars, par l’entremise de la Chine.
Le maintien des allégations iraniennes sur le dossier du champ gazier al Durra contraste donc fortement avec la volonté générale d’inaugurer une ère de relations nouvelles.
A moins que, comme souvent au Moyen Orient, l’Iran n’affiche une position dure sur un dossier de relations extérieures dans le seul but de mobiliser le sentiment national de la population iranienne.
Une nouvelle ère au Moyen Orient? À voir !
Quand on a trouvé le bon mood, on a la clef de tous les problèmes. C’est un modus vivendi qui irriguera tout en aval. L’Iran et l’Arabie saoudite l’ont bien mis en route et les retombées y seront là. Par exemple, ouvrir le CCG – conseil de coopération du golfe à l’Iran rendra intérieure la question du partage, avec des compensations réciproques ce qui était problème deviendra trait d’union.
Si cette ouverture sera suivie par la solution définitive de la question épineuse comme les tensions en Palestine, le marché libre au Moyen-Orient fera de la région une concurrente solide aux géants asiatiques.