Le vendredi 14 octobre 2022, la France a interdit son territoire à Nathalie Yamb, cette militante de l’émancipation de l’Afrique suivie par des dizaines de milliers d’internautes et qui serait coupable d’attiser la haine de la France.
Cette mise à distance est plus qu’un crime contre la liberté d’expression, une faute. D’une part, la suisso-camerounaise ne vit pas en France mais sur les bords du lac Léman, ce qui limite tout de même la portée de ce bannissement. D’autre part, cette sentence, lui confère encore plus de notoriété et renforce encore, comme s’il en était besoin, ceux qui contestent les autorités françaises sur le continent, ce dont témoignent les réactions sur les réseaux sociaux.
Enfin, les raisons politiques invoquées pour refouler la blogueuse ne tiennent pas nécessairement devant la justice administrative, française très protectrice des libertés publiques. Selon RFI, qui s’est procuré l’arrêté officiel, il lui est reproché de tenir « des propos virulents à l’égard des positions françaises sur le continent africain susceptibles de favoriser l’entrisme des puissances étrangères hostiles à la France sur le continent africain et d’alimenter le développement d’un ressentiment populaire anti-français en Afrique, mais également parmi les diasporas africaines en France ». Par conséquent, poursuit l’arrêté, « sa haine profonde à l’égard de la France » et « sa large audience » permet de craindre que sa présence dans l’Hexagone « provoque de graves troubles à l’ordre public ».
Laurent Gbagbo dans le viseur
Le document rappelle également le parcours de Nathalie Yamb et sa proximité avec le régime de Laurent Gbagbo, on se demande en quoi cette dite proximité pose problème. Pour rappel, l’ancien président ivoirien a été acquitté par la Cour Pénale Internationale.
Ses connexions avec le conseiller en communication de la République centrafricaine lui sont également reprochées, l’homme serait le principal artisan de la propagande anti-française à Bangui.
La dame de Sotchi
En réalité, l’audience de Nathalie Yamb, qui a commencé sa carrière dans la communication de grands groupes, dérange. Cette ancienne porte-parole du ghanéen Jerry Rawlings, installée en Côte d’Ivoire depuis 2007, a été la directrice de cabinet de Mamadou Koulibaly, l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Connue du seul monde politique ivoirien, elle a longtemps vécu dans l’ombre de ce dernier.
Jusqu’à ce jour d’octobre 2019, où elle représentait Lider, le parti politique de Mamadou Koulibaly, au sommet Russie-Afrique de Sotchi. La vidéo de sa prestation, violemment antifrançaise, se répand alors comme une trainée de poudre et l’a projette du jour au lendemain en pleine lumière. Forte de cette nouvelle notoriété, »la dame de Sotchi, comme elle se surnomme, surenchérit. Quelques semaines plus tard, en décembre 2019, Alassane Ouattara l’expulse du territoire ivoirien par arrêté pour « activités incompatibles avec l’intérêt national », ce qui renforce encore sa légitimité aux yeux des panafricains. Nathalie Yamb a encore de beaux jours devant elle…
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