Le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, Adama Dieng, condamne fermement l’attaque du 23 mars 2019 du village d’Ogossagou Peulh, dans la région de Mopti au centre du Mali durant laquelle au moins 134 civils, y compris des femmes et des enfants, ont été tués et au moins 55 autres personnes ont été blessées. Une manifestation est organisée ce samedi 30 mars à Paris pour dénoncer les exactions des milices anti peuls..
L’attaque récente contre le village d’Ogossagou est la quatrième depuis le début de l’année contre des villages Peulhs dans le cercle de Bankass. Le 1er janvier 2019, une milice s’en prenait à la populationde Kolougon Peulh, au cours de laquelle 37 civils ont été tués.
Le Bureau du Conseiller spécial suit de près la situation au Mali depuis début 2018 et a reçu des informations faisant état d’une grave recrudescence de la violence intercommunautaire ainsi que de l’impact négatif des opérations de lutte contre le terrorisme menées par des groupes armés à base communautaire sur la population civile de la région.
L’obsession djihadiste
Le conflit dans le centre du Mali a un caractère ethnique qui va en s’accentuant, résultant en des communautés entières stigmatisées comme terroristes ou comme affiliées à des groupes armés. Cette dynamique n’est pas suffisamment reconnue ni par les autorités nationales ni par la communauté internationale, qui se focalisent principalement sur le processus de paix dans le nord et sur la menace posée par les mouvements djihadistes.
Les groupes armés à base communautaire et d’autres acteurs armés ont mené des attaques ciblées contre des civils dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, commettant de graves violations et abus des droits de l’homme, notamment des massacres, des destructions de biens, des arrestation arbitraires et des embargos de facto de villages, entravant les mouvements des populations civiles.
Une violence sans précédent
« Ces derniers mois, la violence a atteint un niveau sans précédent avec de violentes représailles et de graves violations des droits de l’homme dans le centre du Mali, affectant toutes les communautés. A moins qu’une réponse ne soit immédiatement apportée à cette situation préoccupante, il y aura un risque élevé que la situation se détériore ultérieurement et que des atrocités criminelles puissent être commis. » a déclaré M. Dieng.
Pour prévenir une nouvelle escalade de la violence, le Conseiller spécial exhorte le gouvernement malien, avec le soutien de la communauté internationale, y compris la MINUSMA, à s’attaquer immédiatement à la grave montée de violence qui sévit actuellement au centre du Mali et à assurer, sans délai, la protection ainsi que l’assistance nécessaire aux populations vulnérables.
« J’appelle le gouvernement malien à enquêter de toute urgence et à poursuivre en justice les auteurs des récentes attaques ainsi que les responsables de graves violations des droits de l’homme » a rappelé M. Dieng. Le Conseiller spécial a également appelé les autorités et tous les Maliens à empêcher et à prévenir la stigmatisation des communautés. Le Bureau du Conseiller spécial est prêt à apporter son soutien aux processus de réconciliation locale et de dialogue intercommunautaire, dans le but de promouvoir l’inclusion, le renforcement de la résilience et la cohésion sociale.