Dès la chute du régime de Damas, la Russie a intensifié ses opérations en Libye.
Des avions cargos russes ont commencé à effectuer des rotations entre la base de Hmeimim, en Syrie, et la base aérienne d’Al-Khadim, dans l’est libyen. Cette dernière est en cours de modernisation, tout comme les bases navales de Tobrouk et de Benghazi, conformément aux souhaits du maréchal Haftar. Ce dernier cherche ainsi à se protéger des groupes soutenus par la Turquie.
Des rapports, tels que celui du Wall Street Journal, indiquent que la Russie a transféré des systèmes de défense S-400 en Cyrénaïque, territoire contrôlé par l’armée nationale libyenne du maréchal Haftar. Ce redéploiement militaire vise à compenser le recul stratégique de la Russie en Méditerranée orientale après le départ de Damas. La Libye apparaît ainsi comme une pièce maîtresse dans la stratégie du Kremlin pour consolider sa présence en Afrique et projeter ses forces vers des zones comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Les voisins de la Libye actifs
Face à ces évolutions, les cinq pays partageant une frontière avec la Libye (Algérie, Tunisie, Soudan, Tchad et Niger) ont organisé une réunion des chefs de leurs services de renseignement militaire les 20 et 22 décembre à Tripoli. L’Égypte, pourtant directement concernée, a choisi de ne pas y participer, préférant coordonner ses efforts sécuritaires avec les pays du Golfe.
Lors de cette réunion présidée par le général Mahmoud Hamza, représentant l’armée libyenne du Gouvernement d’union nationale (GUN), reconnu internationalement, plusieurs enjeux critiques ont été abordés :
- Lutte contre le terrorisme.
- Répression des trafics humains liés à l’immigration illégale.
- Neutralisation des réseaux de crime organisé.
- Renforcement de la sécurité aux frontières communes.
Bien que le contenu précis des discussions n’ait pas été dévoilé, les médias libyens ont rapporté que l’objectif principal était de mettre en place une coordination régionale pour stabiliser la région et couper les financements des groupes armés présents en Libye.
Les ambitions de la Russie
Le transfert massif d’équipements militaires russes de Syrie vers la Libye reflète une réorientation stratégique. Malgré la chute du régime syrien, la Russie renforce ses relations avec des acteurs comme le maréchal Haftar et des pays tels que l’Égypte et les Émirats arabes unis. Ce repositionnement inquiète les pays voisins de la Libye, notamment en raison des tensions croissantes dans la région du Sahel.
Les membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), comprenant le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ont demandé un soutien accru de la Russie, notamment en armes et en assistance militaire. Ces pays, confrontés à des menaces de déstabilisation, craignent également des incursions terroristes depuis des bases situées au Nigeria et au Bénin.