Selon une source proche de la présidence libyenne, une délégation composée de 11personnes, représentant le Fezzan, se trouvent actuellement en France pour animer une conférence dont le thème principal est la proposition d’une fédération à trois, la tripolitaine, la cyrénaïque et le Fezzan.
L’Etat français reconnait officiellement le gouvernement d’union nationale (GUN) qui siège à Tripolipratique une diplomatie du double jeu. Tout en établissant de bonnes relations avec le GUN, reconnu par la communauté internationale, le chef du Quai d’Orsay apporte un soutien sans limite au chef militaire de la cyrénaïque le maréchal Haftar. Ce dernier, tenta le 04 avril 2019 de s’emparer de la capitale à travers une opération militaire massive qui a buté sur une résistance héroïque des tripolitains. En dépit du soutien des Emirates arabe unie, Egypte, Russie, France, Arabie Saoudite, la « bataille décisive » de Haftar a subi un échec patent. Le personnage de Haftar devient ainsi encombrant plus que jamais, y compris pour ses alliés. Il constate que le maréchal n’est pas un élément dans dénouement de la crise mais un obstacle majeur.
Les initiatives européenne et américaine d’une solution politique de la guerre en Libye ont marqué le pas face à l’intransigeance des belligérants tripolitains. Le processus politique entamé par la diplomate américaine Stéphanie Williams n’a pas été respecté par les protagonistes de la crise libyenne. Les élections présidentielle et législatives n’ont pas eu lieu, comme le prévoyait en décembre 2021, les accords de berlin. La candidature du maréchal, qui échangea son uniforme militaire pour un costume cravate civil pour la durée d’élection, n’a pas instauré un climat de confiance escompté.
La France à la manœuvre :
Selon une source proche de la présidence libyenne, une délégation composée de 11personnes, représentant le Fezzan, se trouvent actuellement en France pour animer une conférence dont le thème principal est la proposition d’une fédération à trois, la tripolitaine, la cyrénaïque et le Fezzan. Le coordinateur de la conférence n’est autre que Ali Zidane proche des intérêts français en Libye. Il est soutenu par Mansour Seif Al Nasr ancien ambassadeur de Libye en France.
Il s’agit d’une nouvelle offre dont les deux entités du GUN (gouvernement d’union nationale) de Tripoli et l’ANL (armée nationale libyenne) dirigée par le maréchal Haftar à Benghazi n’ont pas encore commenté la démarche. La nouvelle initiative française a-t-elle eu l’aval des partenaires Européens et américaines ? Que serait la position de la Russie et de la Turquie envers cette manœuvre française. Les partenaires régionaux (Egypte, Algérie) ont-ils donné leur approbation ? Des questions restent suspendues à la réaction d’un ensemble de puissances régionales et internationales tant que le besoin d’introduction du pétrole Libyen sur le marché mondial devient un enjeu capital.
Tandis que l’opinion publique mondiale a les yeux fixés sur la guerre en Ukraine ; la France lorgne sur une solution risquée en Libye qui ne fait pas l’unanimité, ni à l’intérieur ni à l’extérieur du pays. La Russie de Poutine n’a pas été associé à ce projet ni la Turquie d’Erdogane qui demeurent des états engagés militairement en Libye.
Le Fezzan et la France : le poids de l’histoire
La France a toujours eu des visés sur le Fezzan qu’elle a voulu l’intégrer à son empire colonial en Afrique. Le rêve de la France d’incorporer cet immense territoire saharien occupé par les troupes du général Leclerc en 1942 que le traité de paix avec l’Italie du 10 février 1947 (France, Royaume uni, URSS, Etats unis) l’oblige à reconnaitre l’intégration du Fezzan au nouvel état indépendant et souverain à côté de la tripolitaine et la cyrénaïque le 24 décembre 1951.
Le nouvel état prit le nom « Royaume uni de Libye » dirigé par le Roi Mohamed Idriss El Mahdi El Snoussi. Les trois territoires composant la Libye « Tripolitaine, Cyrénaïque, Fezzan » furent administrés par les autorités britanniques et françaises qui transférèrent leurs pouvoirs au nouveau gouvernement indépendant. Cependant, la France a gardé une certaine influence qui se déploie à travers les accords franco libyens du 10 août de 1955. Des projets de développement et d’exploitations du sous-sol pour une durée de vingt ans. En contrepartie, la France s’est engagée de retirer ses troupes du Fezzan pour leur déploiement au Tchad. Le coup d’état de Khaddafi de 1969 a mis fin les ambitions de la France sur le Fezzan.