La cohabitation entre l’armée tunisienne et Kaïs Saïed

A handout picture provided by the Tunisian Presidency's official Facebook Page on August 4, 2021 shows President Kais Saied (C) posing for a group photo with members of the special unit of the Tunisian National Guard in Bir Bou Rekba in Nabeul state, about 60 kilometres south of the capital. (Photo by - / TUNISIAN PRESIDENCY / AFP) / === RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / HO / PRESIDENCY PRESS SERVICE " - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS ===

La complicité manifeste de l’armée dans le coup d’état de Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021, qui bloquait l’accès du siège de l’assemblée des représentants des peuples et des soldats, a chasssé l’aura de l’institution militaire

À la fin de l’ère de Ben Ali, le président tunisen entre 1987 et 2011, l’armée semblait ne pas appartenir aux appareils sécuritaires réprimant ceux qui osaient défier le pouvoir comme ce fut le cas lors de la révolte du bassin minier en 2008 ou lors de la révolution de 2011. Cette armée républicaine cultivait une forme de neutalité teintée de légutimisme. qui n’a pas fait le choix de soutenir le dictateur sans pour autant s’emparer du pouvoir. Le ministère de l’intérieur, la véritable assise du général Ben Ali, était en charge du sale boulot.

Or l’armée tunisienne est redevenue une armée arabe classique, interventionniste et répressive comme comme c’est le cas  en Egypte, soupçonnée d’appuyer Kais Said dans son coup d’état et l’Algérie dont Kais Said est devenu l’obligé. L’armée n’a jamais été aussi impliquée dans l’exercice du pouvoir mêle si des sources d’information prétendent que Kais  Said a voulu effectué un remaniement pour les plus hauts gradés de l’armée. La fermeté exceptionnelle dont a fait preuve le tribunal administratif, soutenu par une partie du haut commandement, dans le contentieux des candidature de la dernière Présidentielles, expliquent ce bras de fer. Une médiation algérienne aurait calmé le jeu.

Le partenariat entre Kais Said et l’armée vient de loin. L’ancien premier ministre Kamel Madouri et l’actuelle première ministre Sara Zaafrani, la nouvelle Régente de Carthage, on suivi les cours de l’académie politique de l’armée. Kais Said le premier n’est pas avare de discours élogieux envers l’armée. La simple restauration de la piscine extérieure du Belvédère à Tunis par les militaires est présentée comme une prouesse technique historique. Le développement du pays devrait beaucoup, d’après la Présidence, àla supervision de l’armée des projets civils. Les généraux se sont vus confier les prérogatives de « l’Office de Regime Maatoug pour le développement du sud et du Sahara ».

Autre nouveauté, la restauration du service militaire obligatoire pour les jeunes tunisiens.

Trois scénarios possibles

L’armée est la seule institution capable de s’emparer du pouvoir par la force. L’article 109 de la constitution de 2022 dispose : « En cas de vacance de la Présidence de la République pour cause de décès, de démission, d’empêchement absolu ou pour toute autre cause, le Président de la Cour constitutionnelle est alors immédiatement investi provisoirement des fonctions de Président de l’Etat pour une période allant de quarante-cinq jours au moins à quatre-vingt-dix jours au plus. ». seul souci, la  cour  Constitutionnelle n’a été pas constituée. L’armée reste le seul l’arbitre.

Les généraux qui prétendent être légalistes, franchiront-ils le Rubicon pour imposer un régime à l’égyptienne? Ou sera-t-elle tentée de contrôler le pouvoir derrière le rideau comme cela fut longtemps le cas du régime turc?

Un troisième scénario serait que l’armée renoue avec son rôle patriotique  de rempart pour la démocratie et appuie la résurrection d’une nouvelle période de transition démocratique, malgré la désertification de l’espace public orchestrée méthodologiquement par Kais Said qui sera juste  une parenthèse ou une exception.

Circulez, il n’y a rien à voir

L’opacité et la collégialité du processus de sa prise de décision rendent difficiles le moindre pronostic. La Tunisie ne possède pas un commandant des armées mais un conseil supérieur. L’armée tunisienne n’a pas  les moyens de contrôler l’économie ni même de suveiller la vie publique. La vulnérabilité financière serait aussi un obstacle de taille pour cette armée qui dépend de l’aide étrangère notamment américaine.

La situation pomotique de la Tunnisie, sans être verrouillée, est proprement boquée faute d’alternative crédible.