Facebook et Twitter ont été coupés au Niger depuis samedi en fin de matinée, date du retour de Hama Amadou à Niamey par le vol régulier d’Air France. Les partisans de l’ancien Premier ministre et ancien Président de l’Assemblée nationale avaient pris d’assaut les réseaux sociaux pour insulter le régime en place et lancer des mots d’ordre de mobilisation à l’aéroport.
Vives tensions à Niamey
Dans la matinée de samedi, on avait même pu assister en direct sur facebook à l’embarquement de Hama et le voir dans l’avion, des sympathisants voyageant avec lui ayant posté ces photos pour prouver que l’homme fort de l’Ouest était bien de retour. L’avion a atterri avec retard, à cause des contrôles supplémentaires au départ à Roissy, au lendemain du carnage terroriste de l’Est parisien.
Le marché avait préféré rester fermé, craignant des troubles, ainsi que certains commerces. Beaucoup d’habitants de la capitale avaient pris leurs dispositions le matin pour ne pas ressortir.
Les jeunes partisans de Hama, à moto, à pied et en voiture, se sont massés bruyamment devant sa porte et aux abords de l’aéroport, entièrement bouclé par les forces de l’ordre, sans réussir à pouvoir pénétrer pour accueillir leur champion sur le tarmac. Des échauffourées ont éclaté, avec des échanges de gaz lacrymogènes et de cocktails molotov. La foule devant chez Hama a été dispersée à coups de lacrymogènes dans la soirée. 250 personnes ont été interpellées, parmi lesquelles les principaux leaders du parti et une cantatrice très connue de la capitale. On dénombre 4 morts et plusieurs blessés, dans des collisions routières.
Black out du régime
Hama, lui, s’est vu notifier son mandat par les gendarmes, dès son arrivée, et a été transporté tout d’abord à la prison civile de Niamey puis transféré nuitamment plus loin de la capitale, à Filingué. La capacité de nuisance de l’ancien dirigeant reste élevée et sa popularité devrait grandir avec son incarcération. Les prochaines étapes du sort du leader seront autant d’occasions de mobilisation : son audition par la justice et son éventuel procès.
Depuis son départ du Niger, il y a un peu plus d’un an, sous le coup d’un mandat d’arrêt dans le cadre de l’affaire des bébés importés, Hama est devenu la bête noire du régime. Les interpellations se succèdent et les cadres et les militants de Lumana semblent s’être organisés pour y faire face, en changeant constamment de puces de téléphone et en mobilisant sur les réseaux sociaux. A l’inverse, le régime, bien que disant n’avoir pas peur de lui, a mis les grands moyens. En suspendant les permissions et congés des forces de la capitale et par le black out. Samedi soir, la télévision d’Etat est restée muette sur le sujet.
Revoir l’interview de Mondafrique avec Hama Amadou :