Majidreza Rahnavard, 23 ans, a été pendu lundi12 décembre, en public à Téhéran. Un tribunal l’avait reconnu coupable du meurtre de deux membres des forces de sécurité. Il s’agit de la deuxième exécution en une semaine, alors que dans le même temps les autorités de Téhéran laissent entendre que la redoutable police des moeurs pourrait être dissoute. La seule répression ne suffit plus pour apaiser une population rassemblée dans la contestation.
Cette double exécution est à la fois un durcissement du régime mais intervient alors qu’un changement s’opère dans la stratégie du pouvoir iranien. La répression pure et simple mais inefficace pour casser les manifestations qui ont démarré avec la mort d’une jeune kurde, Mahsa Amimi, a cédé le pas à la vieille tactique de la carotte et du bâton.
Le voile en question
Les autorités, iraniennes, ayant intégré que la seule répression était insuffisante, ont laissé entendre qu’elles allaient démanteler la police des mœurs et étudier la possibilité législative de ne plus règlementer le code vestimentaire des femmes. Mais simultanément, des exécutions publiques ont été mises en place pour afficher la détermination du régime à se défendre de manière impitoyable. De la même manière, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a déclaré lundi 12 que l’Iran reconnaissait à la population le droit de critiquer le gouvernement et de manifester pacifiquement. Mais il a ajouté que les émeutes n’étaient pas constructives et que le soutien étranger aux émeutes n’aidera pas les manifestants à se faire entendre.
Les Iraniens qui manifestent contre le régime depuis maintenant trois mois se laisseront-ils amadouer ? Ou retiendront-ils d’abord que l’Iran « a choisi de doubler son approche brutale en utilisant un mélange de force militaire, de surveillance et de détentions pour effrayer les gens jusqu’à ce qu’ils se soumettent », comme l’a déclaré Sanam Vakil, expert du Moyen-Orient à Chatham House, un think tank basé à Londres. Pour cet expert, « les exécutions signalent d’abord une escalade dans la répression », les promesses de changement n’étant qu’un masque sur la nature réelle du régime.
L’ONU vent debout
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a accusé l’Iran d’utiliser la peine de mort pour écraser les manifestations. Il a également accusé le système judiciaire iranien de s’appuyer « fortement sur des aveux forcés extorqués par la torture et d’autres formes de contrainte pour prouver la culpabilité ».
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont convenu lundi de nouvelles sanctions contre 20 responsables iraniens pour violations des droits de l’homme, dont de hauts responsables du Corps des gardiens de la révolution islamique. La radiodiffusion de la République islamique d’Iran, la société de radiodiffusion publique qui a produit et diffusé des aveux forcés de détenus, a également été sanctionnée, a déclaré l’UE.
L’Union Européenne a également imposé une interdiction de voyager et un gel des avoirs à quatre personnes qui seraient liées à la livraison de drones iraniens, dont le général Hamid Vahedi, commandant en chef de l’armée de l’air iranienne. L’annonce de l’UE visait également quatre entreprises qui, selon l’UE, étaient impliquées dans les livraisons.
Les Iraniens dans la rue, la police des mœurs démantelée