Des intermédiaires manipulateurs cherchent à rouler le gouvernement mauritanien

La fin de l’accord entre Matthieu Pigasse, le patron de la banque Lazard et la Mauritanie, suscite d’étranges manoeuvres.

A la veille de l’expiration du contrat de la banque Lazard avec la Mauritanie en avril, des tuyaux percés sont distillés dans la presse spécialisée à Paris. Ainsi « la Lettre du Continent », un média consacré aux coulisses des pouvoirs africains, a été visiblement abusée.

Dans la dernière livraison de « La Lettre », un article est en effet consacré à une hypothétique rencontre à Marrakech entre le patron de la Banque Lazard, Matthieu Pigasse et l’homme d’affaires mauritanien, Mohamed Ould Bouamatou, en rupture totale avec le régime du président Aziz et qui vit actuellement dans cette ville.

A qui profite le crime?

A en croire « la Lettre du Continent », l’ancien patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui réside souvent lui aussi à Marrakech, aurait été à l’origine de cette rencontre. Il aurait, apprend-on, conseillé à Matthieu Pigasse, qui fut son bras droit lorsqu’il était ministre des Finances du gouvernement de Lionel Jospin, « de se rapprocher de Mohamed Bouamatou, le principal opposant au chef de l’Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.»

Hélas, ces informations sont erronées. « La Lettre du Continent » a été trompée par des sources fallacieuses. « Si DSK connait effectivement l’homme d’affaires mauritanien, Bouamatou et Pigasse ne se sont jamais rencontrés », indique un banquier qui connaît les deux hommes. Interrogé par « Mondafrique », un proche de Mohamed Bouamatou a qualifié les informations parues de « fantaisistes ».

A qui profite le crime? Certainement pas à la Banque Lazard, une honorable institution qui ne s’abaisserait pas à balancer ainsi de pareils couacs. En revanche, l’intermédiaire mauritanien qui a favorisé le rapprochement entre la Banque Lazard et le gouvernement de Nouakchott se démène, ces dernières semaines, pour que le contrat avec la banque Lazard soit renouvelé. Et on le comprend, ces accords lui rapportent de belles commissions.

Son calcul est simple. Rien de tel, pense ce forban, que d’agiter le spectre de Bouamatou, la bête noire du régime, pour convaincre le président mauritanien de reconduire à tout prix le contrat avec Lazard. L’intermédiaire sait très bien que Mohamed Ould Abdel Aziz sera piqué au vif en apprenant que Mathieu Pigasse se rapproche de Bouamatou. Ce sera, dès lors, un jeu d’enfants de convaincre le pouvoir mauritanien de poursuivre, au prix fort, sa coopération avec la Banque Lazard.

Au total, une seule question qui vaille: qui manipule qui dans ce dossier?