Dans cat article écrit pour Mondafrique par Jeremy Keenan sur l’attaque du site gazier algérien d’In Amenas, en janvier 2013, à partir de son Rapport sur In Amenas : enquête sur l’implication et la couverture par l’Occident de crimes d’Etat algériens, l’auteur poursuit son implacable analyse d’un épisode aussi brutal que décisif de l’histoire récente de l’Algérie. Attaché à prouver que l’attentat d’In Amenas en 2013 est, en réalité, l’oeuvre du tout puissant service de renseignement algérien jusqu’en 2015, l’ex DRS, Jeremy Keenan démontre ici comment l’Occident, soucieux de cacher sa collaboration occulte avec le DRS, lui accorda sa couverture.
Dès le début, il y eut des signes que l’implication du DRS dans l’attaque d’In Amenas allait être couverte par les alliés occidentaux de l’Algérie, en particulier les Etats-Unis, le Royaume Uni et la France. Après les premières expressions d’indignation et le fait que beaucoup d’otages perdirent la vie à cause de l’action des forces armées algériennes, le Premier ministre David Cameron changea promptement de ton. Deux semaines après l’attaque, dès sa descente de l’avion au retour d’une visite de deux jours à Alger en compagnie de Sir John Sawers, le chef du MI6, il apparut au grand jour qu’il existait une sorte d’arrangement entre « l’Etat profond » du Royaume Uni et l’Algérie, les deux se définissant comme « du même côté » au sein de la guerre globale contre le terrorisme.
Le soutien infaillible et de longue date du régime algérien par le Royaume Uni a toujours été énigmatique. Bien qu’étant un pays pétrolier, l’Algérie n’est pas un partenaire commercial important du Royaume Uni et ne fait pas partie des 25 premiers partenaires du pays. De surcroît, le Royaume Uni se place très loin derrière la France et les Etats-Unis en termes d’influence sur l’Algérie. Pourtant, bien que ce soit les Etats-Unis et la France qui donnèrent leur feu vert au coup d’Etat militaire de 1992 et à la « guerre sale » qui s’ensuivit contre les islamistes, le Royaume-Uni, obéissant peut-être une fois de plus au coup de sifflet de Washington, leur emboîta le pas. Aucune autre raison logique, si ce n’est, peut-être, l’anti-islamisme, ne peut expliquer pourquoi trois ministres britanniques de premier plan – – Jack Straw (Secrétaire d’Etat), Geoffrey Hoon (ministre de la Défense) et Robin Cook (Secrétaire aux Affaires Etrangères) – prirent le risque de signer un faux certificat d’immunité d’intérêt public (PII), l’équivalent d’un parjure en faveur du régime algérien en 1998 (R.52).
La vérité sur l’attaque d’In Amenas aurait pu surgir lors de l’enquête ouverte devant la Cour de Justice royale de Londres, le 15 septembre 2014. Mais il n’en fut pas ainsi.
La vérité sur l’attaque d’In Amenas aurait pu surgir lors de l’enquête ouverte devant la Cour de Justice royale de Londres, le 15 septembre 2014. Mais il n’en fut pas ainsi. Le gouvernement britannique recourut, à nouveau, au rare instrument du PII pour empêcher la révélation des preuves. Le représentant légal du gouvernement au procès, David Bar Q, dit que le PII était requis pour des raisons de « sécurité nationale. » Pourtant, comme il est écrit dans le Rapport sur In Amenas (R.219), il s’agissait surtout de dissimuler la connaissance des preuves qu’avait le gouvernement, concernant par exemple le rôle joué par le général Hassan ou la transmission au département d’Etat américain des emails d’Hillary Clinton concernant Mokhtar bel Mokhtar (MBM).
Lors d’une audition de l’enquête préliminaire, la coroner, qui fut remplacée plus tard par un magistrat plus gradé, dit aux familles des victimes qu’elle allait élargir le champ de l’enquête, à la demande des équipes légales, pour enquêter sur tous les événements qui avaient conduit à l’attaque. Les familles, qui craignaient un enterrement de l’affaire, interprétèrent ces propos comme la promesse que toutes les pierres seraient retournées pour tenter de découvrir toutes les circonstances ayant conduit à l’attentat – en d’autres termes, qui avait décidé l’attaque et pourquoi (R.36).
L’enquête remplit, certes, ses obligations légales mais laissa de côté beaucoup de questions, notamment celle du « pourquoi ». Elle n’essaya jamais d’éclairer les mobiles de l’attaque.
Le devoir d’une enquête, en vertu de la Loi sur les Coroners et la Justice (2009), est d’établir l’identité des victimes et de préciser comment, quand, et où elles ont trouvé la mort. Il n’y a pas d’obligation légale concernant la question « pourquoi ». Ainsi, tandis que l’enquête établit méticuleusement les détails des événements à In Amenas et la cause précise des décès, la Cour n’essaya pas vraiment de comprendre le contexte du terrorisme au Sahara, les identités des terroristes et, finalement, leurs mobiles pour entreprendre cette attaque. Bien que l’auteur du Rapport sur In Amenas ait confié des preuves détaillées répondant à ces questions à la Police Métropolitaine, aux services de renseignement et au parquet, ces preuves ne furent pas versées au dossier. L’enquête accomplit, certes, ses obligations légales mais laissa de côté beaucoup de questions, notamment celle du « pourquoi ». Elle n’essaya jamais d’éclairer les mobiles de l’attaque et de découvrir qui étaient les vrais commanditaires.
Il est probablement vrai que l’enquête de Londres, comme l’enquête judiciaire française, un peu plus tôt, aurait enregistré peu de progrès, même si elle avait essayé de répondre à la question du « pourquoi », simplement à cause de l’absence totale de coopération de la part de l’Algérie. L’Algérie savait qu’elle pouvait traiter ses alliés occidentaux avec dédain, puisqu’ils n’avaient d’autre choix que de garder le secret le plus total sur ce qui s’était passé à In Amenas. Il y avait deux raisons de nature à rassurer l’Algérie sur le silence de l’Occident. (R. 50).
Si la complicité entre l’Occident et le DRS algérien dans la promotion du terrorisme d’Etat était révélée au public, le château de cartes de la guerre globale contre le terrorisme pouvait s’écrouler.
L’une était que les alliés occidentaux de l’Algérie, notamment les Etats-Unis, et, dans une moindre mesure le Royaume-Uni et la France, auraient été accusés de complicité dans la promotion du terrorisme si l’implication du DRS dans l’attaque d’In Amenas avait été rendue publique. Depuis fin 2002, les Etats-Unis et le DRS algérien étaient liés à travers leur accord secret P2OG, décrit dans la première partie, pour aider à justifier et promouvoir la guerre globale contre le terrorisme. Les services de renseignement britanniques et le bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth (FCO) étaient tenus parfaitement informés de cette relation et parfois même, en furent les complices. La France, bénéficiant de beaucoup plus de renseignement de terrain en Algérie que les Etats-Unis et le Royaume-Uni, fut informée du recours par l’Algérie au terrorisme d’Etat et du soutien occidental dont ce dernier bénéficiait pour atteindre les objectifs de la guerre globale contre le terrorisme initiée par les Etats-Unis. Si la complicité entre ces pouvoirs occidentaux et le DRS algérien dans la promotion du terrorisme d’Etat était révélée au public, le château de cartes de la guerre globale contre le terrorisme pouvait bien s’écrouler.
Sans surprise, les Etats-Unis jouèrent un rôle encore plus important que leurs alliés européens pour essayer d’empêcher la révélation de l’implication du DRS dans l’attaque d’In Amenas. Ils exercèrent des pressions sur l’Algérie pour qu’elle abandonne les poursuites contre le général Abdelkader Aït Ouarabi (alias général Hassan) -qui avait armé les assaillants d’In Amenas – du chef de « création de groupe armé », un crime de trahison.
L’affaire du général Hassan, comme elle fut appelée désormais, était extrêmement complexe et dura pendant presque deux ans, de son départ officiel du DRS en janvier 2014 jusqu’à son emprisonnement, en novembre 2015.
Les informations obtenues par le général Gaïd Salah, chef d’état-major, avec la capture des trois terroristes d’In Amenas lui fournit les munitions pour s’en prendre à son grand adversaire, le général Mohamed « Toufik » Mediène, chef du DRS. Toutefois, il lui fallait agir avec prudence et stratégie, car Mediène et son DRS étaient encore immensément puissants. Il patienta donc près d’un an avant d’agir. Le 13 janvier 2014, Gaïd Salah ordonna le limogeage du général Hassan, trois semaines avant son arrestation pour le crime de « création de groupe armé ». C’était la stratégie retenue par la Présidence et Gaïd Salah pour faire tomber Mediène.
La cause d’une si longue attente pour arrêter Hassan a peut-être été la volonté de protéger la réputation internationale de l’Algérie en évitant d’introduire le rôle joué par le DRS dans le système judiciaire et ainsi, dans le domaine public. Plus vraisemblablement, Gaïd Salah attendait davantage de preuves contre Hassan et le DRS. Quelle qu’en fût la raison, des preuves supplémentaires permettant de poursuivre Hassan furent mises au jour après les événements de Tunis, fin 2013.
L’intervention militaire de la France au Mali chassa beaucoup d’islamistes hors d’Algérie. Certains furent redéployés par le général Hassan en Tunisie.
L’intervention militaire de la France au Mali début 2013 chassa beaucoup d’extrémistes islamistes hors du pays. Certains de ceux qui étaient sous le contrôle effectif du DRS furent redéployés par le général Hassan en Tunisie. Vers la fin 2013, un certain nombre d’entre eux furent tués par l’armée tunisienne dans la région frontalière du Mt Chaambi. Une analyse des cartes SIM de leurs téléphones cellulaires révéla leurs communications avec des officiels du DRS à Alger, y compris leurs numéros de téléphone et leurs surnoms. L’armée tunisienne transmit l’information aux services de renseignement américains qui se tournèrent vers les autorités militaires algériennes, donnant ainsi, peut-être par inadvertance, encore plus de munitions à Gaïd Salah pour poursuivre le DRS.
L’arrestation de Hassan débuta une période de conflit vicieux entre l’armée et le DRS, au risque de faire éclater le régime. Mais Washington ne pouvait pas tolérer que son allié régional clé explose. Ni que les secrets des accords passés entre les groupes terroristes et le général Hassan et le DRS ne tombent dans le domaine public à la suite des tensions à l’intérieur du régime.
On ne sait pas quel genre de pression les Etats-Unis exercèrent sur leur allié. Ce qu’on sait, c’est qu’on n’entendit plus parler du général Hassan pendant dix-huit mois.
On ne sait pas quel genre de pression les Etats-Unis exercèrent sur leur allié. Ni quel genre d’accord fut conclu entre Mediène et ses ennemis à la Présidence Bouteflika et dans l’état-major de l’armée. Tout ce que nous savons, c’est qu’une réunion eut lieu au quartier général du DRS à Alger, en présence de représentants des services de renseignement américains et britanniques. Est-ce que cette réunion portait sur la déstabilisation de la Tunisie par l’Algérie, l’arrestation de Hassan ou les deux ? On ne sait. Ce qu’on sait, c’est qu’on n’entendit plus parler du général Hassan ou des charges retenues contre lui pendant dix-huit mois.
En août 2015, alors que le DRS avait été beaucoup affaibli et que beaucoup d’autres choses avaient changé en Algérie, Gaïd Salah fit un nouveau geste contre le général Hassan, l’arrêtant pour une deuxième fois le 27. Le même jour, avant même que les media n’évoquent l’arrestation de Hassan, James Clapper, le directeur du renseignement national américain (DNI), se rendit à Alger. Washington s’inquiétait des dommages que pourrait causer aux intérêts américains la révélation publique des activités du général Hassan au DRS, surtout se rapportant à l’attaque d’In Amenas. Le résultat de l’intervention de Clapper fut que les charges antérieures de « création de groupes armés » furent abandonnées à l’encontre de Hassan. Il fut poursuivi, en revanche, pour deux délits complexes en relation avec le mouvement des armes. Son procès, derrière les portes closes du tribunal militaire de Mers El Kebir, dura à peine dix heures. Ni la famille de Hassan, ni les journalistes ni aucun public ne furent autorisés à y assister. Hassan ne fut pas davantage autorisé à citer ses propres témoins en défense. Il fut ensuite emprisonné pendant cinq ans.
La deuxième et beaucoup plus pressante raison pour l’Occident de continuer à garder le secret avait trait aux relations entre l’attaque d’In Amenas et l’existence d’un camp d’entraînement d’Al Qaida non loin de là. Le camp d’entraînement, désigné, dans le Rapport sur In Amenas, par le pseudonyme de Tamouret, était situé dans la montagne de Tassili-n-Ajjer, à 260 kms au sud d’In Amenas, mais dans la même wilaya (préfecture) d’Illizi., et non loin de l’Oued Samene, où le DRS garda prisonniers certains des 32 otages européens kidnappés pendant l’opération sous faux pavillon d’El Para, en 2003. Tamouret était loin d’être un camp d’entraînement d’Al Qaida, même si c’est ainsi qu’il était présenté à ses potentiels clients terroristes du monde entier. Il était, en réalité, géré par le DRS.
Le camp fut créé vers 2004-05 et fut opérationnel jusqu’en 2008-09, date à laquelle il fut déménagé au sud-ouest, dans le Tassili-n-Ahaggar, avant d’être relocalisé entièrement dans le nord du Mali vers 2009.
Notre connaissance du camp, tel que détaillé dans le Rapport sur In Amenas (R.53-7), provient de trois témoins. Des rumeurs de camps d’entraînement terroristes dans le Sahara algérien circulaient déjà quand la confirmation de l’existence de Tamouret fut apportée par Bachir (pseudonyme), désigné dans l’enquête de Londres comme « témoin A », bien qu’il ne fût jamais autorisé à témoigner pour des raisons expliquées dans le Rapport sur In Amenas (R.119-28).
Bachir avait passé sept mois à Tamouret vers 2007. En 2008, il réussit à échapper à l’étau du DRS et à fuir en Europe.
Bachir avait passé sept mois à Tamouret vers 2007. En 2008, il réussit à échapper à l’étau du DRS et à fuir en Europe. Son témoignage, enregistré pendant les quatre années qui suivirent son évasion, fut corroboré par deux autres témoins, dont l’un avait pu situer et photographier les tombes et les cadavres des personnes tuées dans le camp.
Bachir a pu donner des détails sur les identités de la hiérarchie du camp. Abdelhamid Abou Zaïd, le chef DRS d’AQMI au Sahara, en était le responsable. Abdullah al-Furathi était en charge de l’entraînement, tandis que MBM, qui venait toutes les deux semaines, était décrit comme en charge de la « logistique. » Mohamed Lamine Bouchneb, qui devait plus tard conduire l’attaque d’In Amenas, et Yahia Djouadi (alias Djamel Okacha, Yahia Abou al-Hamman), un autre cadre du DRS qui remplaça Abou Zaïd à sa mort en 2013, mort lui-aussi en 2019, y étaient des visiteurs réguliers.
Bachir a également pu identifier certains officiers de l’armée et du DRS qui fréquentaient le camp, souvent quasi quotidiennement, parmi lesquels le général Rachid « Attafi » Lallali, le responsable du Directorat de la Sécurité Extérieure du DRS (DDSE) à cette époque.
Bouchneb était l’un des visiteurs les plus assidus au camp. Bachir l’a vu régulièrement en compagnie d’Abou Zaïd, de MBM quand il venait et des officiers de l’armée/DRS, surtout le général Lallali.
Toujours selon Bachir, le camp servait à endoctriner et entraîner de jeunes marginalisés, se situant à différents niveaux d’aliénation par rapport à leurs communautés en Afrique du Nord, au Sahel et même au-delà, pour commettre des atrocités dans des communautés algériennes avec lesquelles ils n’avaient pas de relations. Ils étaient généralement exécutés après avoir accompli leurs tâches, ou avant s’ils exprimaient la moindre once de désaccord.
Selon Bachir, les recrues du camp étaient le plus souvent au nombre de 270. La majorité étaient des Algériens, il a également croisé quelques Egyptiens, plusieurs Tunisiens, quelques jeunes du Maroc et de Libye, quelques uns venus du sud du Sahara, notamment du Nigeria, du Yémen et de Somalie et même, d’Asie centrale. A partir de ce chiffre, on peut estimer que 3000 personnes au total ont fréquenté le camp.
Le témoin a également fourni des informations précises sur les entraînements, notamment au tir et à l’égorgement.
Le témoin a également fourni des informations précises sur les entraînements, notamment au tir et à l’égorgement. Les tireurs d’élite jouissaient de davantage de liberté et de privilèges que les autres au sein du camp. L’égorgement, en arabe al-mawt al-baTii’ (« la mort lente »), était la manière de tuer la plus courante.
Des prisonniers, appelés à être tués dans le cadre de l’entraînement, étaient livrés au camp par l’armée algérienne/DRS sur la base d’un flux plus ou moins continu (4 fois par semaine en moyenne). Bachir a raconté comment 2 à 3 hommes en moyenne étaient exécutés dans le cadre de l’entraînement tous les 3 ou 4 jours. Parmi les personnes tuées figuraient des officiers et des soldats de l’armée ayant franchi la ligne ou jugés « suspects » ainsi que des « civils » ou criminels de droit commun venus des prisons. Parmi ces derniers, certains des milliers d’Algériens disparus aux mains du régime dans le cadre de la « sale guerre » des années 1990. C’est ainsi que Bachir dit avoir assisté à environ 180 meurtres pendant son séjour de sept mois au camp.
Il est inconcevable que les agences de renseignement américaines et britanniques, qui travaillaient main dans la main avec le DRS dans ces années-là, n’aient pas su ce qui se passait à Tamouret. Pire, Tamouret était certainement un grand atout pour les agences de renseignement occidentales. Car lorsque les recrues arrivaient au camp, leurs identités, y compris leurs photographies (et peut-être même leur ADN), étaient enregistrées par les officiers du DRS. Ces données étaient envoyées à Alger avant d’être ensuite transmises aux agences de renseignement américaine et britannique.
Tamouret a peut-être été une brillante opération de contre-terrorisme. Née d’un crime monstrueux.
Dans le cadre de la politique de contre-terrorisme menée conjointement par l’Occident et le DRS algérien, l’opération de Tamouret pourrait avoir permis de fournir à l’Occident les identités de centaines, peut-être de milliers de terroristes d’Al Qaida. Ceci pourrait expliquer comment tant d’attaques terroristes ont été éventées ces années-là. S’il en est ainsi, Tamouret a peut-être été une brillante opération de contre-terrorisme. Toutefois, son succès, si l’on peut le qualifier ainsi, est né d’un crime monstrueux : le meurtre de sang-froid de centaines, sinon de milliers, d’innocentes victimes. C’est pour cette raison que l’existence de Tamouret, et sa connaissance par les services occidentaux, seront toujours démenties.
Si l’auteur ou Bachir (« Témoin A ») avaient été autorisés à déposer dans le cadre de l’enquête de Londres, la Cour les aurait interrogés sur leur connaissance de la relation entre Bouchneb et le DRS, ce qui aurait inévitablement conduit à la révélation de l’existence de Tamouret. Avec l’armée d’avocats et de journalistes assistant aux débats, les secrets les plus odieux de l’une des opérations occidentales de contre-terrorisme les plus efficaces auraient fait les gros titres en quelques minutes. Ni l’Algérie, ni l’Ouest ne pouvaient se permettre de dire la vérité sur Tamouret. C’est pourquoi In Amenas ne fera jamais l’objet d’une véritable enquête approfondie – du moins pendant encore très longtemps.