Le 12 octobre dernier à Genève, lors d’une manifestation en faveur des Palestiniens, Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève (CIG) et petit fils du fondateur des Frères Musulmans en Égypte, a mis en cause « la propagande de guerre d’un État colonisateur ». Selon lui, le Hamas n’aurait ni assassiné des bébés, ni violé des femmes.
Ian Hamel, à Genève
« Rien ne prouve que de tels crimes aient été commis par ces combattants. C’est même le contraire qui ressort des observations que l’on peut faire », a lancé Hani Ramadan sur la place des Nations Unies, devant le siège européen de l’ONU. A cette occasion, les manifestants ont hué le Conseil fédéral (le gouvernement suisse) qui s’apprête à qualifier le Hamas d’organisation « terroriste ». « Tant qu’il y aura une occupation, la résistance en Palestine n’est pas du terrorisme », a déclaré l’un des organisateurs de cette manifestation qui, selon Swissinfo, réunissait 400 personnes.
Hani Ramadan, présenté comme un « défenseur des droits humains », s’en est pris à la presse et aux hommes politiques qui reprenne « sans prudence les récits de bébés assassinés et de femmes violées ». Sur le site du Centre islamique de Genève (CIG), le frère de Tariq Ramadan publie sa déclaration de la place des Nations Unies. Selon lui, une femme juive raconterait d’une tout autre manière l’arrivée des « combattants » à son domicile. Ils l’ont aussitôt rassurée : « Ne vous inquiétez pas ! Je suis musulman. Nous ne vous ferons aucun mal ». Seule anecdote durant l’occupation de sa maison pendant deux heures : un membre du Hamas voit des bananes. Il demande poliment s’il peut en manger une. L’Israélienne lui répond : « Oui, vous pouvez »…
« Lapidation pour adultère »
Le texte rappelle que les musulmans ne tuent ni femmes, ni enfants, ni vieillards, ni dévots dans leurs couvents. Hani Ramadan, petit-fils de Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans en Égypte, considère qu’il est particulièrement inapproprié de parler de « méthodes terroristes ». Pour lui, le Hamas est composé de « résistants palestiniens ». La presse suisse n’a consacré que quelques lignes au discours qualifié de « révisionniste » du directeur du CIG.
Il est vrai que Hani Ramadan n’est pas avare de provocations. N’a-t-il pas justifié dans Le Monde en 2002 la lapidation pour adultère ? Ce qui lui a valu de perdre son poste d’enseignant à Genève. Il a aussi comparé devant des élèves une femme non voilée à une pièce de deux euros qui passerait de main en main. Plus récemment, lors de l’épidémie de COVID, il expliquait que pour ne pas être malade, il suffisait de ne pas manquer ses cinq prières quotidiennes.
Âgé de 64 ans, docteur en lettres de l’université de Genève, Hani Ramadan dirige le CIG depuis la disparition de son père, Saïd Ramadan, en 1995.