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Les limites de l’offensive diplomatique chinoise au Moyen Orient

This handout picture provided by the Saudi Royal Palace shows Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman (R) welcoming Chinese President Xi Jinping during a ceremony in the capital Riyadh, on December 8, 2022. Chinese President Xi Jinping met Saudi Arabia's powerful crown prince on an Arab outreach visit that will yield billions of dollars in deals and has earned a rebuke from Washington. - RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / SAUDI ROYAL PALACE / BANDAR AL-JALOUD" - NO MARKETING - NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS (Photo by BANDAR AL-JALOUD / various sources / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / SAUDI ROYAL PALACE / BANDAR AL-JALOUD" - NO MARKETING - NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS

La prudence et la tiédeur des réactions chinoises après les sanglantes attaques des combattants du Hamas contre Israël et la contre offensive aérienne impitoyable déclenchée par l’Etat hébreu sur Gaza viennent peut-être de démontrer les limites de la stratégie chinoise au Moyen-Orient – et de l’ambition diplomatique pékinoise d’y élargir son influence. 

Les platitudes des déclarations convenues du ministère chinois des affaires étrangères (« nous appelons les parties en présence à la retenue et de mettre fin aux hostilités », « la Chine est attristée par la mort de victimes civiles »), illustrent en effet la difficulté des hiérarques pékinois à s’impliquer plus fermement – et plus efficacement- dans une région où la Chine envisage de se positionner comme nouvelle « puissance de référence » face au grand rival américain.

Pour Pékin, l’équation est certes complexe : la République populaire est historiquement l’alliée des Palestiniens, elle ne veut pas s’aliéner les pays arabo-musulmans. (Ella a prudemment qualifié les agresseurs du Hamas de « combattants », évitant soigneusement le terme  de « terroristes »).

Deux fers au feu 

Parallèlement, la Chine, qui a toujours deux fers au feu, est en train d’approfondir sa relation diplomatico-économique avec Israël, stratégie consistant notamment à investir dans les secteurs de la technologie de pointe et des infrastructures – et qui vient notamment de se concrétiser par la construction d’un nouveau port à Haïfa par une compagnie chinoise. 

En mars dernier, un succès diplomatique significatif avait donné des ailes à la diplomatie chinoise : Pékin s’était enorgueilli d’avoir joué les intermédiaires entre l’Arabie Saoudite et l’Iran et d’être parvenu, lors d’un sommet à Pékin, de convaincre les deux rivaux d’enterrer la hache de guerre. 

Sur cette lancée, la Chine a ensuite exprimé de semblables ambitions à propos de la question israélo-palestinienne : recevant en juin dans la capitale chinoise le chef de l’Autorité palestiniene Mahmoud Abbas, le président Xi Jinping a promis à ce dernier de mettre à contribution la « sagesse » et la « force » de la Chine au profit d’un réglement du conflit entre Palestiniens et Israéliens. 

Patatras : La cruauté de l’attaque du Hamas et l’extrême violence de la réponse israélienne, sont sans doute venues mettre fin, pour le moment, aux ambitions diplomatiques chinoises…

« La Chine n’a pas vraiment l’expérience de la région ni l’expertise pour être capable de provoquer des avancées significatives », estime Jonathan Fulton, chercheur basé à Abu Dhabi pour le compte du think tank américain Atlantic council ; « Vous ne verrez jamais dans la région [du Proche-Orient] des gouvernements se dire ‘tiens quelle proposition fait la Chine sur tel ou tel problème?’, la Chine n’est pas encore perçue comme un acteur crédible ».

L’aigre commentaire d’un diplomate de haut rang de l’ambassade d’Israël à Pékin en dit aussi long sur les difficultés chinoises de négocier les méandres d’une stratégie consistant à jouer sur les deux tableaux :  » Quand les gens sont assassinés et massacrés dans les rues, ce n’est pas le moment d’appeler à la ‘solution des deux Etats« , a aigrement réagi le conseiller d’ambassade Yuval Waks, cité par l’Agence Reuters. Déclaration faite en référence à ce qu’un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères chinois venait de déclarer un peu plus tôt, soulignant que Pékin considérait que seule la coexistence entre deux Etats, palestiniens et israéliens, perspective désormais perçue comme une aimable illusion, permettrait d’éviter de pareils conflits.

Pour Israël,  une telle déclaration ne tombait pas à pic, même si elle est, en tant que principe, parfaitement exacte : mais le moins que l’on puisse dire c’est que, pour l’État hébreu, l’heure n’est plus à la négociation…

Ainsi, dans ce nouveau brouillard de guerre, la Chine semble être un peu perdue. Et Pékin, dont l’hubris est désormais largement affirmé à l’international, semble pour l’instant avoir démontré que ses  ambitions ne sont pas à la mesure de sa capacité à jouer les intermédiaires de poids au Moyen-Orient. 

D’autant que les critiques de la République populaire verront comme un « deux poids de mesure » la façon dont Pékin ne condamne pas explicitement le Hamas  et la « tolérance zéro » dont elle fait preuve à l’égard des mouvements nationalistes de la minorité ouïghoure musulmane dans sa province occidentale du Xinjiang – Région où la Chine a mené ces dernières années une campagne de répression sans merci. 

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