Le Parti Démocratique Gabonais est né en pour être le parti unique du Gabon. Un instrument de pouvoir donc de contrôle. Parti unique mais « démocratique », parti unique et « inique ». S’il est la création d’Omar Bongo, l’idée est néanmoins de Léon Mba le premier président, le « Père de l’indépendance » qui avait ceci de singulier qu’il voulait que le Gabon devienne un territoire français.
Une idée de Léon Mba
Léon Mba déclare donc publiquement qu’il souhaite établir un parti unique puisqu’il ne supporte plus le multipartisme et surtout ces députés de l’opposition dont un certain Jean Hilaire Aubame qui osent contrôler l’action de « son gouvernement ». Il finira même, excédé par leur « impertinence », à jeter certains d’entre eux en prison. La jeune armée gabonaise usera de son bon droit pour défendre la constitution. Le 17 Fevrier 1964, sous la direction des lieutenants Jaques Mombo, Valere Essone, Ndo Edou elle dépose Léon Mba mais le lendemain sur ordre de Jacques Foccart l’armée française rétablit Léon Mba au pouvoir en tuant une vingtaine de militaires parmi lesquels le Lieutenat Ndo Edou. Léon Mba décide de « régler ses comptes » avec ses détracteurs qui sont publiquement battus avec des clubs de golfs…Quant aux autres ils sont jetés en prison. Léon Mba n’aura pas le temps de mettre en place le parti unique qu’il désirait tant. Toutefois, réussira quand même une prouesse, il se fera « élire » le 19 Mars 1967 avec 100% des voix tout en étant hospitalisé à Paris. Une éléction que Léon Mba sera le seul à disputer avec son colistier Albert Bongo. A la mort de Léon Mba le 27 Novembre 1967, Bongo qui est son vice président lui succède et prete serment officiellement le 2 Décembre 1967 à 32 ans et pour « rassembler tous les gabonais » il crée le 12 Mars 1968 le Parti Démocratique Gabonais, parti unique, mettant de fait hors la loi tous les autres et punissant sévèrement tous ceux qui osent contester son autorité.
Le parti unique
Pendant 22 ans le Parti Démocratique gabonais va régenter la vie des Gabonais. L’Anniversaire du Parti le 12 Mars est un jour férié, l’adhésion au parti est bien sur « naturelle » puisque chaque gabonais « depuis le ventre de sa mère » est de facto membre du parti unique. Le président fondateur qui se confond avec le président de la République est élevé au rang de divinité dans un culte du parti et surtout de son chef qui n’ont rien à envier à ceux de Staline et de Mao Tsé Toung. le Parti Démocratique Gabonais n’est pourtant pas un parti communiste en a tous les atours et les méthodes : manifestations populaires, exécutions publiques en présence des hauts cadres du parti, chansons à la gloire du président, lecture à la télévision du « petit livre vert » du grand camarade Bongo. Les cotisations pour le parti sont obligatoires et prélevés directement sur les salaires des travailleurs. Le vote est obligatoire et le choix déjà fait au présidentielles de 1978 et 1986 on demande donc aux gabonais d’aller voter pour le « candidat naturel » candidat unique et gare à ceux qui n’osent pas y aller…Des contrôles sont d’ailleurs effectués pour identifier les « ennemis du Président et du Parti ». En 1989, malgré la conférence de la Baule a cours de laquelle François Mitterand avait incité les anciennes colonies à s’ouvrir au multipartisme Omar Bongo déclare avec arrogance : « moi je vous le dit et je vous le confirme le multi partisme au Gabon Zero, tant que je serais là, il n’y en aura pas ». Malgré tout le multipartisme s’installe au Gabon en 1990 et Bongo est obligé sous la pression de la rue de l’accepter mais garde quand même le pouvoir et un parti qui contrôle tout.
Le parti présidentiel
Après la fin du monopartisme, le PDG ancien Parti-état garde son influence et sa prépondérance dans l’administration et malgré les bourrasques de la conférence nationale de 1990, les mouvements sociopolitiques 1991 et l’élection présidentielle de 1993 qui a vu l’interruption du processus électoral et la proclamation de Bongo vainqueur.
Aux élections présidentielles de 1998 et 2005 le Parti Démocratique Gabonais fait étalage de sa puissance provenant des moyens de l’état gabonais avec lequel il se confond et se confirme dans son rôle de bras séculier du pouvoir de Bongo au point où lorsque le « Grand Camarade » est en campagne les administrations se vident et les hauts fonctionnaires restent introuvables sur le lieu de travail. Chacun voulant prouver « sa loyauté » au « Grand camarade », qui reste il est vrai le « candidat naturel » sorte de dieu créateur, pourvoyeur de richesses et de prébendes. A ce propos, Bongo n’avait –il pas déclaré qu’il pouvait « faire d’un Chien un ministre et d’un ministre un chien » ? Malgré la démission de quelques cadres tels que Zacharie Myboto, le PDG garde toujours son éclat, il demeure le moyen de « réussite par excellence » pour tout jeune fonctionnaire qui a de l’ambition. Quant à ceux qui s’intéressent à la politique, le PDG reste la voie royale et même lorsque l’on parvient à se faire élire en indépendant très rapidement on finit par faire preuve de « bon sens » et par rejoindre « la maison mère ». Quant à l’opposition elle finit toujours « par négocier » et recevoir quelques subsides.
PDG dynastique contre Néo PDG
Pour les statuts du Parti Démocratique Gabonais, le président fondateur – grand camarade- candidat naturel était éternel. Nul n’avait prévu qu’Omar Bongo à l’instar de Khéops et de Salomon sois un simple mortel, le Parti Démocratique Gabonais se trouve donc fort dépourvu lorsqu’Omar Bongo – « l’arme du présent et du futur » passe l’arme à gauche le 9 juin 2009 à Barcelone. Bien sur, Rose Francine Rogombé, la présidente du Sénat, membre du bureau politique du PDG lui succède et assure l’intérim à la présidence de la République, mais au sein du Parti rien n’est clair pour désigner le candidat du Parti Démocratique Gabonais à l’élection présidentielle anticipée de 2009. Une stratégie est trouvée : désigner un candidat « par consensus ». Il est bien sur hors de question de consulter la base des militants du PDG sur la question, seuls les membres du bureau politique doivent désigner le candidat du PDG surtout que d’anciens membres se sont déjà déclarés candidats notamment André Mba Obame, ancien ministre de l’intérieur qui revendique publiquement être le « fils spirituel » d’Omar Bongo et désire « poursuivre son œuvre ». Fier de ses moyens importants il gagne très vite en popularité.
Au fils spirituel de Bongo, on oppose le fils biologique. Ali Bongo est désigné candidat du PDG au grand dam de Casimir Oye Mba, ancien premier ministre, qui clame être « le vrai candidat du consensus » et accuse Ali Bongo de s’être imposé par la force. En tout sur 23 candidats Ali Bongo affrontera d’anciens membres du bureau politique du PDG dont André Mba Obame, Jean Eyeghe Ndong et Casimir Oye Mba qui se retirera sans en expliquer la raison la veille du vote. Plus tard Ali Bongo est déclaré vainqueur, il est contesté, l’armée réprime les contestataires, l’ordre est vite rétabli. Aux législatives l’année suivante le PDG rafle la mise et obtient 118 députés sur 120. Le parti unique est de retour.
En 2016, Ali Bongo affronte encore un ancien hiérarque du Parti Démocratique Gabonais : Jean Ping. Ancien ministre, ancien membre du bureau politique du Parti Démocratique Gabonais, Jean Ping est soutenu par une coalition dont la plupart des membres (à peu de personnes près) ont tous été membres du bureau politique du PDG, hauts fonctionnaires et plusieurs fois ministres. Cet affrontement – à y regarder de très près – ressemble plus à une guerre de courants entre tenants et produits d’un même appareil politique qu’à une bataille idéologique réelle. On peut légitimement parler d’affrontement entre le « PDG dynastique » dirigé par Ali Bongo et « NéoPDG » lui étant opposé mais ne critiquant pas et ne remettant pas en cause « le système prédateur » de son père auquel il est vrai, ils ont tous ont participé. S’il est désormais admis qu’Ali Bongo sera candidat du PDG et président du Gabon « ad vitam aeternam » il est évident qu’en 2023 son adversaire principal sera un « produit » du Parti Démocratique Gabonais, à ce jour on parle d’Alexandre Barro Chambrier qui est comme Ali Bongo « un enfant du parti »…