Depuis deux ans, le parti démocratique s’est à nouveau imposé comme un acteur déterminant de la vie politique gabonaise, mais en se détachant d’Ali Bongo qui en est resté le président.
Créé le 12 mars 1968 par un Albert Bernard Bongo soucieux de disposer d’un instrument de gouvernement qui lui est totalement dévoué, le Parti Démocratique Gabonais a toujours été un parti-État même après l’avènement du multipartisme en 1990. Le Parti Démocratique Gabonais était toutefois complètement soumis au « Grand camarade-Président fondateur » qui en était naturellement le chef et le « candidat naturel » à toutes les élections présidentielles…
La mort du « président fondateur »
La mort d’Omar Bongo en 2009, marque également la disparition au sein du Parti Démocratique Gabonais de la fonction de « Président Fondateur » et du concept de « candidat naturel ». La disparition de celui qui avait régné sans partage sur le Gabon pendant 42 ans fait naître également des ambitions au sein du parti. Si Ali Bongo réussi à s’imposer comme le chef en 2009, cela n’est pas sans dommages pour le parti qui voit partir nombres de « cadres » qui désirent eux aussi diriger le Gabon c’est le cas d’André Mba Obame, de Casimir Oye Mba et de Jean Eyeghe Ndong…
Les sept premières années au pouvoir d’Ali Bongo voient la contestation de son autorité par des membres du parti de plus en plus rétifs à obéir « au fils du président fondateur » qui n’a pas – selon eux – plus de droits qu’eux dans le parti. « L’instrument de gouvernement » devient de plus en plus récalcitrant et la fronde grandit chez certains membres du parti qui veulent à tout prix imposer l’idée de « primaires » à l’intérieur du parti pour le démocratiser (un comble pour un « parti démocratique »).
Là aussi, Ali Bongo tient bon et expulse tous les frondeurs qui finissent par se coaliser contre lui autour d’un ancien hiérarque du Parti entré en dissidence : Jean Ping.
L’échec d’Ali Bongo
Conscient de la difficulté posée par la fronde qu’il parvient difficilement à maîtriser, Ali Bongo décide de créer un instrument politique qui lui sera totalement dévoué. Après certains tâtonnements, il charge un homme de créer cet instrument qui devra progressivement occuper la place du Parti Démocratique Gabonais : Brice Lacruche Alihanga.
Pour ce faire, Brice Lacruche Alihanga, par ailleurs puissant directeur de cabinet d’Ali Bongo, crée l’Association des Jeunes Emergent Volontaires (AJEV) autour de laquelle gravitent plusieurs structures satellites qui on pour objectif de « soutenir la politique » d’Ali Bongo…
À l’issue de l’élection présidentielle de 2016, Ali Bongo est largement battu dans les urnes. Dans le camp des « fidèles » d’Ali Bongo, on enrage et on accuse certains « camarades » du Parti Démocratique Gabonais d’avoir « travaillé à faire perdre le Président ». En réalité, le parti démocratique a tenu – et a réussi – à montrer à Ali Bongo qu’il ne peut se maintenir au pouvoir durablement sans lui.
Nourredine Bongo, l’héritier
L’accident vasculaire cérébral qui frappe le chef de l’exécutif du Gabon à Ryad marque le début du grand retour du Parti Démocratique Gabonais qui réussit à s’imposer après la mise à l’écart de Brice Lacruche Alihanga, directeur de cabinet d’Ali qui se prenait pour le vice Roi. Rancunier et boulimique le parti a récemment absorbé les parti satellites créés pour l’affaiblir et plus personne ne se réclame de l’AJEV aujourd’hui.
Si Ali Bongo demeure toujours à ce jour Président du Parti Démocratique Gabonais, l’ancien parti unique a bien changé désormais. Il n’est plus un instrument mais un partenaire d’Ali Bongo avec qui il partage désormais le pouvoir.
Preuve de cette importance, Nourredine Bongo, « l’héritier », a comme nouvelle mission de s’imprégner du fonctionnement du parti et d’y tisser sa toile pour pouvoir le moment venu bénéficier du soutien de l’ancien parti unique.
Sous réserve qu’au Parti Démocratique Gabonais on n’ait pas d’autres projets…
Avec tous mes encouragements , merci de nous éclairer au quotidien.
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Excellente analyse. Sur le Gabon Mondafrique est à la pointe. Continuez.