Gabon, un fichier électoral vérolé

D’après les résultats de ce rapport intitulé « Gabon : ces curiosités de la liste électorale qui font douter de sa fiabilité » publiés sur le site mays-moussi.com, le nombre d’inscrits sur le fichier qui sert de référence pour les prochaines élections a été artificiellement gonflé.

Première anomalie, 59 localités comptent plus d’électeurs inscrits sur la liste électorale que d’habitants constate les auteurs de l’audit qui pointent quelques perles. « Selon les résultats du Recensement général de la population et du logement 2013 (RGPL 2013) rendus publics par le gouvernement gabonais cette année, la Commune de Ndzomoé située dans le département du Komo-Océan (Estuaire) comptait seulement 43 habitants. Et pourtant dans cette ville pas moins de 946 personnes sont inscrites sur la liste électorale. » Au total, les 59 localités identifiées représentent une population électorale de 66 073 personnes alors qu’elles ne sont habitées en réalité que par 39 291 habitants.

Gemalto, au coeur du système 

Autre curiosité, 18 localités affichent un nombre d’inscrits représentant 80 à 100% de la population officielle. Des ratios jugés peu crédibles. En tout, les 18 localités identifiées comptent officiellement 21 272 habitants et 18 620 électeurs inscrits soit un ratio global de 88%.

Après avoir longtemps été contesté par l’opposition gabonaise, le fichier électoral national a fait l’objet d’une refonte menée à partir de décembre 2011 par la société française Gemalto retenue suite à un appel d’offre. « Les travaux de Gemalto ont débouché sur la création d’un programme dénommé IBOGA (Identification biométrique officielle au Gabon) lequel était censé servir entre autre à la fiabilisation de la liste électorale nationale. » L’utilisation des procédures d’enregistrement biométrique devaient notamment servir à éviter la fraude.

Un objectif largement mis en doute par les résultats des auteurs de l’audit qui précisent qu' »il est naturel de s’interroger sur l’efficacité et la conformité du système conçu par la société Gemalto ». Celle-ci, ajoute le rapport, « est poursuivie devant les juridictions parisiennes depuis 2015 par plusieurs ONG gabonaises et françaises pour les motifs suivants : « détournements de fonds publics par corruption active ou passive, de fonctionnaires nationaux » suite à des insuffisances constatées dans le projet d’introduction de la biométrie dans le processus électoral et l’état civil au Gabon. » De quoi donner du grain à moudre à quiconque voudra contester les résultats des élections à venir.