- Mondafrique https://mondafrique.com/decryptage/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Thu, 30 Oct 2025 11:36:38 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/decryptage/ 32 32 Sénégal, la première manifestation populaire hostile au nouveau pouvoir https://mondafrique.com/decryptage/senegal-la-premiere-manifestation-populaire-hostile-au-nouveau-pouvoir/ https://mondafrique.com/decryptage/senegal-la-premiere-manifestation-populaire-hostile-au-nouveau-pouvoir/#respond Tue, 28 Oct 2025 08:27:18 +0000 https://mondafrique.com/?p=141645 En pleine crise économique et financière, le Gouvernement du Sénégal a initié de nouvelles taxes d’une valeur totale de 762 milliards Fcfa. Des décisions qui ont provoqué de nombreuses réactions hostiles, y compris dans la rue,  et fragilisent le régime. Car le pouvoir d’achat des ménages est fortement menacé en raison de la répercussion de […]

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En pleine crise économique et financière, le Gouvernement du Sénégal a initié de nouvelles taxes d’une valeur totale de 762 milliards Fcfa. Des décisions qui ont provoqué de nombreuses réactions hostiles, y compris dans la rue,  et fragilisent le régime. Car le pouvoir d’achat des ménages est fortement menacé en raison de la répercussion de la valeur des taxes sur les prix par plusieurs entreprises.

Ibrahima Dieng (correspondance Dakar)

Au Sénégal, le nouveau régime a observé la semaine dernière, une première manifestation sociale qui lui est hostile. Un collectif du nom de Nio Lank « Nous refusons » a marché le 17 octobre 2025, dans l’objectif de dénoncer la cherté de la vie notamment les factures d’électricité dont les montants grimpent au fur et à mesure. Pour cette manifestation d’envergure qui a réuni des centaines de personnes, les plaintes sont les mêmes : des conditions sociales de plus en plus compliquées.

En première ligne, le ton amer, le visage renfrogné, le regard sévère, le jeune Pape Ibrahima Ndom, très remonté, d’une voix énergique n’a pas manqué de crier son ras-le-bol, appelant les autorités à trouver les solutions appropriées pour mettre un terme à cette situation. « La responsabilité de l’État est directement engagée et les autorités nous doivent des explications claires. Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Avec les compteurs woyofal (prépayé), vraiment c’est du n’importe quoi et de jour en jour, on voit que ça devient de plus en pire », dit-il tout en faisant savoir que le collectif compte mener farouchement ce combat jusqu’à obtenir gain de cause.

Les conséquences ne se limitent pas aux ménages. Les entreprises sont également affectées par des tarifications jugées exagérées.  « Le tarif appliqué aux PME est excessivement cher et tue la compétitivité nationale. Des milliers de petites entreprises, qui constituent la colonne vertébrale de l’économie sénégalaise, travaillent à perte. Les startups ne peuvent plus faire de bénéfices, elles luttent simplement pour leur survie et pour payer leurs charges », a ajouté Pape Ibrahima Ndom.

Une fiscalité asphyxiante

Le ministre des Finances et du Budget Cheikh Diba 

Au Sénégal, dans un contexte économique et financier compliqué, le Gouvernement déroulé depuis le 1er août 2025, un Plan de redressement économique et social. Il repose principalement sur une fiscalité renforcée. Ainsi, il sera enregistré des recettes additionnelles de 762,6 milliards FCFA. La taxation des jeux de hasard va rapporter 300 milliards de FCFA ; la taxation des services « mobile money », plus de 76,5 milliards FCFA ; la suppression des valeurs de correction au profit des valeurs transactionnelles sur certains produits générateurs de recettes comme le riz et l’huile, 29 milliards FCFA.

La réactivation des droits de sortie sur les exportations d’arachide devrait générer 9 milliards de FCFA. Le relèvement de la taxation sur le tabac de 70% à 100% devrait permettre à l’État d’encaisser 8,2 milliards FCFA. Les gains attendus de la rationalisation des dépenses fiscales sont de l’ordre de 100 milliards FCFA.

La réactivation des droits à l’importation des téléphones portables ferait gagner 18,8 milliards de FCFA ; la taxe à l’importation des noix de cajou est attendue à 5 milliards de FCFA. La taxe sur l’exportation d’or aura des recettes projetées à 26,3 milliards de FCFA.  Quant à la taxe sur l’importation des véhicules, elle devrait générer 28,5 milliards de FCFA. Au même moment, les recettes attendues de la régularisation foncière massive sont estimées à 100 milliards de FCFA. Quant aux dividendes issues des surplus imputables aux sociétés minières sont attendues à 9 milliards de FCFA.

Ce qui fait que le pays présente actuellement un taux de pression fiscale de 23,2% soit le plus élevé dans la zone Uemoa.

Les grandes surfaces en cause

Les ménages risquent de voir leur pouvoir d’achat s’affaiblir en raison de la politique fiscale de l’État en quête, cette année, de 762 milliards Fcfa de plus. Après cette mesure, le Groupe Auchan, directement concerné par la révision du nouveau Code général des Impôts, a décidé que conformément à la nouvelle réglementation, un droit de timbre de 1% est désormais appliqué sur tous les paiements en espèces Canal plus a aussi procédé à une hausse de ses tarifs de l’ordre de 10%

Le député Thierno Alassane Sall

Du côté, de l’opposition,  la grogne monte. Le député Thierno Alassane Sall, leader de la République des Valeurs (Rv) considère que le gouvernement fouille les poches des Sénégalais pour piquer les plus minuscules pièces qui s’y trouvent. A l’en croire, ces taxes et redevances ont pour objet de « mieux alimenter les fonds politiques et leurs salaires confortables des gouvernants ».

La situation met dans l’embarras le pouvoir sénégalais tenté de ro-iposter sur le terrain politique en mettant en cause la gabegie de la Présidence précédente (voir ci dessous) .

La mise en accusation judiciaire de l’ancien président sénégalais Macky Sall

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Présidentielle ivoirienne, l’adieu aux armes de Laurent Gbagbo https://mondafrique.com/decryptage/presidentielle-ivoirienne-laurent-gbagbo-ladieu-aux-armes/ https://mondafrique.com/decryptage/presidentielle-ivoirienne-laurent-gbagbo-ladieu-aux-armes/#respond Fri, 24 Oct 2025 17:00:10 +0000 https://mondafrique.com/?p=141387 Les manifestations de rue que Laurent Gbagbo, longtemps adepte d’une stratégie du chaos, a souvent suscitées, se sont vite essoufflées, ces derniers jours, face à des forces de l’ordre déterminées. Jusqu’à ce jour en tout cas. Personne ne sait encore ce qu’il en sera le samedi 25 octobre, jour du scrutin présidentiel. Il reste que […]

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Les manifestations de rue que Laurent Gbagbo, longtemps adepte d’une stratégie du chaos, a souvent suscitées, se sont vite essoufflées, ces derniers jours, face à des forces de l’ordre déterminées. Jusqu’à ce jour en tout cas. Personne ne sait encore ce qu’il en sera le samedi 25 octobre, jour du scrutin présidentiel. Il reste que Laurent Gbagbo est apparu très discret pendant cette campagne, une grande page de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire qui se ferme.

Venance Konan

Le trio qui régentait la vie politique en Côte d’Ivoire

« Après les élections législatives nous organiserons le congrès de notre parti et je démissionnerai de mon poste de président. Je m’interdirai d’occuper des fonctions politiques, aussi bien à l’intérieur de mon parti qu’à l’extérieur, au niveau de l’Etat. J’ai assez donné. Je vais enfin m’occuper de ma petite famille et de moi-même. Je vais vivre enfin. Il y a des moments où il faut arrêter certaines choses. » C’est en substance ce qu’a dit Laurent Gbagbo dans l’interview qu’il a accordée à une chaîne de télévision africaine il y a quelques jours.

Jusqu’en 2023, Laurent Gbagbo constituait, avec le président Alassane Ouattara et feu l’ancien président Henri Konan Bédié, le trio qui régentait la vie politique en Côte d’Ivoire après la mort en 1993 d’Houphouët-Boigny, le premier président du pays. Tour à tour allié puis adversaire irréductible de l’un et de l’autre, Laurent Gbagbo est surtout connu comme « l’opposant historique » d’Houphouët-Boigny qu’il avait osé combattre. Il l’affrontera dans les urnes lors de la première élection présidentielle qui avait suivi le retour au multipartisme en 1990, devenant ainsi le leader de l’opposition.

L’exil en France

Enseignant en histoire formé en France, puis syndicaliste trop turbulent au goût de l’autocrate « père de la nation », Laurent Gbagbo fut emprisonné de mars 1971 à janvier 1973 à Séguéla et Bouaké. En 1982, il dut fuir la colère d’Houphouët-Boigny à la suite d’une grève des étudiants, pour se réfugier en France où il créa le Front populaire ivoirien (FPI), un parti d’opposition clandestin. Ce parti sera légalisé en 1990 et Gbagbo défiera le vieux président dans la dernière élection de ce dernier. Il deviendra député après les élections législatives qui suivront cette présidentielle.

En 1992 il sera à nouveau arrêté par le Premier ministre Alassane Ouattara après une marche qui avait dégénéré en manifestations violentes. Sous le règne d’Henri Konan Bédié, il s’alliera à Alassane Ouattara au sein du Front républicain. Mais après le coup d’Etat de Robert Guéï en 1999, il se retournera contre son allié, pour soutenir le chef de la junte qu’il battra cependant lors de la présidentielle de 2000. Devenu président, il fera face en septembre 2002 à la rébellion qui divisera son pays pendant huit ans. En 2010 il est battu par Alassane Ouattara dans les urnes, mais il refuse de reconnaître sa défaire certifiée pourtant par l’Organisation des Nations Unies, par l’Union africaine et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest. Les affrontements qui s’ensuivront entraîneront la mort d’environ 3000 personnes.

Arrêté le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo sera transféré à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye pour y être jugé pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Il sera finalement acquitté et retournera dans son pays en juin 2021. Mais en novembre 2019, il avait été condamné par la justice ivoirienne à 20 ans de réclusion pour ce que l’on a appelé le braquage de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest lors de la crise qui avait suivi l’élection présidentielle de 2010. Il est radié de la liste électorale et sa candidature à l’élection présidentielle du 25 octobre est rejetée par la Conseil constitutionnel.

Le front commmun avec Thiam

Il forme alors le « front commun » avec Tidjane Thiam, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) dont la candidature avait aussi été rejetée, et qui appelle à des manifestations à travers tout le pays. Mais les premières qui se déroulent sont réprimées et elles se sont arrêtées. 

Dans l’interview dans laquelle Laurent Gbagbo a annoncé sa prochaine retraite, il a refusé d’appeler à voter pour un quelconque candidat. Il a aussi déclaré que s’il soutient les manifestants qui sont dans la rue, il n’appelle cependant personne à y descendre. Est-ce l’adieu aux armes pour celui qui s’est toujours présenté comme le « combattant de la liberté » ? Et qui a-t-il choisi pour assurer son héritage ?

Depuis son retour dans son pays, Laurent Gbagbo a rompu avec tous ceux qui formaient sa garde la plus rapprochée et que l’on aurait pu espérer qu’ils lui succèderaient un jour. D’abord son épouse Simone Ehivet, avec qui il créa le FPI et qui l’accompagna dans tous ses combats, jusqu’à la tête de l’Etat et jusqu’à sa chute. Il fut emprisonné avec elle en 1992, et arrêté avec elle en 2011. Mais il rompit spectaculairement avec elle dès ses premiers pas sur le sol ivoirien, à son retour en 2021.

Un isolement progressif

De même, il n’a plus reçu ni adressé la parole à Charles Blé Goudé, son fidèle lieutenant qui fut jugé et libéré en même temps que lui par la CPI. Il a également rompu avec Affi N’guessan, son ancien premier ministre qui présidait son parti le FPI. Il a préféré aller créer un autre parti, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) en laissant le FPI qu’il avait qualifié d’enveloppe vide à Affi N’guessan. Ahoua Don Mello, qui était le vice-président du PPA-CI a lui aussi été radié du parti pour avoir été candidat à l’élection présidentielle du 25 octobre.

Gbago a-t-il décidé de quitter la scène politique sans désigner d’héritier ? Ou attend-il ce congrès dont il a annoncé la tenue après les législatives de décembre 2025 pour l’annoncer ? 

Simone Ehivet, ex-épouse et compagne de lutte de Laurent Gbagbo, et Ahoua Don Mello, l’un des premiers militants du Front populaire ivoirien lorsque ce parti était encore dans la clandestinité, tous les deux candidats à l’élection présidentielle du 25 octobre se revendiquent de la même idéologie que l’ancien président qui a décidé de prendre sa retraite politique. Cependant, le second cité semble être le plus à même d’assurer l’héritage de Laurent Gbagbo.

Ahoua Don Mello, un possible héritier

Ahoua Don Mello, cet ingénieur sorti de l’Ecole nationale des ponts et chaussées de Paris, natif de Bongouanou, le fief d’Affi N’guessan dans le centre-est de la Côte d’Ivoire en 1958, a-t-il cependant les atouts pour être le successeur ou l’héritier de Gbagbo ? Les deux hommes se sont connus en France en 1983 et il fut l’un des premiers militants du FPI alors clandestin. Président du comité de contrôle du parti de 1990 à 1996, il quitte le FPI en 1997 pour créer son propre parti baptisé « Renaissance ». Mais il retourne auprès de Laurent Gbagbo lorsque celui-ci est élu président de la république en 2000. Il occupe le poste de directeur général du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD). Lorsque Gbagbo voulut conserver le pouvoir après l’élection présidentielle de 2010, il nomma Don Mello ministre de l’équipement et de l’assainissement, porte-parole du gouvernement.

A l’avènement d’Alassane Ouattara, Don Mello quitte le pays et devient notamment le conseiller spécial du président Alpha Condé de la Guinée. En 2021, il est chargé des investissements russes en Afrique, puis nommé en 2022 haut représentant des BRICS pour l’Afrique occidentale et centrale. Lorsque Laurent Gbagbo crée son Parti des peuples africains- Côte d’Ivoire, il en devient en 2023 le vice-président chargé de la promotion du panafricanisme.

En juillet 2025, lorsqu’il était pratiquement acquis que la candidature de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle d’octobre 2025 ne serait pas acceptée, Don Mello proposa que son parti présente une autre candidature « par précaution ». Mais il essuya un refus. Il se décide alors à présenter sa propre candidature qui est acceptée par le Conseil constitutionnel. Il est démis de ses fonctions au sein du PPA-CI. Laurent Gbagbo n’a pas appelé ses militants à le voter.

 Très proche de la Russie de Vladimir Poutine, Don Mello se veut le défenseur de la souveraineté économique de son pays, ce qui implique une rupture radicale avec la France, et militant du panafricanisme, dans la droite ligne des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Il s’inscrit ainsi dans la ligne politique de Laurent Gbagbo, du moins au niveau du discours. Mais a-t-il les cartes pour être l’héritier de Laurent Gbagbo ? Dans cette Afrique de l’ouest où la Russie marque chaque jour des points importants et où l’influence de la France est en net recul, son discours peut séduire de nombreux jeunes. Mais il n’est pas un tribun et son audience semble se limiter pour le moment à quelques cercles d’intellectuels.

Attendons le scrutin du 25 octobre pour savoir ce que DDDon Mello pèse dans les urnes.

 

   

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Le harcèlement des juntes militaires du Sahel par les djihadistes d’Iyad Ag Ghali https://mondafrique.com/decryptage/letranglement-des-juntes-militaires-du-dahel-par-les-djihadistes-dag-ghali/ https://mondafrique.com/decryptage/letranglement-des-juntes-militaires-du-dahel-par-les-djihadistes-dag-ghali/#respond Thu, 23 Oct 2025 07:41:44 +0000 https://mondafrique.com/?p=141210 Rebelle touareg du nord Mali devenu le chef du GSIM, le principal mouvement djihadiste au Mali, Iyad Ag Ghali est devenu une figure centrale de l’avenir de la région susceptible de créer un Califat au coeur du Sahel dans les mois qui viennent. Ce leader incontesté dont l’habileté tactique n’a d’égal que son opportunisme est […]

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Rebelle touareg du nord Mali devenu le chef du GSIM, le principal mouvement djihadiste au Mali, Iyad Ag Ghali est devenu une figure centrale de l’avenir de la région susceptible de créer un Califat au coeur du Sahel dans les mois qui viennent. Ce leader incontesté dont l’habileté tactique n’a d’égal que son opportunisme est passé par l’armée de Kadhafi avant de se rapprocher d’une partie des services de renseignements algériens (DRS). Celui que l’on surnomme « le lion du désert » a construit une organisation populaire en privilégiant le contact avec les populations locales sur toute stratégie terroriste à l’étranger. À la façon des Talibans en Afghanistan et sur un mode opposé à la brutalité des organisations sahéliennes fidèles à Daech.

Une chronique de « Veille sahélienne »

https://t.me/veillesah/428

Le Mali menacé par un blocus général

22 octobre 2025

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) vise, en soirée, un convoi des Forces armées maliennes (Fama) et de leurs supplétifs russes d’Africa corps, à l’aide d’un engin explosif improvisé (eei) en travers du tronçon de la Rn6, entre Kona Fatoma (région de Mopti). Pas d’image ni de bilan humain.

21 octobre 2025

Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a reçu en audience ce mardi 21 octobre 2025 une délégation du Groupement malien des professionnels du pétrole (GMPP). Au cœur des échanges, les préoccupations des acteurs et des propositions concrètes. Parmi celles-ci figurent le renforcement de la sécurité des véhicules et des chauffeurs, la prise en charge des dommages causés et la continuité des activités. Le Président du Groupement, Ibrahim Touré, a également invité ses confrères à la résilience et à rester derrière les autorités.

Les Fama mènent une action « offensive » au village de Diakoro Wer, à l’ouest de Dogabougou (région de Ségou) aux dépens d’éléments présumés du Gsim, impliqués dans la perception forcée de la zakat. Selon le document des Fama, le raid a permis de neutraliser plusieurs combattants et de saisir une importante quantité de matériel, dont des vecteurs balistiques, des munitions, des vivres et des équipements de militaires et de communication, c’est à dire quelques téléphones portables. Les images de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) témoignent, d’ailleurs, d’un butin modeste, en comparaison de ceux généralement exposés sur les plateformes de propagande jihadiste.

– Le Forum de réflexion stratégique de l’Azawad (Fars) officialise sa création à l’issue de son Assemblée constitutive, à Tinzaouaten, du 15 au 18 octobre, en présence de cadres, d’intellectuels, de jeunes et acteurs de l’intérieur et de la diaspora. Le texte, sous la signature de Inawelane Ag Hamed Ahmed, souligne que la plateforme constitue un cadre indépendant et unitaire de réflexion, visant à renforcer la cohésion interne, encourager la réflexion collective et produire des analyses et propositions concrètes, au service de la cause.

– Le Gsim affiche un acte de guerre spectaculaire, le long d’un convoi des Fama qui protégeait le parcours d’une file de citernes de carburant. L’exploit de témérité se déroulait, en plein jour, au milieu de la route reliant Sikasso à Zégoua (sud). Le tract ne précise le nombre de victimes, parmi les chauffeurs et les soldats. Les images disponibles montrent, d’abord, le survol d’un hélicoptère, durant l’embuscade telle que filmée par les insurgés puis, le lendemain, le décompte des dizaines de véhicules calcinés.

– Lors d’une réunion avec les représentants des entreprises du secteur pétrolier, le Premier ministre (Pm), le général Abdoulaye Maïga, qualifie le « changement de mode opératoire » du Gsim de tentative manifeste de « déstabilisation du pays », une évidence dont l’énoncé tardif peut surprendre. Passant du déni à l’atténuation puis à l’aveu d’un problème, les autorités continuent, cependant, à « rassurer » et prévoient une « amélioration rapide ». A la différence de certains partisans du pouvoir de transition qui doutent du patriotisme des transporteurs et vendeurs de produits pétroliers, le Premier ministre sacrifie davantage à la diplomatie : « Il n’y a pas de divergence entre nous, vos problèmes sont nos problèmes ».

Le chef du gouvernement s’engage également au renforcement des « comités de gestion des crises et des catastrophes », en vertu de mesures « fortes et urgentes » afin de réussir un meilleur approvisionnement, grâce à la poursuite de l’escorte militaire des camions-citernes. Un système coordonné de distribution par zones devrait aussi s’étendre aux autres grandes villes et couvrir, à terme, la totalité des stations-service.

Les forces du Burkina Faso harcelées

22-21 octobre

Le Gsim revendique, avec retard, deux opérations contre les Forces armées burkinabè (Fab) :

– L’explosion d’un eei au passage d’un blindé de fabrication chinoise entre Ouahigouya et Gomboro, au nord du pays, le 19 octobre. L’espace subit des frappes récurrentes, depuis plus d’un an mais, malgré le volume élevé des pertes, les loyalistes continuent à tenir leurs positions.

– Le 21 octobre, un assaut frontal sur un poste des Fab dans la zone de Founzan (centre-ouest). il se solde par le décès de 3 miliciens Volontaires pour la défense de la Patrie (Vdp) et permet la saisie de 2 mitrailleuses Bkc, 17 kalachnikovs, 2 pistolets, 5 motos et d’une quantité de munitions.

– Le Gsim attaque la localité de Pensa, près de Kaya, au centre-nord du Burkina Faso. Le film des combats confirme la mort d’au moins 2 soldats.

20 octobre

L’ancien procureur de Ouagadougou, Jean-Jacques Wédragogo, aurait été arrêté et détenu par l’Agence nationale du renseignement (Anr), le bras répressif du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (Mpsr2), l’organe politique de la junte. Des sources de fiabilité moyenne lient le kidnapping à une décision du magistrat en 2023, quand il ordonnait l’emprisonnement de la guérisseuse Larissa Nikiéma, personnage de la localité de Komsilga, réputé proche du leader de la Révolution progressiste populaire (Rpp), le capitaine Ibrahim Traoré (Ib).

Les Américains menacés au Niger

Pendant la nuit du 21 au 22 octobre, Kévin Rideout, « un pilote missionnaire travaillant pour l’Ong confessionnelle SIM International est enlevé par des inconnus. L’otage se consacrait à la « formation de pilotes d’aviation », si l’on s’en tient aux précisions du compte X de Pagoui @ighazer, l’un des plus informés sur le pays. Depuis le 15 mai 2025, l’ambassade des États-Unis émet une nouvelle alerte de sécurité, au sujet d’un risque accru d’atteinte à la liberté de déplacement des ressortissants américains sur l’intégralité du territoire, y compris la capitale.

Observations

L’ensemble des incidents précités à la faveur de la présente synthèse appelle trois constats :

  1. La perte, par l’Etat, des périmètres de la ruralité poursuit son cours inexorable au Mali où les entités jihadistes misent, à présent, sur la multiplication des cas de reddition individuelles ou de groupe, avec la promesse de l’Aman, immunité inviolable en droit musulman. Beaucoup de militaires cessent de combattre et préfèrent déposer les armes, notamment autour de Toumbouctou et de Ségou.
  2. Au Burkina Faso, des centaines de militaires auraient rallié les katibas, dès le début de l’année et combattraient à leurs côtés. Il s’agirait d’opposants au gouvernement central, excédés par la répétition des purges au sein du commandement. L’hypothèse, jusqu’ici non étayée, expliquerait le succès et le degré de coordination des assauts jihadistes.
  3. Au Niger, le phénomène de démobilisation produit plutôt la désertion, sans ralliement à l’insurrection islamiste. A l’intérieur des rangs de la Garde nationale, beaucoup se qualifient de « chair à canon », face à un ennemi résolu au sacrifice. Pire, le bombardement aérien du 22 septembre provoquait le trépas de 40 civils, à Filingué, région de Tillabéri, à cause d’une erreur de ciblage. L’incident avait porté un coup décisif à la confiance, de la population, dans la gestion sécuritaire du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) que préside le Général Abdourahmane Tiani.

 

Références

Mali :

Carte: https://t.me/veillesah/433

1 Communiqué Gsim, région Mopti : https://t.me/veillesah/434

1 Communiqué Fama région de Ségou : https://t.me/veillesah/435

1 Vidéo Fama, région de Ségou : https://t.me/veillesah/436

1 Communiqué Forum azwadien de réflexions stratégiques : https://t.me/veillesah/437

1 Communiqué Gsim, Zégoua-Sikasso : https://t.me/veillesah/438

1 Vidéo Gsim Zégoua-Sikasso : https://t.me/veillesah/439

1 Journal télévisé Ortm1, 21 octobre 2025 : https://t.me/veillesah/440

Burkina Faso

Carte: https://t.me/veillesah/441

1 Communiqué Gsim Ouahigouya : https://t.me/veillesah/442

1 Photo Gsim butin Founza : https://t.me/veillesah/443

1 Photo Gsim attaque Ouahigouya : https://t.me/veillesah/444

1 Article Rfi, arrestation magistrat : https://t.me/veillesah/445

Niger

1 Alerte ambassade américaine Niger 15 mai 2025 : https://ne.usembassy.gov/security-alert-u-s-embassy-niamey-may-15-2025/

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Laurent Nunez, ce ministre français de l’Intérieur favorable à un compromis avec Alger https://mondafrique.com/decryptage/laurent-nunez-ministre-de-linterieur-favorable-a-un-compromis-avec-alger/ https://mondafrique.com/decryptage/laurent-nunez-ministre-de-linterieur-favorable-a-un-compromis-avec-alger/#respond Thu, 23 Oct 2025 07:11:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141198 Le climat est en train de changer entre les deux pays grace notamment à la nomination au ministère français de l'Intérieur de Laurent Nunez, dont la famille est originaire d'Algérie et qui passe pour un homme de dialogue

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Depuis le 27 juillet 2024, date de la publication sur le site électronique marocain « le Desk » de la lettre du président français Emmanuel Macron au Roi Mohammed VI, àoù il reconnaît la proposition marocaine de l’autonomie du Sahara occidental, a crise entre Alger et Paris n’a jamais eu de répit. En dépit de la médiation proposée par l’Italie, le Qatar, le régime maintient sa posture de refus. Le climat est en train de changer entre les deux pays grace notamment à la nomination au ministère français de l’Intérieur de Laurent Nunez, dont la famille est originaire d’Algérie et qui passe pour un homme de dialogue.

Le contexte politique en Algérie comme en France n’a pas favorisé les retrouvailles franvo algériennes. La lutte au sein des centres décisionnaires du pouvoir algérien entre une présidence fragilisée, un État major de l’armée renforcé, et des services de sécurités noyés dans un cycle d’instabilité caractérisée a nui à un dialogue serein entre Paris et Alger En France, une reconfiguration de l’échiquier politique où la droite LR s’est lancée dans une campagne de confrontation avec Alger pour imposer ses vues sur les question d’immigration, d’insécurité et de l’Islam. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a fait du tryptique des trois « i » un étendard de son champ de bataille.

Le gouvernement Lecornu 2 aspire à tourner la page de la crise. Le départ du ministre de l’intérieur du Bruno Retailleau de la place Beauvau ouvre la voie du dialogue. Son successeur, Laurent Nunez se dit « favorable au dialogue ». D’autant que ce grand flic qui a dirigé la DGSI ne peit être que sensible à l’enterrement de la coopération sécuritaire relancée avec force en 2022 sur l’immigration et le terrorisme alors que les relations entre Paris et Alger étaient au beau fixe.

« Nos relations sur le plan sécuritaire, notamment en matière de terrorisme, ont été réduites à leur plus simple expression, une situation que je regrette ». estimait récemment sur France Info Cécile Berthon, qui a succédé à Laurent Nunez et qui est actuellement la patronne du contre espionnage français . Les expulsions à répétition des agents de la DGSI en poste à Alger dans le cadre de cette coopération témoignent de la gravité de la crise entre les deux pays et des dommages causés en matière de lutte contre le terrorisme.

Des émissaires des deux pays se sont rencontrés ces dernières semaines dans les couloirs de l’ONU.

Tentatives de dégel du président Macron 

Les drames d’un passé commun peuvent servir parfois de moyen de renouer les fils de l’histoire. Ainsi, le 17 Octobre, l’Élysée a dépêché son ambassadeur à Alger pour participer à la commémoration de la répression survenue 64 ans à Paris contre les algériens. C’est sur le pont de Bezons que l’ambassadeur Stéphane Romatet a marqué sa présence représentant l’Etat Français. Ce geste à forte charge symbolique marque une volonté de Paris de relancer le dialogue entre les deux pays.

Le président français souhaite aller de l’avant et parle de vouloir « dépasser la crise » laissant de côté les dossiers de discorde, affaire Boualem Sensal, la limite du personnel diplomatique imposée par Alger, la préférence du blé Russe au français et tant d’autres thématiques. Le ministre de l’intérieur se positionne sur la ligne du président Macron. Issu du milieu sécuritaire et du corps préfectoral, il connaît mieux que qui conque les dossiers de coopération sécuritaire entre Paris et Alger.

Souvent Macron varie

Les recommandations de « fermeté » et de « détermination » lancées par Macron à delui qui était encore son Premier ministre, François Bayrou, durant le mois d’Août passé au souhait de « dépasser la crise » revêt un changement significatif. Ce prompt changement d’orientation dans la relation avec Alger est imposé par de nouvelles donnes au Sahel et notamment au Mali où les poitions des deux pays hostiles à la junte militaire se sont rapprochés.

Le nouveau locataire de la place Beauvau aligne ses arguments avec l’Élysée. « Il n y a pas que le dossier des OQTF dans les relations entre Paris et Alger » souligne le ministre de l’intérieur Laurent Nunez. Il lève le voile sur les intentions non avouées, il y a aussi «  la coopération sécuritaire » qu’il juge « nécessaire ». 

Laurent Nunez, patron de la DGSI, promu place Beauvau

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Le gouvernement malgache demande l’extradition de Mamy Ravatomanga https://mondafrique.com/decryptage/les-avoirs-du-milliardaire-malgache-mamy-ravatomanga-geles-a-lile-maurice/ https://mondafrique.com/decryptage/les-avoirs-du-milliardaire-malgache-mamy-ravatomanga-geles-a-lile-maurice/#respond Sun, 19 Oct 2025 20:05:24 +0000 https://mondafrique.com/?p=140927 Le nouveau gouvernement malgache, par l’intermédiaire de Fanirisoa Ernaivo, mandatée par le Conseil national pour la défense de la transition, a demandé la collaboration des autorités mauriciennes afin d’auditionner le milliardaire malgache Mamy Ravatomanga.A Maurice depuis la semaine dernière, elle souhaite rencontrer l’Attorney General Gavin Glover et les autres autorités concernées pour formaliser une coopération […]

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Le nouveau gouvernement malgache, par l’intermédiaire de Fanirisoa Ernaivo, mandatée par le Conseil national pour la défense de la transition, a demandé la collaboration des autorités mauriciennes afin d’auditionner le milliardaire malgache Mamy Ravatomanga.
A Maurice depuis la semaine dernière, elle souhaite rencontrer l’Attorney General Gavin Glover et les autres autorités concernées pour formaliser une coopération judiciaire. Elle attend que l’homme d’affaires proche de l’ex-président déchu Andry Rajoelina quitte la clinique avant toute audition.
La Financial Crimes Commission (FCC), l’institution mauricienne chargée de la lutte contre le blanchiment et la corruption, a obtenu de la Cour suprême le gel des comptes bancaires de l’homme d’affaires et éminence grise du Président malgache Mamy Ravatomanga ainsi que les sociétés dans lesquelles il a des intérêts à l’Ile Maurice. 
 
Vel Moonien
 
La Financial Crimes Commission (FCC) a ouvert une enquête contre l’homme d’affaires malgache Maminiaina Ravatomanga, dit Mamy. Le PDG du groupe SODIAT, un proche du président déchu Andry Rajoelina exfiltré par les militaires français dimanche, a atterri à Maurice dans des conditions rocambolesques quelques heures plus tôt à bord d’un Cessna appartenant à l’une de ses filiales, Trans Ocean Airways (TOA).
 
Deuxième plus grosse fortune de la Grande île, Mamy Ravatomanga est soupçonné d’avoir placé pas moins de 640 millions de dollars dans une banque commerciale dont l’État mauricien est actionnaire ainsi que dans des sociétés offshores en son nom propre et à travers des prête-noms.
 
L’enquête de la FCC s’inscrit dans le sillage des plaintes enregistrées contre le PDG de la SODIAT qui a quitté la Grande Île au mépris des règles établies  à bord de son jet privé. La FCC aurait également été approchée par la Côte d’Ivoire, dont le milliardaire malgache a la nationalité, et la France qoù il possède denombreux biens immobiliers notamment à Levallois, la ville de son ami Balkany..
 

Le milliardaire hospitalisé

 
L’institution mauricienne déclare avoir obtenu des renseignements « crédibles » indiquant que Mamy Ravatomanga aurait transféré une somme importante d’argent à Maurice. La FCC a obtenu de la Cour suprême le gel des comptes bancaires de l’homme d’affaires, de son épouse ainsi que des sociétés dans lesquelles il a des intérêts à Maurice. La FCC se félicite ainsi de « faire de Maurice un environnement hostile aux activités financières illicites ». Peu après une interdiction de quitter le territoire, Mamy Ravatomanga, il a été admis dans une clinique privée.
 
L’avocat Siddhartha Hawoldar s’est déjà présenté à la FCC pour indiquer que l’homme d’affaires comptait pleinement collaborer à l’enquête en cours. Celui-ci est une vieille connaissance de l’institution anciennement connu comme la Commission anticorruption. Elle avait ouvert une enquête sur lui il y a sept ans à la demande du Parquet national financier qui s’intéressait à des acquisitions en France.
Figurant en bonne place dans les « Panama Papers », il faisait l’objet d’une enquête du PNF pour blanchiment en bande organisée et fraudes fiscales, car soupçonné d’avoir acquis des biens immobiliers en région parisienne au moyen d’un montage financier impliquant diverses sociétés basées à Dubaï, Singapour et Maurice.
 
Cette fois, les enquêteurs mauriciens doivent composer avec les soubresauts politiques à Madagascar avant d’accéder à des éléments solides de leurs confrères du Pôle anticorruption.

Du trafic de bois de rose

 
Mamy Ravatomanga a déjà fait l’objet d’une enquête pour trafic de bois de rose sous la présidence de Marc Ravalomanana. Il s’était alors rapproché d’Andry Rajoelina, maire de Tananarive, ce qui lui a évité des déboires auprès du Pôle anticorruption lorsque ce dernier a été désigné président lors du coup d’état qui s’est ensuivi. Outre des soupçons de détournement de fonds au détriment de la Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité de la Grande île, ce sont ses montages offshores qui ont attiré l’attention du PNF en février 2016.
 
Parallèlement à l’enquête de la FCC, le Premier ministre par intérim Paul Bérenger a poussé un coup de gueule après avoir appris les circonstances dans lesquelles le jet privé de la TOA a atterri à Maurice. L’appareil a quitté Ivato sans autorisation et ce n’est qu’en cours de route qu’il a réclamé l’autorisation de l’aéroport de Plaisance pour atterrir. Le pilote a d’abord évoqué une évacuation sanitaire avant de parler de voyager de tourisme pour finalement soutenir qu’il était à court de carburant. Aux yeux de Paul Bérenger c’est une grave entorse aux procédures et pourrait être mal perçu par les Malgaches.
 
Vendredi, le Conseil des ministres a ainsi annoncé qu’une enquête policière a été ordonné contre le pilote pour non-respect des règles de vol. Le directeur par intérim de l’Aviation civile estime qu’une infraction pénale pourrait avoir été commise par le pilote, qui n’a pas déposé de demande d’atterrissage au moins dix heures avant le vol. La police sollicitera ensuite l’avis du Directeur des poursuites publiques (DPP) en vue d’éventuelles poursuites. Un salon privé ayant accueilli l’homme d’affaires et sa famille ainsi que l’ex-Premier ministre malgache est aussi dans le collimateur de Paul Bérenger.
 
 

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L’héritage nazi du commandant en chef de Wagner, Dmitri Outkine https://mondafrique.com/decryptage/lheritage-nazi-du-commandant-en-chef-de-wagner-dmitri-outkine/ https://mondafrique.com/decryptage/lheritage-nazi-du-commandant-en-chef-de-wagner-dmitri-outkine/#respond Sat, 18 Oct 2025 20:32:10 +0000 https://mondafrique.com/?p=140940 Dans un livre fouillé que chronique la revue « Books », Candace Rondeaux, l’une des dirigeantes du think tank New America (gauche modérée), revient sur l’historique du groupe Wagner. Le groupe Wagner a été décapité en août 2023 lors de l’explosion artistement provoquée de l’avion transportant son chef Evgueni Prigojine. Mais ses mercenaires pilotés par Moscou continuent d’œuvrer […]

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Dans un livre fouillé que chronique la revue « Books », Candace Rondeaux, l’une des dirigeantes du think tank New America (gauche modérée), revient sur l’historique du groupe Wagner.

Le groupe Wagner a été décapité en août 2023 lors de l’explosion artistement provoquée de l’avion transportant son chef Evgueni Prigojine. Mais ses mercenaires pilotés par Moscou continuent d’œuvrer en Afrique sahélienne, pour le bénéfice supposé de chefs d’État qui refusent désormais les services des militaires français.  

Si l’itinéraire de Prigojine est relativement bien connu, depuis son statut de « cuisinier » de Poutine jusqu’à sa tentative de coup d’État, Rondeaux éclaire cette personnalité complexe, qui aurait notamment servi de sex toy pendant le long séjour en prison que lui avait valu l’étranglement d’une femme qu’il avait assailli dans la rue pour la voler.

Le tatouage « SS »

Le nom « Wagner » était le surnom que s’était donné son commandant en chef, Dmitri Outkine, en hommage au compositeur préféré d’Hitler.  Outkine avait un tatouage « SS » et signait ses ordres avec ce sigle, rapporte Candace Rondeaux. Il est mort aux côtés de Prigojine, dans l’avion qui a explosé. 

Elle explique l’origine principale des mercenaires qui ont constitué le groupe : pour l’essentiel, d’anciens combattants en Tchétchénie, démobilisés, dont certains ont servi à convoyer les bateaux amenant des armes russes au dictateur syrien Bachar el-Assad, puis à faire le coup de feu contre les djihadistes. Quand Poutine a envahi la Crimée en 2014, le groupe Wagner alors officiellement formé a servi à faire le « sale boulot » dans le Donbass, rappelle le journaliste Joshua Hammer dans The New York Review of Books. 

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Madagascar : le masque institutionnel d’un coup d’État militaire https://mondafrique.com/decryptage/madagascar-le-masque-institutionnel-dun-coup-detat-militaire/ https://mondafrique.com/decryptage/madagascar-le-masque-institutionnel-dun-coup-detat-militaire/#respond Fri, 17 Oct 2025 21:04:33 +0000 https://mondafrique.com/?p=140873 Sous couvert de “procédure constitutionnelle”, Madagascar vient, à son tour, de basculer dans une zone d’ambiguïté institutionnelle qui n’a rien d’anodin. Un nouveau coup porté à la démocratie africaine?   Mohamed AG Ahmedou, spécialiste des dynamiques politiques et sécuritaires sahélo-sahariennes   Le 14 octobre 2025, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) a constaté la vacance du […]

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Sous couvert de “procédure constitutionnelle”, Madagascar vient, à son tour, de basculer dans une zone d’ambiguïté institutionnelle qui n’a rien d’anodin. Un nouveau coup porté à la démocratie africaine?
 
Mohamed AG Ahmedou, spécialiste des dynamiques politiques et sécuritaires sahélo-sahariennes
 
Le 14 octobre 2025, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) a constaté la vacance du pouvoir du président Andry Rajoelina et confié, à titre “provisoire”, les fonctions présidentielles à un collège militaire dirigé par le colonel Michaël Randrianirina.
Officiellement, il ne s’agirait pas d’un coup d’État. Juridiquement, la HCC invoque le respect de la lettre constitutionnelle.
Politiquement, c’est une rupture nette avec l’ordre démocratique.
 
Le plus inquiétant est survenu quelques jours plus tard : la même HCC, qui avait légitimé la transition, a été purement et simplement dissoute par le nouveau pouvoir militaire.
Un geste autoritaire qui enlève tout vernis institutionnel à ce qu’il faut désormais nommer par son nom : un coup d’État militaire maquillé en procédure républicaine.
 

Le droit, langage du coup d’État

 
Cette dissolution de la HCC révèle une logique bien connue sur le continent : celle de l’usage stratégique du droit pour justifier l’arbitraire.
À Madagascar comme ailleurs, les institutions constitutionnelles sont convoquées, manipulées, puis éliminées une fois leur rôle de légitimation accompli.
 
Ce scénario rappelle tristement les dérives du Mali en 2020. À Bamako, une partie de la classe politique et de la société civile, rassemblée au sein du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), avait mobilisé des foules immenses contre le régime démocratique du président Ibrahim Boubacar Keïta, au nom de la “justice sociale” et de la “bonne gouvernance”.
Mais cette colère populaire, légitime dans ses fondements, a été confisquée par les colonels putschistes menés par Assimi Goïta.
 
Sous prétexte de “corriger les erreurs du passé”, les militaires ont pris le pouvoir, renversé l’ordre constitutionnel et plongé le Mali dans une impasse sans précédent.
Cinq ans plus tard, le pays vit sous une chape de plomb : isolement diplomatique, effondrement économique, répression politique, et une insécurité qui s’aggrave de jour en jour.
Ce qui était présenté comme une “libération” s’est transformé en captation brutale de la souveraineté populaire.

Le piège de la “continuité de l’État”

 
Madagascar emprunte aujourd’hui la même pente glissante.
En prétendant “assurer la continuité de l’État”, le collège militaire malgache a en réalité suspendu la légitimité civique et neutralisé l’organe constitutionnel suprême.
Sous ce prétexte, l’armée s’érige en arbitre du destin national.
 
Cette mécanique politique repose sur un sophisme dangereux : celui selon lequel la stabilité vaut mieux que la démocratie.
Or, l’expérience malienne, comme celles du Niger et du Burkina Faso, montre que les régimes militaires ne stabilisent jamais — ils bloquent, figent, paralysent.
Ils confondent discipline et gouvernance, hiérarchie et légitimité, obéissance et responsabilité.

La militarisation du pouvoir

 
Depuis 2020, plus d’une dizaine de pays africains ont connu des ruptures de l’ordre constitutionnel.
Derrière les uniformes, les drapeaux et les slogans de “refondation”, se cache une vérité brutale : le retour du politique sous la botte militaire.
Cette militarisation de l’État, soutenue parfois par des segments naïfs ou opportunistes de la société civile, traduit une crise de confiance dans la démocratie, et une fatigue intellectuelle des élites face à la complexité du pouvoir civil.
 
Mais l’histoire enseigne que chaque coup d’État, même “populaire” ou “juridique”, repousse l’Afrique de plusieurs décennies dans son apprentissage démocratique.
L’armée ne peut être un instrument de refondation : elle n’a pas vocation à diriger, mais à protéger.

Pour une renaissance civique africaine

 
Madagascar et le Mali partagent désormais le même drame : celui d’avoir cru que la justice pouvait venir des casernes.
Les peuples africains doivent comprendre que la démocratie n’est pas un luxe occidental, mais une nécessité vitale pour préserver la dignité politique du continent.
 
La dissolution de la HCC à Madagascar n’est pas un acte isolé : c’est le symbole d’une désacralisation du droit, un signe avant-coureur de la dérive autoritaire.
Et chaque silence complice, chaque relativisme intellectuel face à ces dérives, affaiblit la civilisation africaine dans sa marche vers la maturité institutionnelle.
 
La démocratie africaine ne sera sauvée ni par les militaires ni par les juges : elle le sera par des citoyens éclairés, conscients de leur rôle et jaloux de leur liberté.
 
Sous le vernis juridique d’une décision constitutionnelle, c’est bien un coup d’État sans effusion de sang qui s’opère à Antananarivo,  comme à Bamako hier.
L’un a dissous sa Cour Constitutionnelle, l’autre ses idéaux démocratiques.
Dans les deux cas, le résultat est le même : l’Afrique qui recule, trahie par ses propres enfants au nom de sa stabilité.
 
Il est temps, plus que jamais, que le continent rompe avec la fascination du pouvoir militaire et redécouvre la noblesse du pouvoir civil — le seul compatible avec la civilisation politique de l’Afrique moderne.

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Le rêve de la Turquie de recréer l’empire ottoman reste fragile  https://mondafrique.com/a-la-une/le-reve-de-la-turquie-de-recreer-lempire-ottoman-reste-fragile/ https://mondafrique.com/a-la-une/le-reve-de-la-turquie-de-recreer-lempire-ottoman-reste-fragile/#respond Fri, 17 Oct 2025 01:14:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=140800 Mais il ne s’agit plus de la grande stratégie des années 2000. C’est désormais un recalibrage opportuniste dans un paysage post-Gaza, où la Turquie cherche à s’étendre derrière la Russie et l’Iran, dans des zones eurasiatiques contestées.

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La Turquie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, entre opportunité et péril. Sa volonté de regagner de l’influence par des corridors s’étendant vers le Caucase et l’Asie centrale marque la phase la plus audacieuse du projet néo-ottoman d’Ankara depuis l’époque de la « profondeur stratégique » d’Ahmet Davutoğlu. Mais il ne s’agit plus de la grande stratégie des années 2000. C’est désormais un recalibrage opportuniste dans un paysage post-Gaza, où la Turquie cherche à s’étendre derrière la Russie et l’Iran, dans des zones eurasiatiques contestées.

La paix américano-parrainée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan a entrouvert une porte vers la mer Caspienne, donnant à Ankara l’occasion de projeter sa puissance au cœur de l’arrière-cour stratégique de la Russie et de l’Iran. Mais cette porte s’ouvre également sur un champ de mines : rivalités entre grandes puissances, fragilité des équilibres régionaux, et risques d’enchevêtrements dans des conflits que la Turquie ne pourra pas contrôler.

Ce pari incarne l’essence du néo-ottomanisme sous sa forme actuelle — expansion par corridors, rivalités pour le leadership sunnite et alignements tactiques sur la vision de l’OTAN, tout en posant Ankara en agent indépendant. C’est un pari qui pourrait apporter de l’influence, mais aussi une surexposition et une sur-extension sur plusieurs fronts.

Corridors vers la Caspienne : le cœur du pari

Le corridor reliant la Turquie à l’Azerbaïdjan — souvent appelé « corridor de Zanguezour » à travers l’Arménie — représente bien plus qu’une route logistique. Il est la pièce maîtresse de l’ambition d’Ankara de se connecter directement à la mer Caspienne et, de là, à l’Asie centrale. Pour la première fois depuis les guerres ottomano-persanes, la Turquie s’imagine s’étendre à travers le Caucase méridional, contournant l’Iran et la Russie pour tracer un arc stratégique panturc.

Cette percée est le résultat direct de l’engagement américain et de l’OTAN. En parrainant la paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, Washington a non seulement réduit le risque immédiat de guerre dans le Caucase, mais aussi ouvert un espace pour que la Turquie consolide son influence dans une région historiquement dominée par Moscou. Pour Ankara, c’est un rêve : une porte d’entrée vers l’Asie centrale qui contourne l’Iran et affaiblit la mainmise russe.

Mais ce rêve menace de virer au cauchemar. Pour l’Iran, il s’agit d’une atteinte directe à sa sécurité nationale. Le corridor traverse ce que Téhéran considère comme sa profondeur stratégique — les routes terrestres qui relient l’Iran au Caucase et au-delà. Pour la Russie, le projet sape sa domination traditionnelle sur l’Arménie et l’Azerbaïdjan, risquant une perte d’influence dans ce qu’elle appelle son « étranger proche ». Moscou et Téhéran perçoivent ce corridor non pas comme une simple voie de transport mais comme une stratégie de coin — destinée à isoler l’Iran, encercler la Russie et servir les objectifs de pénétration de l’OTAN dans la sphère sino-russe.Al

Alarmes de l’Iran et de la Russie

L’alarme iranienne face à la poussée néo-ottomane est profonde et historiquement enracinée. Du point de vue persan, le corridor n’est pas seulement une manœuvre géopolitique : c’est une rupture de l’équilibre séculaire entre influence ottomane et persane. Si la Turquie établit un pont terrestre direct vers l’Asie centrale, Téhéran craint d’être coupé de l’Europe via la Géorgie et l’Arménie, ses routes d’accès nordiques étant ainsi menacées.

Le timing accentue la menace. Après la « guerre des 12 jours » avec Israël, l’Iran s’est rapproché du camp sino-russe. Pour Téhéran, le projet de corridor apparaît comme une tentative soutenue par l’Occident pour fracturer cet alignement, en tirant l’Azerbaïdjan et la Turquie vers l’orbite de l’OTAN et en encerclant l’Iran dans un moment de vulnérabilité. Aux yeux iraniens, il s’agit d’un casus belli au ralenti, une provocation susceptible d’entraîner une confrontation rappelant les guerres ottomano-persanes d’antan.

Pour Moscou, l’avancée turque dans le Caucase est tout aussi déstabilisatrice. Déjà épuisée par la guerre en Ukraine et la confrontation avec l’OTAN, la Russie voit dans l’émergence de la Turquie comme gardienne de la Caspienne une remise en cause de toute sa posture stratégique dans le Caucase et en Asie centrale. Déjà engagée dans une guerre qu’elle présente comme une lutte contre l’encerclement occidental en Ukraine, la Russie n’acceptera pas d’être encerclée par derrière, dans son ventre mou.
Moscou ne répondra pas de front à court terme : ses ressources sont limitées. Elle activera plutôt des conflits par procuration, utilisant l’Arménie, des milices et des « conflits gelés » pour empêcher la Turquie et l’OTAN de consolider leurs acquis. L’histoire russe est riche d’exemples où Moscou a recouru à la guerre de basse intensité et au patronage indirect pour réaffirmer son rôle quand le contrôle direct était impossible. En s’avançant dans le ventre mou caucasien de la Russie, la Turquie risque de déclencher ce type de riposte.

Le paradoxe kurde

Aucune stratégie néo-ottomane ne peut échapper à la question kurde. En Irak, la relation d’Ankara avec le Gouvernement régional kurde dirigé par Barzani a été marquée par une coopération prudente — permettant à la Turquie de projeter son influence tout en réprimant l’autonomie kurde chez elle. Mais cette coopération est à double tranchant. Les factions kurdes, en particulier en Irak et en Syrie, voient dans les manœuvres régionales turques une occasion d’avancer leurs propres agendas séparatistes, fragmentant l’autorité de Bagdad et redessinant la carte territoriale syrienne.
En Syrie, les ambitions turques rencontrent un autre paradoxe. Alors qu’Ankara s’acharne à réprimer les milices kurdes le long de sa frontière, elle fait preuve d’une passivité frappante face aux projets israéliens d’annexion de facto et de fragmentation. Le silence turc sur les frappes israéliennes et les tentatives de cantonaliser la Syrie en zones d’influence est révélateur. En acquiesçant, Ankara accepte implicitement une Syrie fragmentée, calculant qu’un tel morcellement affaiblit Damas et lui ouvre un espace de manœuvre. Mais cette posture risque de légitimer l’expansionnisme israélien et de miner la crédibilité d’Ankara comme défenseur de la souveraineté régionale.
La contradiction est manifeste : la Turquie combat le séparatisme kurde quand il menace ses frontières, mais tolère, voire exploite, la fragmentation syrienne par Israël quand cela sert ses ambitions. Cette approche sélective expose Ankara à des accusations d’opportunisme et affaiblit ses prétentions au leadership du monde musulman.

Rivalités sunnites

Le pari néo-ottoman d’Ankara ne peut être dissocié de la compétition pour le leadership du monde sunnite. La Turquie cherche à se poser en championne des causes sunnites, de Gaza au Caucase, tout en rivalisant avec l’Arabie saoudite, l’Égypte et le Qatar pour la primauté. Mais les contradictions abondent.
L’Arabie saoudite, recalibrant sa stratégie après l’échec des Accords d’Abraham, se montre ambivalente. Riyad considère les ambitions d’Ankara à la fois comme un contrepoids à l’Iran et comme une menace potentielle pour son propre leadership. Le Qatar, autrefois allié proche, ajuste sa position, équilibrant ses relations avec le Golfe, l’Iran et l’Occident.
Le Pakistan ajoute une complexité supplémentaire. L’opinion publique y reste farouchement pro-palestinienne et hostile à Israël, limitant toute convergence avec la Turquie si Ankara devait s’aligner, même tacitement, avec les plans israéliens en Syrie. Sur le plan intérieur, Islamabad est miné par une crise économique aiguë, une fragmentation politique et une armée sur-étendue. Stratégiquement, son partenariat avec la Chine et son alignement avec le camp sino-russe le rendent réticent à appuyer une pénétration de l’OTAN en Asie centrale via la Turquie. Pour Islamabad, la poussée néo-ottomane d’Ankara ressemble à une stratégie occidentale déguisée en solidarité musulmane, un choix qui risquerait d’aliéner à la fois Pékin et Moscou.
Ainsi, loin de fédérer le monde sunnite, Ankara risque de creuser les fractures, chaque capitale poursuivant sa propre stratégie d’évitement dans un contexte multipolaire incertain.

Vulnérabilités sur tous les fronts

Les vulnérabilités de la Turquie sont intrinsèquement liées à son dessein expansionniste. Au sud, elle affronte une guerre syrienne non résolue et un mouvement kurde toujours enraciné malgré des incursions répétées. Au nord, la Russie perçoit l’avancée turque comme une menace existentielle pour son glacis caucasien. À l’est, l’Iran voit le corridor comme une atteinte directe à sa souveraineté et à son équilibre historique avec Ankara. À l’ouest, l’OTAN n’épaule Ankara que dans la mesure où cela sert ses objectifs ; elle ne la protégera pas en cas d’escalade incontrôlée avec la Russie ou l’Iran.

À l’intérieur, l’économie turque est fragile, la monnaie volatile et la scène politique polarisée. Soutenir des aventures extérieures coûteuses dans un tel contexte accentue le risque de sur-extension. La posture d’Erdogan — présenter la Turquie comme bras avancé de l’OTAN tout en se posant en puissance autonome — risque de ne satisfaire personne.

Le pari néo-ottoman de la Turquie est audacieux mais truffé de contradictions. Le corridor vers la Caspienne représente une percée, mais il déstabilise la profondeur stratégique de l’Iran et de la Russie. Ankara revendique le leadership sunnite, mais se heurte au scepticisme de Riyad, à l’ambivalence de Doha et à la réticence d’Islamabad. Elle combat le séparatisme kurde chez elle tout en fermant les yeux sur la fragmentation syrienne menée par Israël.

Ce qui en résulte n’est pas une grande stratégie cohérente, mais un assemblage de manœuvres tactiques qui exposent Ankara à des représailles, à l’isolement et à la sur-extension. Le rêve néo-ottoman de corridors et d’influence risque de se transformer en cauchemar de guerres par procuration, de pressions économiques et de contrecoups géopolitiques. Si Ankara pousse trop loin, elle pourrait ne pas se retrouver à la tête d’une sphère ottomane ressuscitée, mais prise au piège dans le feu croisé de rivalités entre grandes puissances qu’elle ne peut maîtriser.

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Présidentielle Côte d’Ivoire, un premier mort, mais une opposition désemparée https://mondafrique.com/decryptage/presidentielle-cote-divoire-un-premier-mort-mais-une-opposition-desemparee/ Wed, 15 Oct 2025 10:48:19 +0000 https://mondafrique.com/?p=140693 Lors d’une échauffourée à Bonoua, une ville située à une soixantaine de kilomètres à l’est d’Abidjan, Ernest Christophe Allouan, âgé de 22 ans, a reçu une balle dans la mâchoire. Dans un pays encore marqué par ses traumatismes électoraux, l’annonce de ce drame a ravivé des souvenirs douloureux.  Correspondance Abidjan À moins de deux semaines […]

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Lors d’une échauffourée à Bonoua, une ville située à une soixantaine de kilomètres à l’est d’Abidjan, Ernest Christophe Allouan, âgé de 22 ans, a reçu une balle dans la mâchoire. Dans un pays encore marqué par ses traumatismes électoraux, l’annonce de ce drame a ravivé des souvenirs douloureux. 

Correspondance Abidjan

À moins de deux semaines du scrutin, la Côte d’Ivoire avance en terrain miné. Les leaders de l’opposition peinent à structurer une mobilisation efficace, tandis que le pouvoir, malgré sa maîtrise apparente, fait face à des foyers de contestation inattendus. Dans ce contexte, la présidentielle s’annonce aussi tendue qu’incertaine. Le pays semble pris dans une dynamique où confrontation et contrôle se succèdent, sans qu’aucune issue ne se profile à l’horizon.

Après la manifestation avortée du samedi 11 octobre, le Front commun — alliance des deux principaux partis d’opposition, le PDCI et le PPA-CI — a lancé le mot d’ordre : « Bloquons tout jusqu’au 25 octobre », date du premier tour de l’élection présidentielle. Abidjan étant particulièrement surveillée et verrouillée par les forces de défense et de sécurité, le Front commun a choisi de privilégier les actions dans les villes de l’intérieur du pays.

Un premier mort

Dès le dimanche 12, quelques embryons de révolte sont apparus ici et là : des barrages ont été érigés, des routes coupées. Le lendemain, des petits groupes de jeunes investissent les écoles, collèges et lycées pour faire cesser les cours. Des affrontements ont opposé des jeunes à ceux qu’on appelle en Côte d’Ivoire les « corps habillés », expression qui regroupe l’ensemble des forces de l’ordre. 

Dès la matinée du 14 octobre, les images d’un jeune homme blessé ont circulé massivement sur les réseaux sociaux. Dans l’après-midi, un communiqué de la Direction générale de la police nationale annonçait officiellement sa mort, précisant que la victime avait été tuée par des « individus non identifiés ». Quelques minutes plus tard, des internautes activistes répliquaient en publiant la photo d’un policier supposé être l’auteur du tir.

Au cours de la journée du 14 octobre, d’autres informations ont circulé, évoquant notamment la mort d’un bébé asphyxié par des gaz lacrymogènes ou le passage à tabac d’une femme enceinte de huit mois.
Mais la désinformation sur les réseaux sociaux est telle qu’il est extrêmement difficile de vérifier la véracité de ces faits. De la même manière et pour les mêmes raisons, il est presque impossible d’avoir une image globale de la situation dans l’ensemble du pays.

Les déboires de l’opposition

Cependant, indubitablement le mot d’ordre « bloquons tout » peine encore à se traduire dans les faits. La mobilisation reste embryonnaire et très localisée dans le Sud et le Centre, zones favorables à l’opposition. Dans l’Ouest, fief de Laurent Gbagbo, la situation demeure pour l’instant calme. La porte-parole du PPA-CI, Habiba Touré, a promis la poursuite des actions de terrain, avec des manifestations quotidiennes et la préparation d’une grande marche nationale. L’annonce de cette nouvelle marche, alors que celle du 11 octobre n’a pas transformé l’essai, souligne le manque de stratégie d’une opposition qui semble avancer à tâtons.

L’absence de leaders visibles dans les marches et leur silence suscitent incompréhension et critiques. Ainsi, il a fallu attendre 48 heures pour que Tidjane Thiam, président du PDCI, réagisse timidement aux arrestations musclées de ses militants et à l’attaque par les FDS du portail du domicile de son vice-président, Noël Akossi Bendjo. Si le mutisme de Laurent Gbagbo peut se comprendre face à la répression qui s’abat sur les dirigeants de l’opposition, la lenteur de la réaction de Tidjane Thiam, installé à Paris, a été largement critiquée, y compris au sein de son propre parti.

L’optimisme du pouvoir

Pour autant, le pouvoir ne crie pas victoire. Dans les coulisses, il se raconte qu’Alassane Ouattara a été furieux que son premier meeting à Daloa, le 11 octobre, soit passé sous silence, tous les regards étant braqués sur la manifestation d’Abidjan. Et si  son équipe de campagne affiche un optimisme de circonstance en proclamant une victoire au premier tour avec plus de 80 % des voix, le gouvernement semble quelque peu décontenancé par les foyers de révolte dans le pays, malgré leur faible ampleur.

Lors de l’élection présidentielle de 2020 — qui a fait 85 morts dans les rangs de l’opposition — c’est l’intérieur du pays qui s’était soulevé. Preuve de ce trouble. ans une démarche inédite, le patron de la gendarmerie, le général Apalo Touré, s’est rendu à Akoupé, une ville où des jeunes se sont soulevés pour tancer les chefs de village. 

 

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Notre chronique Sahel: un Mali de plus en plus vulnérable https://mondafrique.com/confidentiels/notre-chronique-sahel-un-mali-de-plus-en-plus-vulneravle/ Wed, 15 Oct 2025 07:57:38 +0000 https://mondafrique.com/?p=140671 Le 14 octobre 2025, les Forces armées maliennes (Fama) déclarent 3 opérations aux dépens de groupes armés et le succès d’un cortège de sécurisation :

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Nos partenaires de « Veille Sahélienne » poursuivent leur travail remarquable et minutieux de veille sur un Sahel livré à des combats fratricides et recensent les multiples raids, ratissages et massacres qui ponctuent la vie quotidienne d’une population civile au Mali, au Burkina et au Niger. 
 

Le Mali


Le 14 octobre 2025, les Forces armées maliennes (Fama) déclarent 3 opérations aux dépens de groupes armés et le succès d’un cortège de sécurisation :

1. Cercle de Niono, région de Ségou (centre) :  Une unité basée à Bewani a conduit une reconnaissance, visant les villages de Ballé-Wérè et Ballé-Pont. Une vingtaine de combattants auraient été tués et un important arsenal saisi, dont du matériel de fantassins, des munitions, des appareils de communication et des explosifs.

2. Nord-est de Tombouctou:  Près de Bér, une frappe aérienne aurait détruit un véhicule de type Pick-up, chargé de munitions, dissimulé sous des arbres.

3. Zone de Léré, région de Tombouctou : Les Fama se félicitent d’un ratissage contre un groupe armé, suivie d’une prise d’armes légères et de munitions, sans confirmation d’éventuelles pertes en vie.

4. Par ailleurs, une unité de la force « Seradjé », relevant de l’Alliance des États du Sahel (Aes), aurait permis l’arrivée, à bon port, le 13 octobre, de 30 vecteurs de transport de carburant, en provenance du Niger à destination de Gao, avec le soutien de détachements de reconnaissance terrestre et aérienne. Depuis le début du blocus imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), il s’agit de la première mention officielle d’un approvisionnement venu d’un pays de l’Aes.
Ripostes djihadistes

Le 14 octobre, en soirée, le Gsim lance une offensive à San, région de Ségou et affiche, par tract, la prise de deux positions des Fama. Pas de bilan publié.

Le même jour, le Gsim annonce un attentat à l’engin explosif dirigé (eed)) ciblant un convoi militaire entre Sikasso et Loulouni, cercle de Kadiolo, région de Sikasso (sud). Pas de bilan disponible.

Le 13 octobre 2025, trois camions-citernes de carburant convoyées de la Côte d’Ivoire ont été incendiées à l’initiative du Gsim, à proximité de Bessina, région de Sikasso (sud).

Le Gsim revendique, également, l’explosion d’une mine au passage d’une patrouille des Fama, sur l’axe Néguéla-Soribougou, région de Koulikoro (sud-ouest). Aucun bilan n’est produit à l’appui.

Le Burkina Faso

Le 14 octobre 2025, Dieudonné Zowenmanogo, directeur de publication du journal Aujourd’hui au Faso, a été arrêté, à son domicile et conduit vers un lieu inconnu. Les actes sont imputés aux agents présumés de l’Agence nationale du renseignement (Anr). En une semaine, 3 dirigeants de presse indépendante ont été emprisonnés.

Le 13 octobre 2025, le Gsim dit avoir menée deux assauts simultanés sur les emprises de la milice Volontaires pour la défense de la patrie (Vdp), autour de Dédougou et de Ouahigouya. Lors de la première attaque, au village de Touko, la source dénombre 5 morts dans les rangs des miliciens. Le Gsim s’emparait, alors, de 7 fusils Ak57 et de divers articles de guerre.

Le second raid, à Zouri, permettra, aux jihadistes, de récupérer un butin de 2 mitrailleuses Pk et d’un équipement d’appoint dont la composition n’est pas précisée.

Références

Mali

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