- Mondafrique https://mondafrique.com/decryptage/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Wed, 28 May 2025 07:30:55 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/decryptage/ 32 32 La colère de Musk contre l’Afrique du Sud au forum de Doha https://mondafrique.com/decryptage/les-coleres-delon-musk-au-sommet-du-qatar/ https://mondafrique.com/decryptage/les-coleres-delon-musk-au-sommet-du-qatar/#respond Sat, 24 May 2025 15:02:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=133996 Que ce soit sur son entrée controversée sur le marché sud africain ou sur les coupes drastiques dans les budgets des ONG en Afrique, Elon Musk a répondu lors d’une vidéo conférence projetée au Sommet économique du Qatar, ce mardi 20 mai, de façon très agressive en se présentant comme une victime des « lois racistes » […]

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Que ce soit sur son entrée controversée sur le marché sud africain ou sur les coupes drastiques dans les budgets des ONG en Afrique, Elon Musk a répondu lors d’une vidéo conférence projetée au Sommet économique du Qatar, ce mardi 20 mai, de façon très agressive en se présentant comme une victime des « lois racistes » d’Afrique du Sud !

Elon Musk a notamment évoqué face à des centaines d’hommes d’affaires et de politiques controverse autour de l’entrée de Starlink (le service Internet par satellite d’Elon Musk) sur le marché sud-africain. Selon Bloomberg, le gouvernement sud-africain, dirigé par Cyril Ramaphosa, aurait contourné certaines règles pour permettre à Starlink d’opérer dans le pays. Cette manoeuvre intervenu juste avant une visite officielle du président sud-africain à la Maison-Blanche, ce qui soulève des soupçons de conflit d’intérêts.

Lorsqu’une journaliste lui a demandé s’il pouvait exister un problème, Elon Musk rejette catégoriquement cette idée. Il change de sujet pour parler d’un autre problème, selon lui plus grave : les lois racistes en Afrique du Sud.“Bien sûr que non, il n’y a pas de conflit d’intérêts. La vraie question, c’est : pourquoi y a-t-il encore des lois racistes en Afrique du Sud ? C’est ça le vrai problème.”

Nelson Mandela, un modèle pour Musk

Musk critique ces lois, affirmant qu’elles l’empêchent, lui et Starlink, d’accéder équitablement au marché. Il rappelle les idéaux de Nelson Mandela, qui voulait une Afrique du Sud égalitaire pour toutes les races, et accuse le gouvernement de remplacer un système de lois racistes par un autre, toujours discriminatoire mais inversé. Qu’on comprenne discriminant envers les blancs ou les étrangers. Il juge cela “inacceptable”.

Lorsqu’on revient sur le possible conflit d’intérêts, Musk s’énerve et déclare que la situation est “absurde”, répétant plusieurs fois que « cela n’est pas juste ».

Enfin, lorsque drant lamême video conférence il est interrogé les réductions de budget de l’aide humanitaire américaine (USAID) sous Donald Trump (qui a réduit les financements pour des programmes de santé en Afrique) – Elon Musk s’emporte à nouveau, même si le texte ne précise pas exactement ce qu’il a dit. Ce sujet est mentionné en lien avec Bill Gates, qui a récemment averti que ces réductions causaient la mort d’enfants en Afrique, faute de traitement contre des maladies comme le SIDA.

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Le retrait américain de l’OMS, une catastrophe pour l’Afrique  

L’Afrique compte pour rien dans le monde de Trump

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L’affrontement fratricide entre le Congo et le Rwanda https://mondafrique.com/decryptage/laffrontement-gratricide-entre-le-congo-et-le-rwanda/ https://mondafrique.com/decryptage/laffrontement-gratricide-entre-le-congo-et-le-rwanda/#respond Fri, 23 May 2025 07:51:02 +0000 https://mondafrique.com/?p=134111 En décembre 2012, quand le M23 a menacé de prendre Goma, l’auteur de ces lignes, le journaliste Jean François Marseille, était à Kinshasa. Il n’avait fallu que quelques jours, et la menace de suspendre les aides internationales au Rwanda agitées tant par l’Union Européenne, les Etats-Unis que la Banque Mondiale, pour que la rébellion se […]

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En décembre 2012, quand le M23 a menacé de prendre Goma, l’auteur de ces lignes, le journaliste Jean François Marseille, était à Kinshasa. Il n’avait fallu que quelques jours, et la menace de suspendre les aides internationales au Rwanda agitées tant par l’Union Européenne, les Etats-Unis que la Banque Mondiale, pour que la rébellion se retire. C’était il y a onze ans, une autre époque. Depuis la chute de Goma le 27 janvier dernier, suivie de celle de Bukavu le 16 février, l’avancée du M23, soutenu par le Rwanda, risque en revanche de provoquer un embrasement général en Afrique

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Il flotte dans l’atmosphère de Kinshasa ces derniers jours un parfum des années 90, qui ne berce guère de nostalgie les dizaines millions d’habitants de cette immense ville africaine. À l’époque, un régime corrompu et brinquebalant, celui du Maréchal Mobutu, s’abîmait dans ses derniers fastes et ses ultimes feux. A l’est du pays, le bruit sourd d’une rébellion oubliée se faisait entendre. Le Parti de la révolution du peuple, menée par Laurent Désiré Kabila depuis presque 30 ans, se transformait en l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du peuple (AFDL), se réveillait sous l’impulsion et avec l’appui du voisin rwandais. Meurtri par un génocide, désireux de poursuivre et punir ses auteurs, réfugié de l’autre côté de la frontière, les troupes de Paul Kagame, nouveau maître de Kigali, héros national et maître ès stratégie ont poussé Kabila jusqu’à Kinshasa.

« Depuis le début, il ressortait clairement que le Rwanda voulait non seulement neutraliser les camps, mais aussi faire une percée jusqu’à la capitale, à deux mille kilomètres à l’ouest. Pour Kagame, Mobutu devait partir, parce qu’il avait accueilli et protégé les génocidaires. Le minuscule Rwanda allait mettre à genoux le Zaïre, et l’AFDL devait faire en sorte que cela donne l’impression d’être une insurrection intérieure., décrypte David Van Reybroucke, dans son chef d’oeuvre Congo, Une Histoire. Kagame souhaitait mettre en œuvre un troisième changement de régime dans un pays d’Afrique centrale: après l’Ouganda et le Rwanda, c’était à présent au tour du Zaïre.»

Une guerre mondiale africaine (1998-2003)

Une avancée éclair de 7 mois qui commença par la prise d’Uvira, Bukavu, Goma puis Kisangani, tombée telles des châteaux de carte devant les escadrons d’enfants soldats, d’officiers rwandais à l’uniforme impeccable triomphant quasi sans résistance de la part de force armée zaïroises mal payées, mal équipées et si peu commandées. Une débâcle accompagnée de massacres, de pillages, d’exactions en tous genre, sous le regard interdit de la communauté internationale, encore pétrifiée d’avoir échoué à prévenir le génocide au pays des 1000 collines. En 1997, Kinshasa tombe aux mains de la rébellion, le pays est de facto sous tutelle rwandaise, dans un chaos de pillages, d’évacuations, de couvre-feu et d’imposition du port du pagne aux femmes…. Et l’agonie était loin d’être.

Un an après sa prise de pouvoir, Laurent Désiré Kabila demandait aux troupes rwandaises de quitter le pays. Une démarche qui déclencha la 2e guerre du Congo, qui impliqua sur le sol de l’ancienne colonie belge, les armées régulières d’Ouganda, d’Angola, du Rwanda, de Namibie, du Zimbabwe, du Burundi. Une guerre mondiale africaine (1998-2003), comme l’a démontré Gérard Prunier,  au bilan incertain et macabre d’au moins 6 millions de morts entre combats, maladies et déplacements forcés de populations, dont les braises, notamment à l’est du pays, ne se sont jamais vraiment éteintes.

Félix Tsishekedi, un bilan désastreux

Paris n’a plus de capacités diplomatiques et guerrières pour suggérer un cessez le feu et apporter la moindre aide au président congolais Felix Tshisekedi à qui Emmanuel Macron avait rendu visite l’année dernière 

Les événements actuels rappellent la marche triomphale de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du peuple AFLD de Kabila  pour être ignorée. On assiste à l’irruption d’une rébellion restée embryonnaire pendant une décennie, mais qui sort de sa torpeur avec l’appui de Kigali, défaisant l’armée régulière sous équipée et sous-payée d’un régime corrompu à Kinshasa. Elu au terme d’un tripatouillage électoral en 2019, réélu en 2023, Félix Tsishekedi n’est parvenu ni à stabiliser l’économie du pays, ni à apaiser la situation avec ses voisins, encore moins à renforcer ses services de sécurité et son armée, pourtant officiellement dotée d’un milliards de budget.

Le parallèle continue jusqu’à l’impuissance de la communauté internationale qui n’a jusqu’alors pris aucune décision ni aucune sanction à l’encontre du Rwanda, quand 700 000 personnes déplacées par les combats ont rejoint les 7 millions de réfugiés que compte déjà la République démocratique du Congo. Pour ajouter au spectre d’un retour vers le futur, l’Ouganda a menacé d’intervenir, quand l’Afrique du Sud a déjà perdu des soldats, présents au sein d’une mission de pacification.

« Ce conflit commence à ressembler aux guerres du Congo de 1996-1997 et de 1998-2003, qui ont entraîné neuf pays africains dans leur sillage et fait des millions de morts», analyse froidement Jason Stearns, fondateur du groupe d’études sur le Congo, dans Le Monde.

Un sentiment largement répandu dans la population kinoise. Les classes les plus aisées commencent à envisager l’exil pendant quelques mois, scrutant les annulations de vol et ayant appris avec angoisse qu’Air France a commencé à dérouter certains vols vers Brazzaville, la capitale de l’autre Congo, de l’autre côté du fleuve. Les discussions familiales tournent autour des évacuations. « On s’attend désormais à ce qu’ils déroulent vers Kisangani et vers le Katanga», craint une source haut placée dans l’administration congolaise.

Nul ne fait confiance au régime de Tshishekedi pour rétablir la situation. Surtout pas les classes populaires qui ont violemment manifesté leur mécontentement le 28 janvier, en saccageant plusieurs ambassades occidentales. « C’est le signe que les Kinois attendent encore quelque chose des puissances occidentales, elles savent qu’elles ont les moyens de stopper le Rwanda», assure à Mondafrique un expert congolais des relations internationales.

 

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La deuxième vie du mauritanien Zeïne El abidine Mahmoud proche l’ex Président Aziz https://mondafrique.com/decryptage/le-patron-des-patrons-mauritaniens-a-survecu-a-la-chute-de-lex-president-aziz/ https://mondafrique.com/decryptage/le-patron-des-patrons-mauritaniens-a-survecu-a-la-chute-de-lex-president-aziz/#respond Tue, 20 May 2025 05:35:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=69784 Le patron des patrons mauritanien, Zeïne El abidine Ould Ahmed Mahmoud, un des hommes de main de l’ancien président mauritanien Aziz, est toujours en fonctions malgré le départ du pouvoir de son protecteur et sa condamnation à quinze ans de prison. Il semble que ses liens privilégiés avec les Émiratis où son propre frère occupe […]

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Le patron des patrons mauritanien, Zeïne El abidine Ould Ahmed Mahmoud, un des hommes de main de l’ancien président mauritanien Aziz, est toujours en fonctions malgré le départ du pouvoir de son protecteur et sa condamnation à quinze ans de prison. Il semble que ses liens privilégiés avec les Émiratis où son propre frère occupe des fonctions importantes au sein du conseil des Oulemas lui ait servi de sauf conduit.

Zeïne El abidine Ould Ahmed Mahmoud débuta sa brillante carrière au début des années 90 comme gérant de la « Buvette » de Radio Mauritanie. Dans la foulée, ce Rastignac créait le « Centre de Société Informatique » (CDI), spécialisé dans la commercialisation des produits bureautiques (ordinateurs, imprimantes, scanners). Son produit phare aura été la vente de cartouches à encre pour photocopieurs, dont la plupart recyclées. Ce qui lui permet de mettre un pied dans les portes des ministères et autres organismes publics et de se faire connaitre.

L’ex Président Aziz avait trouvé avec l’ancien gérant de la buvette de Radio Mauritanie un précieux porte flingue dans le domaine du business

La meilleure prise de l’ancien gérant de buvette aura été Yahya Hademine. Cadre de la SNIM, la puissante société étatique qui gère la richesse en fer du pays, ce dernier sera nommé successivement ministre de l’Equipement, puis Premier Ministre.  Cette réussite foudroyante, il la doit à un vrai savoir faire. Lorsqu’il gérait la société ATTM, la filiale transport de la SNIM, il faisait appel systématiquement aux discrètes sociétés de transitaires que le président Aziz possède en sous main et qui arrondissent depuis toujours ses fins de mois. »Yahya Hademine était autant un agent de renseignement du pouvoir qu’un cadre supérieur », explique un ancien collègue de la SNIM.

Avec le parrainage d’un connaisseur comme le Premier ministre, Zeîne Abidine était à bonne école, immédiatement pistonné auprès de plusieurs administrations nationales. Notre ami Zeine Abidine devient un des principaux fournisseurs de l’Agence chargée du projet de mise en place de l’Etat Civil (Fournitures, gestion et exploitation du dispositif…). Les professionnels du secteur protestent, les fournisseurs agréés également, mais la caravane de l’ami Zeine Abidine continue à progresser..

Des appétits sans limites

Zeïne Abidine, avait bénéficié également des largesses de certaines sociétés minières étrangères, dont Kinros. C’est lui qui fournit du matériel informatique au site minier de Door.

Après les mines, les grands chantiers.  Afin de parachever ses ambitions, ce boulimique crée l’entreprise BIS-TP de  Génie Civil et de Travaux Publics. Peu importe que Zeine Abidine n’aie aucune référence dans le secteur. Son entreprise qui n’est même pas affiliée à l’Organisation Patronale, rafle tous les marchés, avec la bénédiction des commissions techniques et les complicités des Départements de tutelle: adduction d’eau potable, route Kiffa-Kankossa, construction des nouveaux batiments de  l’Université de Nouakchott, grand Marché de Nouakchott; et tout dernièrement, la construction du nouveau palais du Congrès, pour la coquette somme de plus de 14 milliards d’Ouguiyas mauritaniens. Que l’actuel palais du Congrès reste vide tout le long de l’année, importe peu.

Quand le bâtiment va, tout va….

Foudres présidentielles

Lors d’un Conseil des Ministres, l’ex Président Aziz lui même s’étonnait des accaparements extravagants des marchés attribués à BIS-TP. « Rien n’avance, les chantiers sont en panne, ce n’est pas possible », protestait le chef de l’Etat. Autant de passe droits en effet qui valaient à Aziz quelques salves bien ciblées des patrons mauritaniens dépossédés. L’ordre était donné que cette hégémonie s’arrête immédiatement. Le ministre de l’équipement bloquait un nouveau marché que le vorace Zeine Abidine s’apprêtait à rafler.

La réaction fut immédiate. Soutenu par son « parrain », le Premier Ministre, Zeïne Abidine sollicitait l’audience du Président Aziz. Les deux hommes trouvent rapidement un terrain d’accord, sur un principe simple: « Fifty-fifty ». On partage les profits dans les multiples marchés obtenus de gré à gré. Oubliés les engagements du président Aziz qui lors d’un discours à Nouadhibou, avait pourtant promis que le système de passation des marchés par entente directe n’aurait plus lieu.

Au palmarès de Zeine Abidine, on peut citer notamment une société spécialisée dans la production de Tuyaux, nécessaires à tout projet d’adduction d’Eau Potable, est créée.

Zeine Abidine aurait servi de prête-nom au chef de l’Etat au sein de la Banque Mauritanienne d’Investissement (BMI) qui a reçu son agrément le 31 mars 2016 et où Zein El Abidine Cheikh Ahmed, détient encore officiellement 40% du capital. 

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France-Algérie, l’éternelle « Love and Hate Story » https://mondafrique.com/decryptage/france-algerie-leternelle-love-and-hate-story/ https://mondafrique.com/decryptage/france-algerie-leternelle-love-and-hate-story/#respond Tue, 20 May 2025 04:15:52 +0000 https://mondafrique.com/?p=133958 Le peuple algérien savait, en effet, que, sur le plan strictement militaire, il ne pouvait pas gagner contre l’une des plus puissantes armées du monde, l’armée coloniale française. C’est pourquoi il a eu le réalisme de recourir à une arme plus puissante, la diplomatie, en vue d’expliquer et de convaincre de la justesse de sa […]

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Le peuple algérien savait, en effet, que, sur le plan strictement militaire, il ne pouvait pas gagner contre l’une des plus puissantes armées du monde, l’armée coloniale française. C’est pourquoi il a eu le réalisme de recourir à une arme plus puissante, la diplomatie, en vue d’expliquer et de convaincre de la justesse de sa lutte pour l’indépendance.

Arezki Ighemat, Master of Francophone Literature (Purdue University, USA)

Les relations entre l’Algérie et la France restent déterminées, dans une grande mesure, par 132 années de colonisation française accompagnée, du côté français, par l’expropriation, l’exploitation, l’humiliation, l’injustice, la destruction culturelle ,… et, du côté algérien, par une résilience farouche du peuple qui, depuis 1830, et pendant les siècles qui précèdent, a montré que, en dépit de ses moyens rudimentaires, il a résisté à toutes les tentatives qui portaient atteinte à sa souveraineté territoriale, sa religion, sa culture, sa langue, et sa dignité humaine.

“France and Algeria are like an old couple who have been married for many years, has atremendous bust up, divorce, and then decide to make up. Emotion will never be altogether  completely straightforward” , écrivait le Time magazine, lors de la visite du président Giscard d’Estaing en Algérie en 1975  en compagnie du président Boumediene

C’est ce travail soutenu d’explication de la cause ou de la « question » algérienne, comme on l’appelait alors, sur la scène internationale qui a pu compenser la faiblesse des moyens militaires de l’Algérie et qui a montré que la force militaire n’est pas toujours celle qui gagne, mais que la force de la conviction et de la diplomatie peut, dans certains cas, comme dans le cas algérien, l’emporter sur la puissance militaire.

Après l’indépendance—et pendant les deux premières décennies qui l’ont suivie (1962-1980)—l’Algérie a continué à utiliser la diplomatie et est arrivée à s’ériger en un pays respecté ayant contribué à défendre les « damnés de la Terre (notamment en offrant l’hospitalité aux mouvements de libération nationale, parmi lesquels, le mouvement palestinien, ce qui lui avait valu le titre de « Mecca of the Revolution », appellation d’Amilcar Cabral, leader du Mouvement de Libération de l’Angola)

L’Algérie a su résoudre les conflits entre Etats (libération des otages américains en Iran en 1981 grâce à la médiation algérienne ; résolution des conflits inter-Africains, etc) et contribuer à établir un Nouvel Ordre Economique International. Cependant, lorsqu’on regarde ce qui se passe la France et l’Algérie, on a l’impression que cette leçon d’histoire n’a pas été retenue. Les deux pays concernés ne sont pas prêts à se mettre autour d’une table et, comme ils l’avaient fait à Evian en 1962, pour régler leurs différends. i

Ls deux pays veulent—par ces bruits, ces virulents échanges verbaux et écrits au niveau officiel et au niveau des médias—faire oublier leurs problèmes internes. Ils veulent faire croire que, par ces ultimatums lancés d’un côté et de l’autre, ils vont, au final, réduire l’intensité et l’âpreté des problèmes intérieurs de chacun des deux pays. Cela est une illusion. Voyons pourquoi!

L’immigré, voici l’ennemi!

L’attitude française et sa posture depuis quelques mois vis-à-vis de l’Algérie est, à notre avis, largement déterminée par les problèmes intérieurs que le Pouvoir français rencontre ces dernières années. L’un de ces problèmes est la montée vertigineuse de l’extrême droite et le programme politique qu’elle envisage de mettre en œuvre si elle venait à prendre le pouvoir en 2027 : réduction, voire arrêt de l’immigration d’origine maghrébine, en particulier algérienne, par le biais de la réduction (voire la suppression) des visas d’entrée et de l’encouragement du retour des émigrés déjà installés en France ; révision des accords de coopération algéro-français, etc.

Ce sont ces mesures que l’extrême droite entend appliquer si elle remporte les élections municipales de 2026 (soit dans un an) et surtout les élections présidentielles de 2027. Déjà aux élections européennes de 2024, le parti de Marine Le Pen, le Rassemblement National (anciennement Front National) avait remporté 31,4% des voix (soit environ un tiers du total), ce qui a poussé le Président Macron à dissoudre l’Assemblée Nationale française. 

La deuxième raison qui explique les réactions du gouvernement français aux différends actuels avec son ancienne colonie est l’expansion de l’islamophobie et du racisme anti-musulman. Cette haine du Maghrébin, et surtout de l’Algérien, ne date pas d’aujourd’hui, mais elle s’est accentuée de façon exponentielle ces dernières années, et plus encore depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023

Le malaise algérien

L’Algérie, de son côté, a aussi vu ses problèmes intérieurs s’intensifier au cours de ces deux dernières décennies, notamment depuis le hirak de 2019 qui a secoué le système algérien et l’a acculé à adopter une politique plus musclée à l’égard de la société civile. Le pouvoir d’achat des citoyens se détériore en raison de l’inflation intérieure; les biens de première nécessité sont devenus des biens de luxe; les entreprises ne sont maintenues en vie grâce à la rente pétroliè; l’injustice et l’inégalité sont croissantes entre les citoyens, encouragée par le clientélisme et le clanisme. 

Reste le conflit avec le Maroc  qui devient chronique et qui porte, entre autres—mais pas seulement—sur les positions divergentes du Maroc et de l’Algérie sur le Sahara Occidental. L’effet le plus notablet de ce conflit est la baisse, voire l’absence totale de relations économiques et diplomatiques entre les deux pays, mais il y a aussi les problèmes humains entre les deux peuples liés par l’histoire, la sociologie, la culture, les langues, la religion, etc.

Le Pouvoir algérien utilise tous les stratagèmes possibles pour effacer cette image qui lui colle sur le dos en invoquant notamment la fameuse « main étrangère » (yed al kharijya). Ce qui n’est pas tout à fait faux. Reste que les échecs du régime sont toujours là et ne feront que s’accentuer si le Pouvoir algérien pêche par manque de lucidité.

« Ma teqderch tgheti chems bel gherbal » (« On ne peut pas cacher le soleil avec un tamis »).

Le seul moyen durable de résoudre les conflits entre Etats reste la diplomatie—la ‘soft power’ comme on aime l’appeler parfois—et la coopération dans le respect mutuel des intérêts et de la souveraineté de chacun. C’est le sens véhiculé par la première épigraphe placée tout en haut de cet article, citée par l’historien britannique Alistair Horne dans son fameux ouvrage « A Savage War for Peace, Algeria 1954-1962 », que je traduis : « La France et l’Algérie sont comme un vieux couple marié depuis plusieurs années, qui a connu des batailles importantes, a divorcé, et a décidé de renouer leurs relations à nouveau. L’émotion ne sera jamais totalement absente dans leurs relations ; et cela ne sera jamais totalement facile ».

La tâche n’est pas si aisée parce que le sang a coulé. Le célèbre écrivain algérien Mouloud Feraoun dans son Journal 1955-1962: « Un pont métallique, un pont extrêmement glacial, a été établi au cours d’un siècle d’histoire franco-algérienne. Ce pont est similaire au Sirat [le pont, qui, dans l’eschatologie musulmane, sépare et relie l’enfer et le paradis, et que les vertueux traversent sans difficultés pour rejoindre le paradis tandis que les non vertueux tombent en travers et n’arrivent donc pas au paradis] qui conduit à l’endroit de repos pour les élus [de Dieu] ; ce pont est aussi fragile qu’une corde, aussi aiguisé qu’une épée et il est graduellement tacheté du sang noir des pécheurs. Une lame de feu se tient en face de ce siècle ; elle est teintée du sang des hommes ; celui des combattants et des victimes. In fine, ce pont formera une ligne sanglante de punitions à travers une page inutile ».

 

 

 

           

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704000 refus de visas européens en 2023 aux migrants africains https://mondafrique.com/decryptage/704000-refus-de-visas-europeens-en-2023-aux-migrants-africains/ Sat, 17 May 2025 06:05:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=133753 L’attrait de nombreux Sahariens pour l’Europe ne faiblit pas. Et ce, en dépit des dangers mortels liés aux voyages clandestins entre les deux continents. Les chiffres de 2024 sont éloquents. Le Maroc a fait avorter 78 685 tentatives d’émigrations irrégulières et plus de 30 000 migrants sahariens ont été expulsés d’Algérie vers le Niger. La police sénégalaise […]

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L’attrait de nombreux Sahariens pour l’Europe ne faiblit pas. Et ce, en dépit des dangers mortels liés aux voyages clandestins entre les deux continents. Les chiffres de 2024 sont éloquents. Le Maroc a fait avorter 78 685 tentatives d’émigrations irrégulières et plus de 30 000 migrants sahariens ont été expulsés d’Algérie vers le Niger. La police sénégalaise a interpellé 4 630 personnes pour des faits liés directement au trafic de migrants, par voie terrestre, aérienne ou maritime. Environ 16 500 Maliens ont réussi à joindre l’Europe, de manière irrégulière, faisant du Mali le principal pays d’origine des migrants en 2024.

Les africains désirant se rendre, de manière régulière, en Europe se heurtent à un taux de rejet des demandes de visa Schengen à hauteur de 43,1%, soit 704 000 refus enregistrés, en 2023.

Paul Amara, consultant Centre des Stratégies pour la Sécurité du Sahel Sahara (Centre4s.org)

Poussés par l’Union européenne, soucieuse de garder les migrants à bonne distance de ses frontières, les états du Sahel semblent, chacun, gérer cette question à l’échelle nationale. Dans la plupart des pays européens, les immigrés subsahariens représentent en moyenne 0,4 de la population, contre un pic de 1,4% en France.

Selon les Nations-Unies, les migrants sont ‘’les personnes qui ont résidé dans un pays étranger pendant plus d’une année, quelles que soient les causes, volontaires ou involontaires et quels que soient les moyens, réguliers ou irréguliers, utilisés pour migrer’’. Des personnes en déplacement, peu importe les raisons. Ici, ce terme désigne toutes les personnes originaires du Sahel nourrissant un projet de migration en Europe, par des voies irrégulières.

Trois routes pour joindre l’Europe.

Les migrants subsahariens empruntent essentiellement trois routes pour joindre l’Europe.

– La route atlantique, par laquelle les migrants sahéliens partent des côtes d’Afrique de l’ouest. Ils y embarquent sur des bateaux de différents calibres à destination des îles Canaries, Espagne. Cette route est très meurtrière avec décès et disparitions liés aux  naufrages et intempéries. Entre janvier et septembre 2024, 30 808 migrants sont parvenus aux Canaries.

– La route ouest-méditerranéenne, d’où partent les candidats d’Afrique subsaharienne, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Le parcours s’effectue à travers le Sahel et le Sahara jusqu’aux côtes algériennes et marocaines. Un itinéraire extrêmement dangereux, car beaucoup perdent la vie, entre autres, dans le désert. Selon l’Organisation pour les migrations internationales (OIM), 11 423 migrants arrivèrent en Espagne, pendant la même période.

– La route méditerranée centrale, qui prend ses racines dans le Sahel et traverse le Sahara jusqu’aux côtes de Libye et de Tunisie, en direction d’Italie ou de Malte. Des subsahariens passent par cette voie, également, très dangereuse. Durant la période considérée, 49 794 migrants ont pu atteindre l’Italie ou Malte par ce circuit.

La Méditerranée, cimetière des migrants

Ces trois routes ont transformé la Méditerranée et le Sahara en cimetières pour migrants. La Méditerranée centrale demeure la route la plus meurtrière au monde, avec environ 25 000 disparus en mer au cours de la dernière décennie, selon l’OIM. Il est précisé que plus de 12 000 de ces victimes ont disparu en mer après avoir quitté la Libye, déchirée par la guerre, depuis 2011. D’innombrables infortunés ont péri en traversant le désert. United, un réseau de plus de 560 associations européennes, soutenant les migrants et réfugiés, évoque des raisons complémentaires : ‘’ D’autres sont morts dans des centres de détention à cause des conditions de vie extrêmes …. Ils se sont suicidés ou sont décédés de maladies attrapées sur le chemin de l’exil. Certains se sont déshydratés à la suite de diarrhées très graves. D’autres encore ont été tués par la police aux frontières’’.               

De nombreux facteurs alimentent ou encouragent ces migrations. Au Sahel, on peut citer, entre autres, de fortes croissances démographiques, des économies nationales incapables de fournir assez d’emplois aux jeunes, le terrorisme, le changement climatique. Près de 33 pc des sahéliens vivent dans les capitales nationales à la recherche de sécurité et d’emplois ou fuyant la dégradation continue de l’environnement (sécheresses, inondations). Pour les plus déterminés : ‘’plutôt la misère dans les capitales, ou au-delà des mers, que parmi les siens’’. En Europe, la baisse démographique s’enracine, alors que des secteurs vitaux crient leurs besoins de recrutements : bâtiment, voierie, agriculture (Italie et Espagne). Enfin, la migration constitue un énorme business pour divers acteurs informels, voire mafieux européens et africains, qui l’encourage. Les souverainismes européens anti migrations ne peuvent ignorer tout cela. Pour barrer la route à ces milliers de candidats à l’Europe ou à la mort, l’EU a passé des accords avec des pays sahéliens. De ce fait, les politiques de gestion de la migration au Sahel sont l’émanation de l’Union européenne. Le Niger et la Mauritanie en sont des exemples illustratifs.

Niger, longtemps pays gendarme.

Le 26 mai 2015, le Niger adopta la loi 2015-36 criminalisant la migration. Une sorte d’approche sécuritaire initiée avec le concours de l’Union européenne afin de freiner la migration irrégulière vers l’Europe. De 2016 au 25 novembre 2023, le Niger aurait bloqué environ 95 200 migrants, en particulier à Assamaka, petite ville désert, région d’Agadez, à proximité de la frontière algérienne.  Au lendemain du sommet euro-africain de La Valette,  Malte, (11 et 12 novembre 2015), et alors que l’UE traversait une grave crise migratoire, Niamey reçut d’importants financements pour contrôler les flux et réduire le nombre de migrants irréguliers. La collaboration se déroulait si bien que les deux partenaires décidèrent de ‘’ passer à la vitesse supérieure’’, en signant un partenariat opérationnel pour combattre le trafic, le 18 juillet 2022. Ce nouvel acte devait permettre au Niger d’améliorer l’impact de l’équipe d’enquête conjointe établie dans le cadre de la mission civile européenne (EUCAP) Sahel-Niger. Cette belle entente vola en éclats avec le coup d’État militaire du 26 juillet 2023. Suite à cet événement, le chef de la diplomatie européenne d’alors, Josep Borell, annonça la suspension totale des activités et des programmes mis en place avec les autorités nigériennes, y compris celles liées au contrôle des frontières. L’UE a décidé d’autres sanctions dont certaines ciblant les auteurs et co-auteurs du putsch. En réaction, les nouvelles autorités abrogent la loi anti-passeurs, le 26 novembre 2023, ouvrant la voie au retour des migrations irrégulières. Le Niger a cessé d’être la frontière sud de l’Europe. La migration irrégulière au Niger cesse d’y être un crime. Conséquence : en application de ladite loi, les passeurs qui se trouvent derrière les barreaux, retrouvent  la liberté et leur emprisonnement ne sera pas notifié dans leur casier judiciaire, comme si la loi n’avait jamais existé. Il ne prendra plus de dispositions pour interdire aux migrants, en transit sur son territoire, de converger vers l’Europe, via la Libye ou l’Algérie.

La Mauritanie, pays de transit majeur.

La Mauritanie est un pays de transit majeur pour les migrants ouest-africains se rendant en Europe via les Canaries, la route Atlantique. Selon les autorités espagnoles, jusqu’à 83 % des migrants qui y débarquent transitent par la Mauritanie. Pour les Nations-Unies les migrants en provenance du Sahel sont passés de 57 000, en 2019, à plus de 112 000 en 2023 ! La traversée est loin d’être un long fleuve tranquille. En effet, certains candidats à l’Europe peuvent passer plusieurs années en Mauritanie, avant de traverser vers l’Espagne. La plupart de ces téméraires partent de Nouadhibou, Mauritanie. Depuis la réactivation de la route des Canaries, en 2021, cette ville est devenue un point de passage important pour les migrants, soit 30 000 pour une population de 140 000 habitants, soit 25%. La Mauritanie se déclara ‘’totalement engagée’’ aux côtés de l’Espagne et de l’UE, pour combattre les flux migratoires irréguliers. Elle dit devoir faire de gros efforts pour garantir la sécurité des migrants, contrôler ses frontières, mobiliser ses forces de sécurité et renforcer les services de base. En septembre 2024, le ministère de l’Intérieur publiait les premiers résultats de cette politique. Sur les huit premiers mois de 2024, le pays a expulsé 10 753 migrants, soit une augmentation de 14%, par rapport à 2023. L’organisation mondiale de défense des droits de l’homme, Amnesty International, notèrent que : ‘’ Cette politique d’arrestations et de renvois collectifs de la part des autorités mauritaniennes fait suite aux pressions intenses exercées sur ce pays par l’Union européenne et notamment l’Espagne qui cherchent à impliquer certains pays africains dans leur lutte contre les migrations irrégulières vers l’Europe’’. Cette politique résulte d’un partenariat signé entre la Mauritanie et l’UE le 04 mars 2024 à Nouakchott et prévoyant  210 millions d’euros pour ce pays. Fin octobre 2024, le ministre de la Défense de la Mauritanie tirait sur la sonnette d’alarme : l’afflux de migrants, fuyant l’insécurité au Sahel, ‘’ a atteint un seuil critique.’’ Cette situation ‘’ entraîne une intensification du flux de migrants irréguliers traversant la Mauritanie’’ vers les Canaries, d’où des records de traversées irrégulières. Cet afflux ‘’constitue une forte pression économique, sociale et sécuritaire sur les régions d’accueil’’, a encore déploré le ministre. Le pays ‘’souhaite renforcer ses programmes de coopération avec l’Espagne et l’Europe en général, en matière de migration sûre, ordonnée et régulière en particulier’’.

Le futur incertain.

L’UE adopta, en avril 2024, le Pacte européen sur la migration et l’asile, visant à gérer les migrations et à établir un régime d’asile commun en son sein. En outre, il soutient les États membres confrontés à des pressions migratoires, tout en garantissant la sécurité des frontières extérieures. Le Pacte est enrobé des valeurs européennes. Son objectif majeur est de créer un système de migration plus juste et plus efficace, apportant des résultats concrets sur le terrain. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, informa les dirigeants européens que le Pacte ne sera pleinement déployé qu’en juin 2026. Dans l’intervalle, la Commission a publié un règlement, censé accélérer les retours aux pays d’origine. Elle a aussi débloqué 3 milliards d’euros pour la mise en œuvre du Pacte, pour la période 2025 – 2027. S’y ajoutent 1,6 milliards d’euros, issus de la révision, à mi-parcours, du réexamen des différents programmes nationaux. Comme trophée de l’efficacité des nouvelles politiques européennes, la présidente arbore une baisse de 38% des franchissements des frontières, en 2024. En particulier, la Méditerranée centrale affiche une chute spectaculaire de 59%, sur 66 800 détections, avec un record de 80% depuis la Tunisie. Toutefois, en Europe l’offre d’emplois pour certains travaux est une réalité et l’autre réalité est que l’offre de main d’œuvre reste très déficitaire !

 

 

 

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Un surprenant sondage réalisé auprès des Maliens https://mondafrique.com/confidentiels/un-surprenant-sondage-realise-aupres-des-maliens/ Thu, 15 May 2025 02:12:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=133568 Depuis 2012, la fondation Friedrich-Ebert-Stiftung publie chaque année un sondage sur l’état de l’opinion des Maliens quant aux situations politiques, économiques et sécuritaires de leur pays. Cette nouvelle enquête étonne à plus d’un titre. Le 16ème rapport Mali-mètre, publié en mai 2025 par la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES), s’inscrit dans la droite ligne des éditions précédentes. […]

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Depuis 2012, la fondation Friedrich-Ebert-Stiftung publie chaque année un sondage sur l’état de l’opinion des Maliens quant aux situations politiques, économiques et sécuritaires de leur pays. Cette nouvelle enquête étonne à plus d’un titre.

Le 16ème rapport Mali-mètre, publié en mai 2025 par la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES), s’inscrit dans la droite ligne des éditions précédentes. Il dresse un panorama détaillé de l’opinion publique malienne sur la situation politique, économique et sociale du pays. Basé sur une enquête menée auprès de 2 220 personnes à Bamako et dans dix capitales régionales, il met en lumière les perceptions, attentes et priorités des citoyens maliens.

Principaux résultats du sondage :

  • Plus de 90% des sondés se disent satisfaits de la gestion de la transition et 82% approuvent le nouveau gouvernement.
  • 68,7% des Maliens estiment que la situation générale du pays s’est améliorée au cours des 12 derniers mois. Il faut noter toutefois de grandes disparités, ils sont 88,5% à approuver contre 44% à Gao.
  • 87,5% des citoyens croient à une amélioration de la situation nationale dans les six prochains mois et le même pourcentage pense que leurs enfants vivront mieux à l’avenir.

Ces chiffres, dont rêveraient les dirigeants actuels français, surprennent alors que la situation politique se tend, que les partis politiques viennent d’être suspendus et les manifestations de l’opposition interdites. Cependant, la fondation Friedrich-Ebert-Stiftung, financée par le gouvernement allemand, ne peut être soupçonnée de favoriser artificiellement les autorités de Bamako. Cela signifie donc que le Président de la transition, Assimi Goïta, et les quatre autres généraux au pouvoir bénéficient encore d’un fort soutien populaire.

Minusma, Russie, et Alliance des Etats du Sahel…

Cette enquête d’opinion montre également qu’une grande majorité de Maliens ne regrettent pas la MINUSMA. Ils sont 67 % à considérer que le retrait de la mission onusienne  a eu un impact positif sur l’amélioration de la sécurité, la restauration de l’intégrité territoriale et le retour de la paix. Ceux qui ne partagent pas cet avis sont ceux qui ont perdu leur emploi avec le départ des casques bleus.

La présence Russe est également plébiscitée et ce malgré les exactions des mercenaires de Wagner. 78,8% des Maliens font confiance à la Russie pour aider le Mali à retrouver son intégrité territoriale.

Mais la palme d’or de cette enquête revient à l’Alliance des Etats du Sahel qui obtient des scores soviétiques avec 92% de satisfaction. Si l’AES peut se réjouir de cet excellent résultat, ce sondage devrait également faire plaisir à la CEDEAO puisque 62% des Maliens ne souhaitent pas rompre pour autant avec l’institution sous-régionale.

Vouloir à la fois rester dans la CEDEAO et soutenir l’AES n’est pas si incohérent qu’il n’y paraît. Il s’agit moins de choisir un camp que préserver tous les leviers possibles pour l’avenir du pays et de garder l’espoir dans une coopération régionale.

 

 

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Le général Hemedti, l’architecte en chef du chaos soudanais https://mondafrique.com/decryptage/le-general-hemedti-larchitecte-en-chef-du-chaos-soudanais/ Wed, 14 May 2025 12:24:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=133553 Chef de guerre redouté, le général Mohamed Hamdan Dagolo, dit « Hemedti », est un personnage central du conflit qui ravage le Soudan depuis 2023. Parti de rien, ce militaire sans foi ni loi a réussi à s’imposer politiquement et à devenir un des hommes les plus riches du  pays. Une ascension qu’il doit avant tout à […]

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Chef de guerre redouté, le général Mohamed Hamdan Dagolo, dit « Hemedti », est un personnage central du conflit qui ravage le Soudan depuis 2023. Parti de rien, ce militaire sans foi ni loi a réussi à s’imposer politiquement et à devenir un des hommes les plus riches du  pays. Une ascension qu’il doit avant tout à sa brutalité et à son alliance avec les puissances régionales.

Leslie Varenne

Né en 1974 dans une famille de la tribu arabe Mahariya des Rizeigat, originaire du Darfour et du Tchad, Mohamed Hamdan Dagolo est le fils d’une famille de bergers nomades. Il a grandi dans un contexte de conflits communautaires où son clan a connu l’exclusion. Cette enfance lui a permis de se construire une image de défenseur des pauvres et des laissés-pour-compte face aux élites de Khartoum. En réalité, tout son parcours s’inscrira dans la violence ethnique.

En 2003, lors de la première guerre du Darfour, il rejoint les Janjawid, un groupe pro-gouvernemental chargé d’attaquer les populations non-arabes de la région. Cette milice se rend tristement célèbre par ses massacres, viols déplacements forcés. Hemedti s’y distingue par sa brutalité, une efficacité sans pitié, gravissant les rangs jusqu’à devenir commandant, puis chef. Devant ses « excellents » résultats, il est dans la foulée promu général d’armée. En 2013, pour tenter de blanchir l’image des Janjawid, le régime d’Omar el-Béchir les rebaptise Forces de soutien rapide (FSR). À la tête de ces troupes, Hemedti contrôle non seulement les territoires du Darfour, mais aussi ses richesses : mines d’or, gomme arabique, bétail.

L’ascension par la terreur

Lorsqu’en 2015 la coalition menée par l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis déclare la guerre aux Houthis du Yémen, il engage des milliers de combattants soudanais, principalement issus des FSR, pour combattre aux côtés des monarchies du Golfe. Cette intervention lui apporte un soutien politique et financier massif, tout en consolidant ses alliances avec Riyad et Abu Dhabi, l’or noir des pétromonarchies coule abondamment dans ses caisses.

Ce rôle de patron d’une entreprise de mercenaires lui donne en outre une stature internationale. Il parade dans les capitales africaines et arabes, négocie les questions migratoires et le contrôle des frontières avec les diplomates occidentaux. Ainsi, il se construit une légitimité de chef d’Etat en puissance. Malgré les milliers de combattants et les moyens colossaux mis à la disposition des FSR par la coalition, les Houthis finiront par gagner la guerre après avoir subi des pertes, des destructions et enduré la famine pendant huit ans. Mais le mal est fait, Hemedti est aux portes du pouvoir à Khartoum.

Frankenstein à Khartoum

Après un grand mouvement populaire qui a déstabilisé le régime soudanais, l’armée renverse Omar el-Béchir en avril 2019.  Le général al-Burhan à la tête de l’armée régulière prend la direction du Conseil de transition, Hemedti patron d’une armée privée en devient le numéro 2. Le ver est dans le fruit. En juin 2019, la population manifeste pacifiquement afin que le pouvoir soit rendu aux civils. Les FSR passent à l’action, ils font ce qu’ils ont toujours fait. Ils sèment la terreur et la désolation en dispersant le sit-in à coups de gaz lacrymogène et de balles réelles.

Les rapports d’ONG qui suivront feront état également de viols, de corps jetés dans le fleuve, a minima 130 personnes sont décédées ce jour-là. Quelques jours plutôt devant les exigences des militants pro-démocratie, le patron des mercenaires, qui s’exprime très rarement, avait lancé cette phrase prémonitoire : « Ma patience avec la politique a des limites. »

Après ce massacre, la politiste Sarra Majdoub écrit un article publié dans Orient XXI intitulé « Frankenstein à Khartoum ». En conclusion, l’analyste imaginait la suite : « Dans tous les cas ,Hemetti est une menace, même si les militaires se maintiennent au pouvoir. Il pourrait se transformer en Frankenstein qui non seulement anéantirait les espoirs d’un Soudan nouveau, mais se retournerait contre ceux qui l’ont créé et accaparerait le pouvoir. »

L’appui décisif des Émiratis

Et c’est précisément ce qu’il advint. Le 15 avril 2023, les deux généraux au pouvoir se déclarent la guerre.  Si l’armée régulière dirigée par al-Burhan n’est pas exempte de reproches, les combattants d’Hemedti se lancent dans une entreprise de destruction à grande échelle. Khartoum est ravagée par les flammes et les destructions volontaires, les populations qui le peuvent fuient principalement en Egypte, les autres subissent les exactions de la milice. Puis la guerre s’étend à l’ensemble du pays avec toujours le même scénario tragique : massacres, viols, déplacements de populations. Bien entendu, l’ancien berger devenu milliardaire ne pourrait combattre les forces régulières soudanaises sans de puissants appuis.

Si l’Arabie saoudite s’est rangée du côté du gouvernement soudanais, les Emirats arabes unis apportent aux FSR un soutien diplomatique, financier, militaire, logistique, de grande ampleur. Mais une nouvelle fois, malgré tous les moyens mis à sa disposition, Hemedti a perdu de nombreuses positions, notamment toute la région de Khartoum. Depuis plusieurs mois, il prépare un repli stratégique sur le Darfour qu’il contrôle encore en grande partie, excepté la capitale régionale El-Fasher. Il mise désormais tout sur son bastion ouest devenu le nouvel épicentre du conflit soudanais avec les attaques massives contre les civils et les camps de déplacés, notamment celui de Zamzam. Cette stratégie n’est pas sans rappeler les logiques de partition qui ont déjà déchiré le pays par le passé, comme lors de la sécession du Soudan du Sud. Le patron des FSR agit-il ainsi pour garantir sa survie politique et militaire ou est-il encore le mercenaire des Emirats arabes unis ? Quelle que soit la réponse, son nom restera associé à l’histoire tragique du Soudan.

 

 

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Notre entretien avec Mustafa Al-Majdoub, candidat à la Présidence libyenne https://mondafrique.com/a-la-une/libye-volet-iv-mustafa-al-majdoub/ Mon, 12 May 2025 01:27:37 +0000 https://mondafrique.com/?p=133085 Né en 1980, le Dr Mustafa Al-Majdoub, chef du Parti républicain libyen, est candidat à la fois au futur gouvernement et à la Présidence libyenne. Docteur en droit et titulaire d’un master en économie, ce représentant d’une nouvelle génération politique en Libye réalisait une thèse psur : « Le crime de négligence et ses peines : étude […]

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Né en 1980, le Dr Mustafa Al-Majdoub, chef du Parti républicain libyen, est candidat à la fois au futur gouvernement et à la Présidence libyenne. Docteur en droit et titulaire d’un master en économie, ce représentant d’une nouvelle génération politique en Libye réalisait une thèse psur : « Le crime de négligence et ses peines : étude comparative entre le droit libyen et indonésien ». Le major Al-Majdoub a été promu au grade de commandant de la première brigade d’infanterie de l’Armée nationale libyenne, sous le commandement du gouvernement de Fayez al-Sarraj (2019) avant de travailler au sein du ministère de l’Intérieur. Il est conseiller juridique des familles des martyrs du massacre d’Abu Salim(1996).

Le Dr Mustafa Al-Majdoub s’est rendu en France au début du mois de mai et a rencontré de hauts responsables français, dont l’actuel Premier ministre, François Bayrou et l’ancien Premier ministre, Gabriel Attal en marche d’une cérémonie. Il a également pu s’entretenir à l’Élysée l’envoyé du président Macron en Libye, Paul Soler (voir la photo ci dessou).

Un entretien avec Khaled Saad Zaghloul

 

               Notre entretien avec le Dr Mustafa Al-Majdoub

La Libye traverse l’une de ses crises les plus complexes depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Quelle est la raison de votre visite en France, alors que les autres candidats se dirigent vers l’Italie ? Est-ce votre première visite ?

Dr. Mustafa Al-Majdoub : En fait, concernant ma présence en France, ce n’est pas ma première visite. Je visite tous les pays concernés par le dossier libyen, y compris la France, car c’est un pays important et un membre permanent du Conseil de sécurité parmi les cinq grands pays disposant d’un droit de veto. Nous entretenons également avec la France des relations historiques qui remontent à plus de 200 ans. Je considère que la France a un rôle important à jouer dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en Libye, et je suis donc pleinement convaincu du rôle français à cet égard. Nous avons des expériences précieuses avec la France à travers plusieurs présidents de la République française. La France a la faveur et l’amour du peuple libyen. Il a traité avec tous les gouvernements précédents en Libye. Nous avons des relations militaires, politiques, sécuritaires et économiques en Libye, notamment en ce qui concerne la compagnie pétrolière Total.

La raison de ma visite en France est que j’ai constaté que l’administration française s’intéresse à la question libyenne et s’efforce de rétablir la sécurité et la stabilité militaire en Libye afin que nous puissions réussir à mettre en œuvre de grands projets de développement et de construction. Le gouvernement actuel en Libye, le gouvernement d’unité nationale dirigé par Abdul Hamid Dbeibah, a malheureusement adopté une approche différente. Elle a rejeté le rôle de la France et refuse de traiter avec elle. Elle ne traite qu’avec l’Italie, en lui attribuant tous les projets. C’est pour contrarier la France, car elle n’aime pas la France. Cependant, j’aime la France parce que je connais le rôle et les capacités françaises dans le dossier libyen, c’est pourquoi j’ai visité la France.

Avez-vous rencontré des responsables français ?

J’ai parlé avec le Premier ministre  français M. François Bayrou. J’ai également rencontré des responsables du ministère français des Affaires étrangères au sein de la Direction de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. J’ai également rencontré à l’Elysée l’envoyé spécial du président Macron en Libye, M. Paul Soler, et un groupe de parlementaires,  M. Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité nationale à l’Assemblée Nationale, et la députée Mme. Amélia Lagrafi, du parti au pouvoir de Macron (Ensemble pour la République), et la sénatrice centriste Mme Nathalie Goulet, chargée de la lutte contre le terrorisme et la corruption financière au Sénat pour le Parti de l’Union des Nations.

« Je lutterai contre le terrorisme et la corruption en Libye. j’ai besoin du soutien de  la France et de l’Egypte  pour rétablir la sécurité et la stabilité en Libye »

Je leur ai présenté mon programme en tant que maître d’ouvrage d’un projet de sécurité et de stabilité militaire en Libye, en phase avec la vision de la République française, le rôle européen, et avec le plan américain et la vision britannique en Libye. Je leur ai dit que la stabilité de la Libye est la stabilité de la France et de l’Europe, et ils le savent. J’ai proposé ce projet pour que nous réussissions à imposer la stabilité et la sécurité, et après cela nous organiserons les autres étapes, au premier rang desquelles les élections parlementaires et ensuite les élections présidentielles.

Les Libyens souffrent d’un manque de sécurité dans le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Pouvez-vous nous expliquer la situation actuelle en Libye, d’autant plus que toutes les organisations terroristes, Al-Qaïda, ISIS et autres, sont présentes en Libye ?

– Oui, c’est malheureusement vrai. Toutes les organisations terroristes étaient présentes en Libye et nous les avons combattues avec force. Nous les avons combattus tous ensemble. J’ai personnellement enlevé mes vêtements civils et mis mon uniforme militaire. Je les ai combattus aux côtés du peuple libyen, des médecins, des ingénieurs et des étudiants. Même les diplomates et les ambassadeurs sont retournés en Libye et les ont combattus, et certains d’entre eux sont tombés en martyrs. Nous les avons tous éliminés, leur nombre était de plus de six mille terroristes, et nous en avons capturé un très grand nombre et découvert la corruption de leurs croyances et leur excommunication de tous les musulmans et arabes.

Comment sont-ils arrivés dans votre pays ?

– Ces organisations terroristes,  Daech, Al-Qaïda et d’autres terroristes et extrémistes, sont venues en Libye parce qu’elles y ont trouvé un sol fertile et un environnement d’instabilité propice au développement du terrorisme. Ils recherchent l’instabilité et le chaos sécuritaire. La question de la Libye n’est pas politique, mais plutôt une question de sécurité en raison de l’instabilité. La Libye a donc porté préjudice aux pays de la région, malheureusement. Cela a porté préjudice à l’Égypte, à la Tunisie et aux pays voisins de l’Égypte, ainsi qu’à l’Europe, en particulier à la France. Je n’accuse pas les Libyens, mais l’instabilité a entraîné la présence de ces organisations terroristes. Elle a également conduit à l’immigration illégale par bateau vers l’Europe et à l’infiltration de terroristes parmi ceux qui fuient le chaos, et ils ont commis des catastrophes en Europe.

Où voyez-vous la solution de votre point de vue ?

Je déclare par l’intermédiaire de votre journal que la solution est entre les mains de l’Europe en général, car la Libye est la porte d’entrée de l’Europe à travers la Méditerranée. Nous avons été voisins de l’Europe tout au long de l’histoire. La solution réside dans le soutien au dossier sécuritaire pour imposer la stabilité en Libye, et non dans le fait de compter sur des individus spécifiques pour réussir dans le dossier de la stabilité, car ils ont malheureusement échoué. J’appelle toute l’Europe, par l’intermédiaire de votre journal, à reconsidérer la situation sécuritaire en Libye et à ne pas parier sur des personnes sur lesquelles elle a parié dans le passé.

Le gouvernement d’unité nationale a volé 52 milliards de dollars aux moyens de subsistance du peuple libyen.

  • Il existe en Libye des gangs armés qui vendent du pétrole libyen sur le marché noir, et la corruption, le chaos et les crises sont généralisés. Alors, parlez-nous de la corruption et de la manière dont elle est combattue ?

– Malheureusement, c’est vrai. 400 000 barils de pétrole libyen sont vendus quotidiennement sur le marché noir par voie maritime. Mais, puis-je corriger votre information, ce n’est pas par le biais de gangs armés, de milices ou de voyous ? Soyons clairs : le gouvernement d’unité nationale vend du pétrole par l’intermédiaire d’une société appelée Arakno, basée à Dubaï, qui possède un compte personnel auprès du gouvernement et de certains particuliers dans l’est de la Libye. Les ventes de pétrole sont effectuées avec la connaissance du gouvernement, mais elles passent par les ports de Tobrouk et de Benghazi.

  • Depuis combien de temps le pétrole libyen est-il introduit en contrebande ? Qui accuses-tu ? Avez-vous des noms de personnes à Benghazi ?

– Nous n’accusons personne à Benghazi, mais nous accusons le gouvernement parce que c’est lui qui vend ce pétrole et le partage avec des gens dont je ne sais pas qui ils sont, mais nous savons que le gouvernement actuel depuis trois ans est celui qui reçoit cet argent provenant des moyens de subsistance des Libyens et qui fait passer en contrebande cet argent des Émirats vers la Bulgarie et la Grèce dans les comptes personnels des membres du gouvernement d’unité nationale, de leurs enfants et de leurs partenaires.

  • Avez-vous des preuves de cela ?

Oui, nous avons les preuves. Il y a un mois, le comité d’experts du Conseil de sécurité a publié un rapport détaillé sur cette corruption. Il mentionnait les personnes qui vendent le pétrole, et même le nombre de navires et de bateaux qui fournissent du pétrole à la Libye. Il a également mentionné que le gouvernement d’unité nationale a créé légalement la société Arachno par décret et a ouvert un compte pour elle à Dubaï. Il échappe à la concurrence et vend le pétrole libyen à l’État et au peuple libyens, mais il le collecte uniquement pour lui-même.

Pourriez-vous nous donner un bref aperçu du candidat Mustafa Al-Majdoub ? Comment est née l’idée de vous présenter au gouvernement et à la présidence ?

Je viens de la base, du peuple libyen qui a souffert. Comme eux, je suis né du ventre de la souffrance. Je suis le produit de la souffrance en Libye. Je n’ai jamais été ministre ou sous-secrétaire. Mais quand j’ai vu la corruption et découvert que tous les gouvernements sont corrompus et que la plupart des fonctionnaires sont corrompus et volent nos moyens de subsistance, l’idée de ma candidature et mon ambition de sauver les Libyens m’est venue.

 e veux sauver l’argent du peuple libyen qui a été pillé par le gouvernement légitime. Malheureusement, c’est lui qui exploite les moyens de subsistance du peuple libyen et ne donne au peuple que ses salaires mensuels, tout en allouant les bénéfices à ses ministres et à ses gangs. C’est la situation actuelle et l’état de la Libye qui m’ont poussé à me présenter aux élections. J’ai ressenti un sentiment de responsabilité nationale envers mon pays et son peuple, et je me suis également senti capable et déterminé à contribuer à sauver la Libye et à la conduire vers la sécurité grâce à un plan que j’ai soigneusement préparé et que nous nous efforcerons de mettre en œuvre si Dieu le veut et que nous parvenons au siège du pouvoir.

J’espère coopérer avec tous les pays du monde pour le bien de notre peuple libyen. Nous n’avons aucune hostilité envers aucun pays. Tout pays qui soutient le peuple libyen est, à mon avis, un pays ami de la Libye.

Nous avons un problème plus grave que la corruption financière, qui est la corruption administrative.

Comment allez-vous lutter contre la corruption ? Avez-vous un plan ?

 J’ai une vaste expérience dans ce domaine, ayant travaillé pendant de nombreuses années au ministère de l’Intérieur et au Conseil des ministres. Je connais bien les dossiers et je sais que la corruption est endémique en Libye. Malheureusement, ses répercussions négatives sur la société et la population s’aggravent, car elles constituent un obstacle au développement, à la réforme et à des investissements judicieux dans divers domaines. Cela a entravé la croissance économique et conduit à un manque d’efficacité économique en Libye.

Je crois que sa cause est également politique, fondée principalement sur la faiblesse de la législation, des systèmes de surveillance et de responsabilité, et sur le rejet par la majorité de la classe dirigeante de toute forme de réforme par crainte de compromettre ses chances de rester au pouvoir et de saper son contrôle sur les ressources du pays.

En outre, l’Occident de style colonial soutient la nomination de personnalités incompétentes entourées d’assistants corrompus pour gouverner les affaires, empêchant l’essor de la nation libyenne et la maintenant captive de la tyrannie, de la fragmentation et du retard. Il est donc nécessaire de renforcer la structure législative et les institutions de contrôle. Ces institutions, selon la Constitution, sont censées jouer un rôle clair dans la supervision du pouvoir exécutif et des pratiques gouvernementales.

En ce qui concerne mon projet, je voudrais vous informer que l’une des dispositions les plus importantes de la feuille de route que j’ai l’intention de suivre dans mon projet politique pour imposer la sécurité et la stabilité en Libye est de lutter contre la corruption financière et administrative en promulguant un ensemble de lois qui définissent divers crimes de corruption et leurs sanctions, et en créant des organismes et des institutions nationales qui œuvrent pour prévenir la corruption, surveiller et enquêter sur les cas de corruption, tels que l’Unité de renseignement financier, l’Autorité nationale de lutte contre la corruption et le Bureau central pour la répression de la corruption. Ces points sont importants en parallèle avec la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, car je lutterai vigoureusement contre toute étiquette d’extrémisme et de terrorisme, qui est l’une des causes des obstacles à la construction de l’État. Il ne doit pas y avoir de présence de ce virus en Libye, car il a toujours porté préjudice à notre pays et à notre peuple et s’est propagé aux pays voisins, tant au niveau régional qu’international. Je confirme que je travaillerai pour qu’il n’y ait pas de place pour lui en Libye, en Europe ou en Amérique.

« Nous avons un problème plus grave que la corruption financière, qui est la corruption administrative. Le gouvernement actuel de Tripoli a corrompu les institutions ».

Aujourd’hui, toutes les institutions gouvernementales libyennes sont corrompues et ne traitent que par pots-de-vin. Tous les contrats obligent les traders à déduire un pourcentage en dehors du contrat, et ce pourcentage a atteint 50% du budget. Ils ne se soucient pas de la qualité du travail, même s’ils construisent des bâtiments ou des routes qui ne répondent pas aux normes acceptées. Ils acceptent, mais à condition d’obtenir un contrat par lequel ils recevront 50% de l’argent nécessaire à la construction. Nous n’appelons pas cela de la corruption, mais du vol, comme me l’a dit l’ancien envoyé de l’ONU en Libye, Ghassan Salame

N’avez-vous pas peur que des intérèts puissants entravent votre lutte contre la corruption ?

Je ne crains personne d’autre que Dieu. Je me sacrifierais pour mon pays et mon peuple. Si personne n’agit en Libye, la corruption continuera, rongeant les moyens de subsistance de la population, sapant l’économie et entravant le développement et la construction. Certes, les mafias et les mercenaires craignent pour l’argent qu’ils ont volé, car il s’élève à des milliards. Même le gouvernement actuel a volé beaucoup d’argent.

Avez-vous un inventaire des sommes volées dans la nourriture des gens ?

Je dis en toute honnêteté que le gouvernement a volé environ 52 milliards de dollars. Malheureusement, il utilise cet argent pour corrompre des individus fortunés et certains juges, et lorsque des élections présidentielles ont lieu, il peut acheter les votes des Libyens ordinaires.

Exigez-vous des observateurs internationaux ?

Les observateurs ne révéleront pas l’achat de voix, même s’ils en ont dépensé 10 milliards, ils obtiendront la majorité, et c’est pourquoi j’exige par l’intermédiaire de votre journal que l’Europe, en particulier la France et la Grande-Bretagne, soutiennent le prochain gouvernement dans son travail afin qu’il réussisse sa mission, car nous n’y parviendrons pas. Même si je réussis et que je deviens chef du nouveau gouvernement et que je forme le cabinet ou même que je deviens président de la République libyenne, je ne réussirai pas seul car je n’ai pas de soutien international. Si l’Europe, la France, l’Amérique et la Grande-Bretagne ne me soutiennent pas, nous ferons tout notre possible pour réussir à mettre fin à la corruption et au terrorisme et à rétablir la sécurité et la stabilité afin de réussir à organiser des élections présidentielles, mais l’Europe doit nous soutenir pour que nous travaillions de toutes nos forces, de tout notre poids et de tout notre courage, et nous ne serons pas indulgents dans la construction de la stabilité et de la sécurité. Si j’ai le soutien de l’Europe, de l’Amérique et des pays arabes, je réussirai et nous travaillerons de toutes nos forces et nous ne serons pas indulgents, car le soutien international effraiera et sapera les baleines de la corruption en Libye.

L’Égypte est le plus grand pays arabe et le plus important de vos voisins régionaux. Avez-vous rencontré des responsables et que demandez-vous au président Sissi ?

C’est la question la plus importante et la plus fondamentale par excellence. Je ne dirai pas grand-chose de l’Égypte, la mère du monde, et je ne lui ferai pas de compliments. Mon témoignage sur l’Égypte est biaisé, et tous les Libyens connaissent la taille, la position et la valeur de l’Égypte, le pays de la civilisation et la mère de l’arabisme, avec lequel nous avons une grande histoire et des relations étroites au fil du temps remontant à des milliers d’années. La vingt-troisième dynastie des rois libyens Meshwesh régna sur la Haute-Égypte entre 734 et 880 av. J.-C., et c’est depuis l’Égypte que commença la conquête islamique de l’Afrique du Nord, avec la conquête de la Cyrénaïque puis de Tripoli. À de nombreuses autres époques, l’Égypte et la Libye ont été réunies en une seule entité administrative, notamment pendant le califat fatimide de 909 à 1171 après J.-C. L’Égypte a été l’un des premiers pays à traiter officiellement avec la Libye après son indépendance au début des années 1950. Après la fin de l’occupation italienne de la Libye, l’Égypte a été le premier pays à reconnaître l’indépendance de la Libye. Nous avons également des intérêts communs en matière de sécurité, car la sécurité nationale de l’Égypte est liée à la sécurité et à la stabilité de la Libye, qui représente une profondeur stratégique pour l’Égypte. Nous avons une frontière commune qui s’étend entre les deux pays, et la présence de tribus égypto-libyennes dans les deux pays. Il y a des Égyptiens d’origine libyenne et des Libyens d’origine égyptienne dans les deux pays. Nous avons également des liens de parenté et des mariages mixtes, pour toutes ces raisons et bien d’autres encore. Nous avons des intérêts communs.

En ce qui concerne mes rencontres avec les responsables égyptiens, oui, je me suis rendu au Caire et j’ai rencontré des responsables du ministère des Affaires étrangères et des services de sécurité. Je leur ai expliqué mon projet en Libye et leur ai dit que l’Egypte devait être fortement présente à mes côtés. Je suis déterminé à coopérer avec l’Égypte pour rétablir la sécurité et la stabilité dans mon pays, affronter les forces de la violence, de l’extrémisme et du terrorisme, empêcher le pays de sombrer dans le chaos, préserver l’unité du territoire libyen, sauvegarder ses ressources et respecter pleinement la volonté du peuple libyen et son droit à déterminer son propre avenir. Mon projet est très important, notamment pour soutenir l’Égypte et sa stabilité. La frontière égypto-libyenne est très vaste et nécessite un accord, une harmonie et une concorde entre l’Égypte et la Libye. Cela ne nécessite pas de conflits politiques comme le gouvernement actuel. Malheureusement, le gouvernement d’unité nationale actuel n’aime pas le gouvernement égyptien, mais lui est plutôt hostile en secret, sous la table. Je ne révélerai pas de secret. Il s’agit de traiter avec d’autres pays pour créer de l’hostilité envers l’Égypte. Le gouvernement actuel ne veut pas traiter avec l’Égypte, et je crois que le président Sissi et le gouvernement égyptien en sont bien conscients. J’ai dit cela au ministère égyptien des Affaires étrangères en toute honnêteté, que le gouvernement d’unité nationale ne vous soutient pas, ne vous veut pas et ne veut pas coopérer ou traiter avec vous. Quant à moi, j’aime l’Égypte et j’apprécie son rôle national, panarabe et régional, et je souhaite sincèrement et de manière réaliste la poursuite de la sécurité et de la stabilité en Égypte. Si la Libye est stable, l’Égypte sera stable. Quelle que soit la solidité de la sécurité en Égypte, la stabilité ne sera pas complète tant qu’il y aura des tensions à la frontière égypto-libyenne. C’est pourquoi je demande au président Sisi de soutenir mon projet et de se tenir à mes côtés, et je suis prêt à coopérer et à traiter avec l’Égypte dans tous les domaines et secteurs.

  • Pourriez-vous nous parler des points les plus importants de votre projet si vous dirigez le nouveau gouvernement libyen unifié, après la réunion de Genève ?

– Oui, la mission la plus importante de ce gouvernement est de renforcer la stabilité en Libye, d’assurer le bon déroulement des élections législatives et présidentielles et de superviser le processus. Mon projet vise à restaurer et à établir la stabilité et la sécurité en Libye en unifiant les régions, l’armée et les institutions de sécurité sous une direction nationale, libre de toute affiliation tribale ou idéologique.

J’ai un plan pour restaurer la stabilité militaire et sécuritaire en renforçant la sécurité nationale et régionale par la construction d’une armée et d’une force de police professionnelles, la reconstruction des institutions militaires et sécuritaires et la réforme des agences de police et de sécurité en améliorant les capacités de formation et de renseignement. Désarmer les groupes irréguliers et sécuriser les frontières et les infrastructures vitales. Restructurer le ministère de la Défense et l’état-major général conformément aux normes modernes de gestion militaire et rétablir le service militaire obligatoire pour renforcer la loyauté et la discipline nationales.

Pour parvenir à la réconciliation nationale et à la paix sociale, j’ai pour projet de lancer des programmes de réconciliation entre les parties en conflit. Et l’application de la justice transitionnelle pour parvenir à une réconciliation entre la justice et la paix sociale. Impliquer les jeunes dans les programmes nationaux de développement pour empêcher leur recrutement par des groupes armés.

En ce qui concerne l’établissement de partenariats internationaux pour soutenir la sécurité en Libye, j’ai un plan visant à renforcer la coopération avec les organisations internationales telles que les Nations Unies, l’Union africaine et la Ligue des États arabes. Coopération technique et formation avec les pays militaires avancés. Activation des accords d’échange de renseignements pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé.

  Avez-vous des échéanciers pour la mise en œuvre du projet électoral ?

– Oui, ce projet doit passer par quatre étapes. En bref, la première année (octobre 2025) : démarrage immédiat dès le début des travaux du gouvernement. Un processus de paix national sera lancé pour établir la stabilité militaire et sécuritaire en Libye, et des bataillons militaires seront déployés dans les villes et aux frontières libyennes. Soutenir la feuille de route pour la tenue d’élections libres et équitables, en coopération avec les Nations Unies. Mettre en œuvre les accords de cessez-le-feu et unifier les institutions militaires et de sécurité. Et soutenir les efforts de développement économique et de reconstruction. Renforcer les mesures de lutte contre le terrorisme et garantir la sécurité des frontières.

Au cours de la deuxième année (2026), nous commencerons à unifier les institutions militaires et de sécurité sous l’égide des ministères de la Défense et de l’Intérieur. Sécuriser les frontières libyennes pour lutter contre le terrorisme, l’extrémisme, l’immigration illégale et le trafic de drogue. Et la création de zones sans conflit, gérées en partenariat avec les Nations Unies et l’Union européenne. Nous commençons à sécuriser l’infrastructure, avec le soutien des forces spéciales européennes et libyennes, visant à fournir un programme de réhabilitation aux anciens combattants et aux femmes associés à l’EI.

Au cours de la troisième année (2027), nous accompagnerons la Haute Commission Nationale des Elections dans la préparation des élections législatives. Mise en place de structures de gouvernance administrative pour 13 gouvernorats.

La quatrième année (2028), nous organiserons des élections législatives. Modification et révision de la Constitution libyenne. Le projet de constitution a été soumis à un référendum national. Préparation et conduite des élections présidentielles. Transfert du pouvoir au président élu.

Libye (volet III), une situation sécuritaire chaotique

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Libye (volet III), une situation sécuritaire chaotique https://mondafrique.com/decryptage/libye-volet-iii-une-situation-securitaire-chaotique/ Sun, 11 May 2025 21:15:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=133101 Malgré l’accord de la commission militaire 5+5 en 2021, l’armée reste divisée entre les forces de l’Est (soutenant Haftar) et les milices de l’Ouest. Cette scission est inévitable, selon l’excellent analyste Hazem Rays: « Il est illusoire de compter sur la commission mixte militaire pour obtenir des résultats. Depuis sa création, elle n’a pas rempli […]

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Malgré l’accord de la commission militaire 5+5 en 2021, l’armée reste divisée entre les forces de l’Est (soutenant Haftar) et les milices de l’Ouest. Cette scission est inévitable, selon l’excellent analyste Hazem Rays: « Il est illusoire de compter sur la commission mixte militaire pour obtenir des résultats. Depuis sa création, elle n’a pas rempli ses obligations : le cessez-le-feu reste fragile (comme l’a souligné l’ONU), les mines ne sont pas retirées, les mercenaires et forces étrangères sont toujours présents, les milices ne sont pas désarmées, et aucune feuille de route crédible pour l’unification militaire n’a été proposée. On ne peut attribuer à la commission un rôle qu’elle est incapable d’assumer. »

Une chronique de Bechir Jouini, universitaire

Près de cinq ans après la signature de l’accord de « cessez-le-feu » à Genève entre les belligérants libyens, le pays riche en pétrole continue de naviguer dans les méandres d’une politique tortueuse, sans réels progrès vers la stabilité.

Signé le 23 octobre 2020 sous les applaudissements de la communauté internationale, cet accord devait ouvrir la voie à une réconciliation politique entre l’Est et l’Ouest de la Libye, divisés depuis des années. Pourtant, selon des observateurs, « l’écart ne cesse de se creuser entre les factions rivales, tant sur le plan politique que militaire », alors qu’un rapprochement avait un temps laissé espérer la fin du clivage institutionnel.

Le maréchal Haftar reste fort militairement

De nombreux Libyens constatent une accélération des manœuvres militaires et politiques de l’Est vers le Sud, au détriment du camp de Tripoli, qui se replie sur l’Ouest. Haftar contrôle toujours l’est de la Libye, notamment la Cyrénaïque, et possède une base militaire solide autour de Benghazi et d’autres villes stratégiques. Il conserve aussi un contrôle sur certaines zones du sud du pays riches en ressources (notamment pétrolières). Autant de leviers importants.

La Commission militaire mixte (5+5), chargée d’appliquer l’accord, n’a toujours pas rempli ses engagements, notamment le décompte conjoint des mercenaires et forces étrangères, leur regroupement dans des zones désignées, et leur retrait progressif.

 « L’absence d’avancées politiques est le principal obstacle à la pleine mise en œuvre du mandat de la Commission ». Stephanie Khoury, adjointe du Représentant spécial de l’ONU pour la Libye (UNSMIL)

L’accord prévoyait pourtant :

  • Un cessez-le-feu immédiatdès sa signature ;
  • Le retrait des forces militaires des lignes de front et leur retour dans leurs bases ;
  • L’expulsion de tous les mercenaires et combattants étrangers;
  • Un gel des accords militaires autorisant des entraînements étrangers sur le sol libyen.

Les parties avaient aussi convenu de former une unité militaire réduite, supervisée par la Commission (5+5), pour surveiller les violations et faciliter la transition.

Cependant, le processus politique reste bloqué par l’intransigeance des factions. Pire encore, la scission au sein du Conseil d’État – entre partisans de l’actuel président Khaled Al-Mechri et ceux de l’ex-président Mohamed Takala – pourrait « l’achever », aggravant ainsi la paralysie politique

Menaces terroristes

Des cellules de Daech restent actives dans le Sud, tandis que les frontières avec le Niger, le Tchad et le Soudan demeurent poreuses.

Depuis la chute de Kadhafi en 2011, la Libye reste un terrain propice à l’instabilité et au terrorisme. Entre 2021 et 2025, le pays a connu à la fois des avancées significatives dans la lutte contre le terrorisme et des défis majeurs, notamment l’expansion de groupes armés et la persistance de cellules dormantes.

L’État islamique (EI) (1) avait été défait à Syrte fin 2016. Mais son retour opérationnel s’est fait sentir dès 2017, confirmé en 2018 et amplifié avec l’offensive du maréchal Haftar vers l’ouest en avril 2019 (qui laissait le champ libre à l’est et au sud). Les événements marquants entre 2021 et 2025 sont les suivants

  1. 2021 : Émergence de nouvelles factions
    • Des groupes affiliés à Daech ont mené des  attaques, notamment à Sebha (mafrag el mazig) et dans le Sud, (juin2021)
  2. 2022-2023 : Reflux relatif mais menace latente
    • Les forces libyennes, appuyées par les frappes américaines et européennes, ont éliminé plusieurs chefs terroristes notament l operation « al bynyan » (rapport de l’ONU, 2022).
    • Pourtant, en octobre 2023, une attaque contre le champ pétrolier d’El-Shararaa rappelé la vulnérabilité des infrastructures économiques.
  3. 2024-2025 : Résurgence et nouveaux défis
    • La porosité des frontières avec le Tchad et le Niger a facilité le trafic d’armes et le recrutement de combattants

Les défis persistants

  • Faiblesse des institutions: Malgré la création d’un gouvernement d’unité, la division entre l’Est et l’Ouest entrave la coordination antiterroriste.
  • Présence de mercenaires étrangers: Environ 10 000 combattants étrangers (selon l’ONU) restent actifs, exacerbant l’insécurité.
  • Radicalisation en prison: Des rapports locaux alertent sur le recrutement en milieu carcéral 

Il reste que les acquis obtenus par la coopération internationale ne sont pas insignifiant.

  • Un renforcement des capacités militaires: La Libye a bénéficié d’une aide américaine et européenne (50 millions $ en 2023 pour la formation des forces spéciales).
  • Des succès opérationnels: En 2025, une opération conjointe avec les États-Unis a neutralisé un réseau de financement du terrorisme à Derna.
  • Une stratégie de stabilisation: L’Union européenne a lancé un programme de désarmement des milices (EUBAM Libya).

Un équilibre fragile

Si des progrès tactiques sont visibles, la stabilité à long terme dépendra :

  1. D’une réconciliation nationale
  2. Du désarmement des groupes armés.
  3. D’une coopération transfrontalière renforcée (notamment avec le Tchad et le Niger).


« La Libye ne pourra éradiquer le terrorisme sans un État unifié et des forces sécuritaires légitimes », a déclaré Jan Kubis, ancien envoyé de l’ONU (2021).

Une transition bloquée

Quatre ans après la formation du gouvernement d’unité, la Libye reste dans une transition bloquée, minée par les divisions politiques, la gestion chaotique des ressources et la mainmise des milices. Une solution durable nécessiterait :

  • Un dialogue national inclusif
  • Une réconciliation préalable aux élections
  • Une réforme en profondeur des institutions
  • Un consensus international notamment au sein de conseil de sécurité

 

Libye (volet I): deux gouvernements pour le prix d’un !

Libye (volet II), la gestion calamiteuse du pétrole

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Libye (volet II), la gestion calamiteuse du pétrole https://mondafrique.com/decryptage/libye-volet-ii-la-gestion-calamiteuse-du-petrole/ Sat, 10 May 2025 20:36:28 +0000 https://mondafrique.com/?p=133078 La Libye produit environ un million de barils de pétrole par jour, occupant ainsi la 17ᵉ place parmi les plus grands producteurs de pétrole au monde. Elle est le troisième plus grand pays producteur en Afrique et détient les plus grandes réserves prouvées de pétrole brut du continent africain. Représentant 95% des revenus publics, le […]

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La Libye produit environ un million de barils de pétrole par jour, occupant ainsi la 17ᵉ place parmi les plus grands producteurs de pétrole au monde. Elle est le troisième plus grand pays producteur en Afrique et détient les plus grandes réserves prouvées de pétrole brut du continent africain. Représentant 95% des revenus publics, le secteur pétrolier a connu de multiples perturbations entre 2021 et 2024, avec une production oscillant entre 1,2 et 1,3 million de barils/jour.

L’industrie pétrolière libyenne est gérée par la National Oil Corporation (NOC), une entreprise d’État responsable de l’application des accords d’exploration et de participation à la production avec des compagnies pétrolières internationales. Avec plusieurs filiales, elle contribue à près de la moitié de la production pétrolière du pays.

Parmi les principales entreprises pétrolières mondiales opérant en Libye figurent : Eni (Italie)/Total (France)/Statoil Hydro (Norvège)/Occidental Petroleum (États-Unis)/OMV (Autriche)/ConocoPhillips, Hess Corp, Marathon, ExxonMobil (États-Unis)/Shell (anglo-néerlandaise)/BP (Royaume-Uni)/Wintershall (filiale de BASF, Allemagne)

La Libye exporte la majeure partie de sa production pétrolière, ne consommant que 300 000 barils par jour. Environ 85% de ses exportations de pétrole brut sont destinées à l’Europe, réparties ainsi : 32% vers l’Italie/14% vers l’Allemagne/10% vers la France

Environ 13% de ces exportations sont acheminées vers l’Asie via le canal de Suez, notamment 10% vers la Chine et 5% vers les États-Unis.

Six ports pétroliers

Les expéditions libyennes comprennent différents types de brut léger et sont chargées depuis six ports principaux, dont cinq situés à l’est du pays :

  • Es Sider, Marsa el-Brega, Ras Lanuf, Tobrouk et Zouetina
  • Le port de Zaouïa (près de Tripoli) expédie environ 250 000 barils par jour

La majorité des gisements pétroliers libyens sont concentrés dans et autour du bassin de Syrte, dans le sud du pays, qui détient environ 80% des réserves prouvées du pays.

La Libye possède cinq raffineries d’une capacité totale d’environ 400 000 barils par jour : Zaouïa, Sarir, Syrte, Tobrouk et Ras Lanuf.

Aucun budget depuis 2020

Depuis la nomination du Gouvernement d’unité nationale, la question du budget est l’un des principaux obstacles à son accord avec la Chambre des représentants. En effet, depuis l’été 2021, cette dernière a refusé à plusieurs reprises d’approuver le budget général de l’État, accusant le gouvernement de dépenser des sommes très importantes sans publier ni clarifier la nature de ces dépenses, leur origine, leur fondement juridique et les textes sur lesquels elles reposent. Aucun budget unifié n’a été adopté depuis 2020. Les dépenses publiques sont marquées par un manque de transparence et des accusations de corruption.

Le gouvernement s’est appuyé sur une règle budgétaire qui lui permet d’utiliser une fraction du budget proposé, allant de 1/12 à 12/12, suivant un découpage mensuel basé sur les dépenses du mois correspondant de l’année précédente. Ce mécanisme est autorisé par les textes législatifs encadrant les finances publiques en cas de retard du Parlement à adopter le budget. Cependant, cette disposition suscite une controverse juridique majeure, certains accusant le gouvernement de corruption et d’exploitation des lacunes législatives, qui lui permettent d’utiliser ces fonds en l’absence de validation parlementaire.

Cette base légale sur laquelle le gouvernement s’est appuyé pour justifier ces dépenses a été annulée par la décision de la Cour constitutionnelle suprême en novembre 2014, laquelle a invalidé l’article 30, paragraphe 11 de la déclaration constitutionnelle provisoire. De plus, la loi précise que le gouvernement ne peut utiliser qu’un 1/12 du budget de l’année précédente, considéré comme un budget approuvé et soumis au contrôle de l’autorité législative de l’État. Grâce à cette règle, le Parlement devrait être en mesure de suivre les dépenses effectuées par le gouvernement, en se référant aux budgets des années passées.

Malgré l’absence de clarification officielle par le Gouvernement d’unité nationale sur la législation qu’il aurait appliquée, les faits semblent indiquer qu’il s’est basé sur les propositions du Comité de février, ce qui, selon certains juristes, ouvre la porte à la corruption, éloignant ainsi le contrôle des autorités de surveillance et du Parlement.

Par ailleurs, l’augmentation successive du budget proposé par le gouvernement est perçue par plusieurs observateurs comme une preuve incontestable de son recours aux textes du Comité de février. Cette stratégie de hausse budgétaire permettait d’augmenter progressivement la marge de dépenses disponibles, facilitant ainsi l’exécution des paiements contestés.

la division politique, ses conséquences économiques et les perspectives de solution en Libye, M. Ali Al-Souyah, membre du Conseil d’État, a déclaré ce qui suit : « La division politique persiste et contribue grandement à complexifier le paysage politique. Chaque gouvernement agit à sa guise sans budget approuvé par l’autorité législative, ce qui a accru la dette publique. La corruption s’est répandue à un niveau sans précédent, avec une absence totale de rôle des organes de contrôle et un système judiciaire faible dans la poursuite des corrompus et leur dissuasion ».

L’expansion des accords gouvernementaux a largement contribué à l’inflation. De même, les prélèvements sur les réserves de devises étrangères ont fortement participé à la dépréciation du dinar libyen face au dollar, entraînant une baisse du pouvoir d’achat des citoyens. N’oublions pas que la facture des importations pour diverses marchandises a considérablement augmenté par rapport aux années précédentes, accentuant la pression sur les devises étrangères. La Libye importe bien plus que ses besoins, et de nombreuses marchandises sont ensuite acheminées en contrebande vers les pays voisins.

La commission économique conjointe, dont on espérait qu’elle mettrait en place des plans de réforme économique, n’a aucun rôle clair en raison du profond clivage entre les deux gouvernements. »

Hazem Raïs, analyste politique, explique qu’ « avec la lutte pour le pouvoir, la coexistence de deux gouvernements et les fractures institutionnelles, les conséquences sont claires : le rapport de la Banque centrale en avril dernier a exposé les dépenses parallèles et irresponsables des deux exécutifs, alourdissant le fardeau des citoyens libyens, victimes d’une corruption généralisée. En l’absence d’un budget unifié – impossible avec un gouvernement à l’Ouest et un autre à l’Est –, la solution passe par un gouvernement unique et des réformes économiques réelles. C’est le seul moyen d’améliorer progressivement la situation et d’éviter la faillite. Tout autre scénario serait un gaspillage de temps et d’argent public, précipitant le pays dans l’abîme. »

Chômage et crise sociale

En Libye, le chômage et la surcharge administrative constituent des défis majeurs pour l’économie, exacerbés par les crises politiques et la dépendance aux hydrocarbures. Selon les dernières données de la Banque mondiale (2023), le taux de chômage atteint 19 %, avec un pic alarmant chez les jeunes (35 %), reflétant l’incapacité du marché du travail à absorber les diplômés.

Parallèlement, le secteur public souffre d’une bureaucratie pléthorique : 60 % des employés libyens travaillent dans la fonction publique, pour seulement 15 % du PIB, selon la Banque centrale de Libye. Cette distorsion entraîne une hausse des dépenses salariales, qui engloutissent 30 % du budget de l’État, limitant les investissements dans les infrastructures et le secteur privé.

Pour le Dr Ali Al-Arabi, économiste à l’Université de Tripoli, « cette situation est le résultat de décennies de clientélisme et d’absence de réformes ». La Banque mondiale recommande une restructuration urgente de l’administration et une diversification économique pour créer des emplois viables.

En conclusion, sans une réforme profonde et une gouvernance transparente, la Libye risque de perpétuer ce cercle vicieux, menaçant sa stabilité socio-économique.

 

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