En Côte d’Ivoire, les mutineries qui avaient éclaté le 7 janvier dernier dans plusieurs casernes du pays ont mis en lumière d’importants dysfonctionnements persistant au sein de l’armée ivoirienne.
En 2011, la crise électorale qui avait fait basculer le pays dans une guerre civile sanglante et déclenché une intervention militaire internationale avait déjà considérablement affaibli l’armée nationale. Les militaires fidèles à l’ex président Laurent Gbagbo ont été mis à l’écart, laissant la place à d’anciens rebelles des Forces nouvelles à l’époque sous la tutelle de Guillaume Soro, l’actuel président de l’Assemblée nationale. Depuis, aucune réforme n’a permis de restructurer solidement l’armée du pays. Selon l’analyste Cynthia Ohayon du think tank International Crisis Group interviewée sur la chaîne Al-Jazeera, les mutineries actuelles pointent la permanence « d’importants problèmes dans la chaine de commandement militaire et un fossé de plus en plus grand entre les traitements réservés à la haute hiérarchie militaire et ceux accordés aux troupes ».
En 2014, des soldats s’étaient déjà mutiné pour demander une augmentation de leurs salaires et une amélioration de leurs conditions de travail. En accédant, sur le principe, à toutes les revendications des mutins à travers un accord conclu le 8 janvier, le président ivoirien Alassane Ouattara est pour l’instant parvenu à éteindre le feu. Mais à quel prix ? « Répondre à toutes les revendications des militaires qui ont pris les armes peut avoir un effet pervers et encourager d’autres soulèvements de ce type » analyse un cadre du Front Populaire Ivoirien (FPI), le principal parti d’opposition.