C’est sur Facebook que l’ancien secrétaire général de l’OUA, jusqu’alors candidat à la présidentielle ivoirienne du 25 octobre prochain, a dégainé, en annonçant la suspension de sa participation au processus électoral. « Peuple de Côte d’Ivoire, je ne me rendrai pas complice d’une mascarade électorale que certains de nos amis ont le bien grand tort de considérer comme une élection de consolidation du pouvoir en place. Je refuse le rôle de figurant dans une élection où les jeux sont faits, sans se préoccuper de notre désir de paix, de vraie paix, de paix juste », a-t-il écrit, dénonçant « les artifices de la propagande d’État supportée par nos deniers publics » ainsi que « la fracture béante qui divise notre société et nos forces armées ». Bien entendu, le buzz était assuré.
Essy a bien calculé son coup, à la veille d’une rencontre qui devait avoir lieu à la présidence de la République, à laquelle devait notamment participer le Nation Democratic Institute (NDI), ONG américaine spécialisée. Durant cette rencontre, un aparté visant à l’adoucir était prévu, selon un membre de son entourage. « On ne signera aucun acte dans son antichambre » : tel est le mot d’ordre qui a triomphé.
Coup de tonnerre
Essy fait son esclandre alors que l’ouverture officielle de la campagne est prévue pour ce vendredi. Surtout, il met les autres figures de l’opposition au pied du mur, lui qui est souvent considéré comme « timoré ». Et son agenda montre qu’il a bien l’intention de profiter de son « coup de tonnerre » pour prendre, d’une certaine manière, de l’ascendant sur ses « camarades » et « rivaux » de l’opposition. Alors qu’il avait toujours pris ses distances avec la Coalition nationale pour le changement (CNC), dont Charles Konan Banny est le président et Mamadou Koulibaly le stratège en chef, il a participé au meeting qu’elle a organisée mercredi à Yopougon, auréolé de sa toute nouvelle gloire. Il oblige les autres candidats à la présidentielle soit à le suivre soit à apparaître comme ayant accepté ce qu’il appelle « le rôle d’opposant choisi pour légitimer un processus dévoyé ». En annonçant qu’il rend au Trésor public la subvention informelle de 100 millions de FCFA par candidat octroyée par Alassane Ouattara, il semble dire à ses « coopétiteurs » : « alors, cap ou pas cap ? ».