L’élection d’un Chinois à la tête de l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) , qui a eu lieu le 23 juin 2019, est un revers pour Emmanuel Macron qui soutenait une candidature française
A la suite d’un scrutin sans surprise, c’est le Chinois Qu Dongyu, vice-ministre de l’Agriculture, qui devient Directeur général de cette importante agence onusienne, basée à Rome. La FAO est au coeur des débats sur les changements climatiques, la faim dans le monde, la lutte contre la pauvreté et la question de l’agro écologie.
Une défaite française
C’est au premier tour que Qu Dongyu, l’a emporté, par 108 voix, sur la Française Catherine Geslain-Lanéenne, créditée de 71 voix et le Géorgien David Kirvalidze, avec 12 voix. La Chine remporte un succès qui acte sa politique fort active envers les institutions multilatérales. Pékin renforce cette politique par un déploiement de moyens financiers.
La contribution chinoise à la FAO est ainsi passée, en une dizaine d’années, de 2% à plus de 12% du total. La Chine s’appuie également, sans compter, sur les accords gagnant-gagnant, mis en oeuvre dans les pays en développement. N’a-t-Elle pas mis tout son poids, politique et surtout financier, pour le retrait de la candidature d’un Camerounais afin de s’assurer les voix africaines ?
La Chine, de succès en succès
Depuis plusieurs années, la Chine investit les organisations internationales par des personnels compétents mais aussi très politiques qui jouent surtout le bilatéral. Avant la FAO, la Chine était déjà à la tête de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) de Montréal, de l’Organisation des nations unies pour le développement industriel (ONUDI) de Vienne et de l’Union internationale des télécommunications ( UIT) de Genève.
A l’ONU, c’est encore un Chinois qui est à la tête du Département du développement économique et social.
Une défaite pour Trump
Les Etats-Unis d’Amérique sont les premiers contributeurs de la FAO avec 22 % du montant des contributions. L’élection de Qu Dongyu fera réagir Trump. Jusqu’où ira-t-il ? Probablement pas jusqu’a quitter la FAO comme il l’a fait pour l’Unesco.
Le programme de Qu Dongyu a en tout cas de quoi irriter le président américain, pourfendeur du multilatéralisme : développer l’agro écologie et lutter contre les géants de l’agro chimie, préserver la nature, associer des grands groupes privés comme le géant chinois Ali Baba et mieux prendre en compte les changements climatiques.
L’Afrique pro chinoise
Le score de la française Catherine Geslain-Lanéenne est décevant, au regard des moyens diplomatiques déployés par la France. Le Quai d’Orsay était mobilisé depuis plus d’une année, pour soutenir cette ancienne directrice générale de l’agriculture. Laquelle a visité de très nombreux pays, notamment africains, pour présenter son programme. Ancienne directrice exécutive de l’Agence européenne pour la sécurité des aliments, elle avait aussi le soutien de l’Union européenne et de ses États membres.
Emmanuel Macron comptait beaucoup sur l’élection de la Française à la FAO. L’élection du Chinois va compliquer davantage sa stratégie de s’appuyer sur le multilatéralisme pour essayer de moduler le système mondial. Il peut aussi être déçu du vote de nombreux États africains qui ont succombé aux sirènes chinoises mais surtout à leur forcing politico-économique.
En Afrique, la Chine compte désormais davantage que la France. La présence française s’efface progressivement. L’aide française au développement passe surtout par les trust funds multilatéraux qui rendent invisible l’action de la France et renforcent le sentiment d’abandon que ressentent les Africains.
L’élection du Chinois Qu Dongyu à la FAO laisse présager bien d’autres déceptions pour la France, au niveau international.