Site icon Mondafrique

Benjamin Netanyahu n’est pas le seul enjeu des élections du 1er novembre

Pour ou contre Benjamin Netanyahu, dit Bibi ! Tel serait l’enjeu de ces élections qui s’ouvrent aujourd’hui 1er novembre en Israël. En réalité, totues sirtes d’autres interrogations traversent ce scrutin: celle de l’identité nationale, celle de l’inflation, celle du caractère juif de l’État d’israel.  

Les commentateurs israéliens et les hommes politiques israéliens insistent sur le fait que les élections à la Knesset du 1er novembre – les cinquièmes en moins de quatre ans – portent sur le même sujet que d’habitude : Benjamin Netanyahu dit Bibi. Voter pour le Likud, serait voter pour Netanyahu. Voter pour Yesh Atid, le parti du Premier ministre intérimaire Yair Lapid, serait voter contre Netanyahu. Rien d’autre.

La politique en Israël se résume-t-elle à une question de personnes ? Pour la classe politique certainement. Mais les électeurs se demandent si, derrière ces conflits de personnes au sein de la classe politique, d’autres enjeux ne sont pas en cours. Et ces enjeux sont les suivants.

La question du judiciaire.

Il est fréquent d’entendre l’opposition de gauche accuser la coalition emmenée par Benjamin Netanyahu de vouloir mettre fin à la démocratie en réformant le système judiciaire. Il est vrai que Benjamin Netanyahu entend réformer les institutions, et notamment réduire le rôle de la cour Suprême qui rend des décisions de plus en plus politiques. Pour la droite, c’est le peuple qui fait les lois et pas les juges de la Cour suprême.

La gauche accuse Benjamin Netanyahu  de vouloir réformer la justice pour annuler les procès intentés contre lui. Mais les procès en corruption menés contre Benjamin Netanyahu poursuivent leur bonhomme de chemin, à cette différence près que le dossier semble perdre de sa substance au fur et à mesure que temps passe. Benjamin Netanyahu est-il vraiment corrompu ? Ou la justice a-t-elle été instrumentalisée par la gauche pour se débarrasser d’un leader trop encombrant ?

La question arabe.

Les émeutes anti juives qui ont éclaté en 2021 dans plusieurs grandes villes d’Israël ont laissé le sentiment aux Israéliens juifs et chrétiens que la minorité arabe israélienne avait opté pour le séparatisme. La montée de l’extrême droite religieuse incarnée par Itamar Ben Gvir – les sondages le créditent de 14 sièges – est le symptôme de cette méfiance des Israéliens juifs envers leurs compatriotes musulmans. L’idée que la minorité arabe soit le pivot de la coalition de gauche emmenée par Yair Lapid donne également aux nationalistes juifs le sentiment d’une perte d’indépendance.

La question économique. L’inflation, l’envolée des prix de l’immobilier, la hausse des prix des denrées les plus courantes font de la gestion économique un enjeu majeur. A cet égard, aucune coalition n’a de programme vraiment convaincant pour sauver la classe moyenne d’une plongée dans la pauvreté.

La souveraineté nationale.

La société israélienne est déchirée par la question de la souveraineté nationale.

Le caractère juif de l’Etat d’Israël.

La coalition Lapid a perdu sa majorité quand le ministre de la Santé Nitzan Horowitz a mis fin à l’interdiction du hametz dans les hôpitaux publics pendant la Pâque. Le hametz est le pain levé que les juifs religieux s’interdisent de consommer à Pâques en commémoration de la sortie d’Egypte. Cela signifiait que les juifs religieux hospitalisés auraient été placés dans l’impossibilité de suivre les restrictions de la loi juive, à moins que leurs familles ne les nourrissent en lieu et place de l’hôpital.

Cette décision a convaincu la députée Idit Silman, du parti Yamina, de quitter la coalition lui faisant perdre sa majorité. 

Mais cette décision du hametz n’est pas la seule qui oppose la gauche et la droite. Le ministre de l’Education Yifat Shasha-Biton a mis fin à l’enseignement biblique et aux modules d’histoire juive pré-moderne dans les écoles publiques non religieuses. Le gouvernement a annoncé aussi qu’il mettait fin aux voyages dans les camps de la mort en Pologne.

Israel, l’État Nation du peuple juif?

Le système scolaire doit-il être l’outil d’une instruction juive qui donne aux écoliers la conscience d’appartenir à un pays singulier, le pays des juifs ? Pour la gauche, les études de genre et de lutte pour la diversité et la réduction des inégalités sont plus importantes que la construction d’une identité nationale pour les jeunes générationsL.

La gauche a également été à l’offensive pour réduire le rôle des tribunaux rabbiniques dans le divorce.

Enfin, et c’est l’enjeu le plus important, Lapid et Gantz ont tous deux exprimé leur désir d’abroger la loi fondamentale votée sous Benjamin Netanyahu qui définit Israël comme l’État-nation du peuple juif. Leur position, est soutenue par les partis de gauche et les partis arabes.

C’est à toutes ces questions que les Israéliens répondront – peut être – en allant voter aujourd’hui.

 

Quitter la version mobile