Aucun ciment ethnique chez les héritiers du Président Bédié 

 À la recherche du consensus, le PDCI, qui fut le mouvement de feu le président Bédié, a donné un ultimatum à ses cinq candidats pour se mettre d’accord sur la personnalité qui va mener le parti aux prochaines élections présidentielles. Mais cette tâche est visiblement devenue ardue depuis que le consensus que représentait l’appartenance à l’ethnie baoulé ne fonctionne plus.
Une correspondance de Z. Bati Abouè
 
Ce soutien de l’ethnie baoulé, dont la tradition est illustrée par la statuette représentée ci dessus,  sauva l’ex président Bédié à de multiples reprises
 
Jusque-là, le miracle procédait du tribalisme ! Car jusqu’à la mort de Bédié, pour devenir le président du PDCI, il fallait être baoulé comme Houphouët-Boigny, le premier à diriger le parti, et comme Bédié lui-même dont la succession provoque l’avalanche électorale actuelle au parti démocratique de Côte d’Ivoire. Ce ciment ethnique qui institutionnalisait même parfois l’implication des chefs traditionnels baoulés dans la gestion des problèmes nationaux, était à la fois un point de fixation idéologique majeur et un élément de stabilité du pouvoir du président.
 
Ce soutien baoulé  sauva Bédié à de multiples reprises. D’abord quand il se retrouva en exil forcé en France, à la suite du coup d’Etat du général Guéi, le 24 décembre 1999, ensuite lorsque Laurent Dona Fologo, un Sénoufo issu du nord de la Côte d’Ivoire, crut pouvoir l’affronter au congrès de 2007. Enfin, quand Bédié remporta haut la main son dernier test de légitimité en écrasant Alphonse Djédjé Mady, un bété de Saïoua, issu de l’ouest du pays, qui l’avait défié en août 2013. D’ailleurs, s’il résista à la menace d’explosion du parti au profit du RHDP, c’est parce que le président du PDCI savait puiser des forces dans le fort soutien de sa base ethnique, la plus large qui soit depuis qu’Houphouët avait lié en 1960 le destin du groupe ethnique akan à celui de son parti par le biais de son mariage en secondes noces avec sa veuve Marie Thérèse Houphouët-Boigny, née N’goran Brou.
C’est d’ailleurs pourquoi le 16 novembre, la région de l’Iffou, peuplée de Baoulés, s’est précipité d’annoncer son soutien à Tidjane Thiam, arrière-petit neveu d’Houphouët, et que le jour du dépôt de sa candidature, l’ancien patron de l’ex-Crédit Suisse fredonna en baoulé les vers d’une chanson hommage dédiée au premier président ivoirien. A cela, on peut également ajouter les manœuvres du président intérimaire, Bony Cowppli de réaliser le consensus autour de Thiam plutôt qu’autour de Maurice Kakou Guikahué (bété) ou Noël Akossi Bendjo (ébrié), les mieux placés des cinq candidats dans la hiérarchie du parti.
Malgré ces précautions, des sources proches de Guikahué assurent que le comité électoral aurait rejeté la candidature de Tidjane Thiam sujette à caution en raison de sa virginité politique. Faux, dément le député Dia Houphouët, un proche de Tiam. C’est donc la confusion au PDCI où être baoulé ne donne plus droit à aucun privilège.
 
 
Z. Bati Abouè