Invité d’honneur au meeting d’investiture de son vieil ami Omar Hamidou Tchiana, samedi, au Palais des Congrès de Niamey, Hama Amadou a prononcé un discours musclé .
Lors de sa première prise de parole depuis novembre, date de son retour au Niger pour purger sa peine suite à sa condamnation dans l’affaire des bébés importés, le chef de file de l’opposition a fait le buzz en boubou jaune moutarde, réjouissant un public largement acquis. Les militants du parti AMEN-AMIN d’Omar Tchiana sont en effet beaucoup d’anciens militants de son propre parti, Lumana Africa.
«Depuis que je suis de retour d’exil, vous l’avez remarqué, je n’ai participé à aucun événement politique majeur public. C’est la première fois, parce que c’est votre investiture, que j’ai décidé de venir vous marquer ma fraternité et mon soutien », a déclaré Hama Amadou à la tribune, s’adressant à Omar Tchiana, après un bain de foule à l’entrée de la salle. «Vous êtes un homme de combat. L’opposition est un champ de combat », a-t-il poursuivi.
« Le PNDS Taraya ne peut pas nous imposer son candidat comme Président de la République. Le PNDS Taraya ne peut pas, au vu et au su de tout le monde, violer les lois de la République, violer le code électoral qu’ils ont eux-mêmes conçu. Sans que personne ne dise rien et observe M. Bazoum se balader à travers le Niger tout seul, distribuer des milliards », a-t-il dit, dénonçant la « tournée de proximité » entreprise ces dernières semaines par le candidat du parti rose au pouvoir, qui ressemble fort à une campagne électorale avant la date autorisée par le code électoral.
La liberté se gagne en se battant
Prenant à partie ses compatriotes, l’ancien Premier ministre a recouru à un langage assez brutal, dont il est coutumier. « Nous sommes assis ; nous regardons ; nous observons et nous attendons que Dieu nous règle le problème. Soyez sérieux ! Dieu a besoin qu’on l’aide. (…) La liberté se gagne en se battant.»
« Nous devons nous lever tous ensemble et je ne parle pas de l’opposition, je parle du peuple nigérien, pour mettre un terme à une situation dans laquelle tout le monde souffre. (…) Il est temps, maintenant que nous sommes à quelques mois des élections, de sortir et de parler, de revendiquer et d’exiger, de se battre », a lancé la bête noire du régime, souhaitant que le peuple nigérien démontre sa capacité à changer les choses, comme « les Maliens viennent de le prouver il y a quelques jours ».
Le deuxième axe fort du discours était une main tendue, aux sens propre et figuré, aux autres partis politiques. Le meeting a été l’occasion d’une accolade très remarquée à Oumarou Noma, artisan d’une division du parti Lumana qui s’est réglée tout récemment. Hama Amadou s’est également adressé à son voisin de fauteuil Seyni Omar, président du parti MNSD, ex parti Etat, dont il a lui-même été l’un des grands leaders. S’adressant à tous ses anciens camarades politiques, désormais divisés entre opposition, mouvance présidentielle et non affiliés, il les a invités à le rejoindre.
« Les partis de la mouvance présidentielle ont soutenu pendant presque dix ans le régime actuel qui dirige le Niger.(…) Ils ont perdu même leur identité ; ils ont perdu le droit d’avoir une opinion. Mais ils peuvent retrouver l’essentiel. Parce qu’aujourd’hui, ils peuvent également se joindre à la bataille pour la rupture. Notre pays a besoin d’alternance ; nous devons faire l’alternance, ensemble, l’opposition et les partis de la mouvance présidentielle qui ne sont pas encore totalement noyés. »
La diatribe du chef de file de l’opposition a fait le tour des télévisions privées et des réseaux sociaux, sonnant le vrai début d’une campagne qui s’annonce très, très rude.