« Mondafrique » a rencontré un ancien ministre algérien qui est l’un des visiteurs du soir de l’ancien patron du DRS, le général Toufik. Voici la version que ce dernier a livré de son départ des services, le samedi 12 septembre.
Notre interlocuteur et très bon connaisseur de la vie politique algérienne, longtemps ministre, a naturellement demandé à l’ancien patron des puissants services algériens, le général Mediene, surnommé « Toufik », s’il avait pu quitter ses fonctions de son plein gré. A en croire celui que certains ont surnommé « Reb Dzayer » (« le Dieu de l’Algérie »), cela ne semble pas avoir été vraiment le cas. »Je ne pouvais plus travailler, je n’en avais plus les moyens, explique le général Toufik, car je n’avais plus l’accès direct au Président ».
L’idée que l’entourage proche du président algérien, désormais affaibli et malade, filtre ses éventuels visiteurs, lui cache la réalité et en un mot l’instrumentalise, est largement répandue à Alger. Apparemment, le général Toufik qui a co-géré le pouvoir en Algérie avec le président algérien depuis son élection en 1999, aurait été victime de ce tir de barrage sélectif.
La collégialité mise à mal
Pourquoi, dans ces conditions, ne pas avoir essayé de contourner le sérail présidentiel? Pour quelle raison ne pas avoir fait appel à l’institution militaire elle même et tenté d’intercéder auprès du chef d’Etat Majoor, Gaït Salan, certes nommé par le président Bouteflika, mais en quète d’une légitimité au sein de l’armée et des services? » C’est vrai, j’ai tenté un rapprochement avec Gaït Salah, explique le général Toufik, j’ai tout fait en ce sens, mais cela n’a pas marché. Le chef d’Etat Majoir n’a cherché qu’à faire peur à mes plus fidèles soutiens, en emprisonnant notamment le général Hassan, qui fut longtemps à mes cotés à la tète des services anti terroristes ».
Beaucoup d’observateurs notent que l’éviction de Toufik n’a pu se faire qu’avec l’assentiment, sinon plus, des principaux partenaires occidentaux de l’Algérie. A savoir les Etats Unis et la France. Ce que réfute l’intéressé: « J’ai toujours eu, note Toufik, de très nonnes relations avec les Américians et des relations correctes avec la France; cela est toujours le cas ».
Pour Toufik, on trouve sur le banc des accusés et au premier rang, Said Bouteflika, le frère du Président et momentanément l’homme le plus influent d’Algérie. « Saïd est le vrai danger, le vrai malfaisant », confie Toufik. Et cet homme qui a assuré la continuité du régime algérien, pour le meilleur ou pour le pire depuis un quart de siècle, ajoute: »Ce qui me fait peur aujourd’hui, c’est la stabilité de nos institutions. »
Et d’ajouter: « Tout peut, demain, s’écrouler ».
Moi ou le chaos?