Jamais l’expression « députés godillots » ne s’était révélée aussi appropriée qu’avec ce rapport de la Commission défense sur Barkhane dirigée par Françoise Dumas, présidente de la commission de la Défense nationale et des forces armées connue pour être une thuriféraire du président Macron.
Le document rendu public par la commission Défense de l’Assemblée, le 13 avril, ne se contente pas de reprendre les éléments de langage de l’Elysée sur le Sahel. Ses préconisations sont la copie conforme de la stratégie définie par Emmanuel Macron et ses conseillers lors du sommet de Ndjamena.
« La France n’est pas enlisée au Sahel »
« La France ne s’enlise pas au Sahel: il n’y a aujourd’hui aucune solution sans Barkhane », écrivent les députés avec un sens aigu de l’oxymore. Sans l’opération militaire française point de salut alors que la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader, notamment au Mali ? Si cela ne s’appelle pas enlisement alors c’est un bourbier… Nos chers parlementaires ajoutent « Barkhane n’est pas figé ». Bingo, Emmanuel Macron a déjà prévu une restructuration de l’opération avec notamment une réduction de l’effectif des 5250 soldats qui sont actuellement sur place. Cependant, selon ledit rapport celle-ci est subordonnée à la montée en puissance des armées nationales et des partenaires européens. ( Au passage, Florence Parly l’a déjà expliqué dans les mêmes termes devant les sénateurs en février dernier) . Les « godillots » collent tellement aux objectifs de l’Elysée qu’ils se prennent les pieds dans le même tapis. Car enfin si après huit ans de guerre et les multiples formations dispensées par l’Union européenne, les Américains et les Français, ces armées sont toujours incapables de mener cette guerre asymétrique, quand le seront-elles ? Quant à la task force Takuba, elle n’en fini toujours pas de naître et n’est toujours pas opérationnelle…
Négocier avec des cadavres ?
Mais là où le rapport s’avère le plus truculent, c’est lorsqu’il mentionne « l’ouverture des négociations avec les belligérants ». La mission d’information préconiserait donc une légère inflexion de la position intransigeante d’Emmanuel Macron qui est toujours resté, dit-on, droit dans ses bottes sur ce sujet. En réalité, pour les députés, si négociations il y avait, celles auraient lieu après avoir obtenu la tête de Iyad Ag Ghali et d’Amadou Kouffa comme Mondafrique le révélait le 11 avril.
En effet, les parlementaires « plaident pour que les chefs terroristes soient neutralisés avant l’ouverture de toute négociation. Un prérequis espéré d’ici l’été ». Mais si on tue les chefs avec qui dialoguer ? A cette question du niveau du cours élémentaire deuxième année, ni les « godillots » ni les « stratèges » élyséens ne répondent …