En reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le Ghana a fait un choix risqué.
Le 5 juin 2025, le Ghana a créé la surprise en annonçant sa reconnaissance du plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, rompant ainsi avec plus de quarante ans de soutien à la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Ce revirement diplomatique, saluée par Rabat et ses alliés, est pourtant un pari risqué.
Ce choix du Ghana s’inscrit dans la dynamique impulsée ces dernières années par plusieurs puissances occidentales. Les États-Unis ont ouvert la voie en 2020 sous Donald Trump, suivis par l’Espagne en 2022, par la France en 2024 et dernièrement par le Royaume-Uni, tous affichant leur soutien au plan marocain.
L’Algérie isolée
Cette tendance qui a contribué à isoler davantage l’Algérie, principal soutien du Front Polisario, et à renforcer la position diplomatique du Maroc, n’est pas sans poser de sérieux problèmes sur le continent.
L’Union africaine reconnaît officiellement la RASD depuis 1984. Le Sahara occidental reste membre à part entière de l’organisation continentale, raison pour laquelle l’UA comptabilise 55 Etats en Afrique et non 54 comme le font généralement les pays occidentaux. En 2025, 28 pays africains continuent de soutenir activement la RASD, tandis qu’une quinzaine ont gelé ou retiré leur reconnaissance, et une douzaine restent neutres.
En s’alignant sur la position marocaine, le Ghana prend ainsi le risque de fragiliser la solidarité africaine. Or, grâce à son premier président Kwamé N’kruma figure de l’indépendance et du panafricanisme, le Ghana a été longtemps perçu comme un modèle de respect de ces principes et de diplomatie équilibrée. Ce revirement contre-nature expose Accra à des critiques et pourrait l’isoler au sein de l’Union africaine et en lui aliénant le soutien de partenaires majeurs comme l’Algérie, l’Afrique du Sud ou encore le Nigéria et ainsi affaiblir sa voix au sein des instances continentales.
Un choix à multiples risques
Au-delà du contexte africain, la décision du Ghana soulève également des interrogations sur le respect du droit international. Le conflit du Sahara occidental oppose deux principes fondamentaux : le droit à l’autodétermination, défendu par l’ONU et l’UA, et le principe de souveraineté territoriale, invoqué par le Maroc. En soutenant Rabat, Accra contribue à contourner les résolutions onusiennes et le processus référendaire, pourtant toujours en vigueur sur le papier.
En prime, loin de rapprocher les deux parties afin d’envisager une solution juste et durable, la décision du Ghana risque d’enliser un conflit vieux déjà de 50 ans et de diviser encore plus l’Afrique sur des questions de droit et de principes.