Un colloque sur le Sahel, cauchemar de l’Europe

The remains of destroyed tanks and other war equipment at the Wadi Doum war site in the Sahara, northern Chad, close to the Ennedi massif. The sand dunes now cover much of the old war equipment. This is where the last battles of the war between Chad and its northern neighbor Libya took place in 1986/1987 - in 1987, Chad's army was able to push back Libyan troops in the so-called "Toyota War", thus ending the military conflict.
Le 03 septembre 2025, se tenait, aux îles Canaries, une conférence d’experts, de journalistes et de décideurs sur les risques croissants dans la région du Sahel et leurs répercussions directes en Europe. D’emblée, les intervenants se sont intéressés au cas emblématique de l’Espagne, première ligne de contact atlantique avec la lame de fond de l’immigration.  
 
 

La chercheuse Beatriz de León Cobo a mis en évidence la dégradation accélérée des États, au Sahel, à cause des putschs et de l’essor des insurrections, qui transforment, la zone, en champ de compétition internationale et source permanente d’insécurité. Une vulnérabilité supplémentaire résulte de la porosité des frontières et de l’immensité du territoire, qui restreignent l’efficacité des réponses au défi.  

La journaliste Beatriz Mesa privilégiait, quant à elle, l’enjeu de la démographie : Plus de 60 % de la population du Sahel est âgé de moins de 25 ans, quasiment sans perspective de mieux-être. Il en découle une hausse de la pression des flux humains vers l’hémisphère nord.  

Son collègue José Naranjo, pour sa part, expliquait l’évolution des routes migratoires irrégulières. A ses yeux, le durcissement des contrôles sur les côtes de la Mauritanie et du Sénégal pousse, désormais, de nombreux candidats, à emprunter des itinéraires chargés de périls, au départ de la Guinée-Bissau et de la Guinée-Conakry.

Selon la majorité des participants, venus des divers horizons de la sécurité globale, l’Afrique de l’Ouest abrite, maintenant, l’un des épicentres mondiaux de l’instabilité.

La responsabilité des régimes en place

La conférence conclut que les fragilités du Sahel nécessitent une approche multidimensionnelle des partenaires européens fondée sur le renforcement de la coopération sécuritaire et l’augmentation des investissements.

De telles déclarations de bonne intention, d’ailleurs usées au fil des rencontres du genre, ne manquent de susciter le scepticisme tant elles éludent la centralité des échecs endogènes de la gouvernance de prédation et de fraude en Afrique, dont le dégât relève, d’abord, de la responsabilité de pouvoirs africains que l’Europe, souvent, soutient et finance.  

Sourcehttps://www.laprovincia.es/canarias/2025/09/03/beatriz-leon-cobo-directora-instituto-121212064.html
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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)