Le directeur général de TV5 Monde, Yves Bigot, court après l’argent des fossoyeurs de la liberté de la presse en Afrique. L’initiative, très critiquée en interne, a le soutien de l’Élysée!
Alors qu’elle a un grand boulevard ouvert devant elle par les déboires de RFI et France 24 en Afrique de l’Ouest (chaines suspendues au Burkina Faso, au Mali et au Niger), Yves Bigot, le directeur général de TV5 Monde, la télévision francophone basée à Paris TV5 Monde, n’a rien trouvé de mieux que de partir à la conquête de l’argent du Congolais Denis Sassou Nguesso, du Camerounais Paul Biya et même du putschiste gabonais Brice Oligui Nguema. Auxquels d’ajoute le Congolais Félix Tshisekedi, désormais mal à l’aise avec une presse indépendante et critique
Ticket d’entrée à 600.000 euros
Avec les vifs encouragements de l’Elysée et du Quai d’Orsay, TV5 Monde propose à ces trois pays, qui n’ont rien d’exemplaire en matière de respect de la liberté de la presse, d’entrer dans son Conseil d’administration et d’avoir accès à sa grille de programme, en échange d’une contribution de 600.000 euros. Outre le maroquin au Conseil d’administration, les journées télévisées des chaînes nationales de télévision du Cameroun, du Congo, du Gabon et la République démocratique du Congo, autre pays démarché, seraient, en vertu de cet accord, diffusés sur les différentes antennes de TV5 Monde (Afrique, Amérique, Asie, Europe et reste du monde).
Une aubaine pour les dictateurs
La recherche de « l’argent frais », rondement menée par le directeur général de TV5 Monde Yves Bigot, en poste depuis 2012 et candidat à un nouveau mandat en décembre prochain, devrait se conclure en octobre prochain lors du 19 ème Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie prévu à Villers-Cotterêts, en France.
Pour Paul Biya, dont le régime n’en a pas fini avec l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, et Denis Sassou Nguesso, fossoyeur réputé de la liberté de la presse, payer 600.000 euros « seulement » pour entrer dans la gouvernance d’une chaîne de la dimension de TV5 est forcément une bonne affaire voire une aubaine. Le tombeur d’Ali Bongo, le général Brice Oligui Nguema, lui, trouvera dans cette opération « low cost » le moyen de rester en odeur de sainteté, malgré son coup d’Etat mais décrochera une invitation au prochain sommet de l’OIF. A peine sorti de la détention la condamnation à six mois du journaliste congolais Stanis Bujakera, le président congolais Félix Tshisekedi trouve dans « ce marché » avec TV5 Monde une occasion de se refaire une virginité. Outre les risques qu’elle peser sur l’indépendance éditoriale de la chaîne, la course à l’argent des dictateurs ne paraît pas si chère payée.