Tunisie, Sihem Ben Sedrine emprisonnée et en grève de la faim

Le 28 janvier 2025, le juge d’instruction du bureau 15 au pôle judiciaire économique et financier a décidé de prolonger la détention de Sihem Ben Sedrine, une décision prise sans l’informer. Depuis son incarcération le 1er août 2024, cette nouvelle mesure, combinée à son isolement prolongé, ne fait qu’accentuer les souffrances qu’elle endure.

Depuis hier, Sihem Ben Sedrine, ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), est hospitalisée en réanimation à l’hôpital La Rabta, à la suite d’une détérioration brutale de son état de santé. Elle a été transférée d’urgence dimanche matin depuis son lieu de détention à la prison de Manouba. À ce jour, aucune visite n’a été autorisée, isolant davantage Sihem Ben Sedrine dans cette épreuve.

Sihem Ben Sedrine est en grève de la faim depuis le 14 janvier 2025 pour dénoncer les conditions de sa détention et les injustices qu’elle subit. Cette grève prolongée a gravement contribué à la dégradation rapide de son état de santé.

Des médecins de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) ayant consulté son dossier médical en prison ont souligné que les conditions actuelles de sa santé nécessitent une vigilance accrue et une prise en charge rapide compte tenu de sa fragilité et des sévères répercussions de sa grève de la faim. Les conditions de détention déplorables, combinées à une santé fragile, ont profondément affaibli son organisme. Son admission en réanimation dans un service médical compétent est une avancée, mais elle ne dissipe pas les craintes quant à l’évolution de son état critique.

Sihem Ben Sedrine a été transférée en réanimation le 25 janvier 2025, et son état reste critique. L’administration pénitentiaire interdit à son époux et à ses enfants de lui rendre visite, ce qui renforce les inquiétudes sur la manière dont elle est traitée et sur son isolement total.

Figure historique des droits humains et de la justice transitionnelle en Tunisie, Sihem Ben Sedrine est aujourd’hui dans une situation de vulnérabilité extrême. Sa maigreur alarmante, conséquence des privations, des pressions et de sa grève de la faim prolongée, fait craindre une dégradation rapide et irréversible si elle ne reçoit pas des soins adaptés sur le long terme. Cette situation met également en lumière les conséquences physiques et psychologiques d’un environnement carcéral inhumain.

Cette situation est profondément alarmante et appelle à une mobilisation urgente pour assurer la protection des droits fondamentaux de Sihem Ben Sedrine, lui garantir une prise en charge médicale digne et obtenir sa libération immédiate et inconditionnelle.