Hanté par l’obsession de préserver indéfiniment son siège à la Kasbah, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi ,est prêt à tout pour arriver à ses fins, y compris faire pression sur les médias…Un article de Meher Hajbi
Après avoir tenté de garantir l’impunité des chaînes de télévision illégales, branche médiatique de la Troïka parlementaire -pour les beaux yeux d’Ennahda, Al Karama et Qalb Tounes- et mettre la main sur l’Agence Tunis Afrique Presse TAP avec la désignation avortée de Kamel Ben Younes, Hichem Mechichi est passé à la vitesse supérieure pour avoir la mainmise sur certains médias. Sous couvert d’anonymat, deux hauts responsables de la Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux révèlent à Maghreb Intelligence les pratiques despotiques du locataire de la Kasbah.
Les gâteries financières
Si Hichem Mechichi prétend soutenir la liberté de la presse, pilier du processus démocratique, dans les faits, le chef du gouvernement menace de priver certains établissements des éventuelles aides qui leurs seraient dédiées et des tentatives pour contrôler une indépendance éditoriale très fébrile. Certains médias, impactés par la crise sanitaire et la baisse des recettes publicitaires, se sont mobilisés pour soutenir Mechichi dans son bras de fer institutionnel contre le président de la République Kaïs Saïed.
À l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) dénonce les menaces sur le secteur de la presse en Tunisie. De son côté, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) multiplie les appels pour l’adoption du projet de loi sur la liberté d’expression et la liberté de la presse au Parlement. Cependant, Hichem Mechichi rejette toutes garanties législatives et juridiques pour l’indépendance des médias et opte pour la politique des ingérences et de l’instrumentalisation, conformément aux directives de son maître, le leader islamiste et titulaire du perchoir, Rached Ghannouchi.
Une tendance fermement affirmée dans le rapport publié, lundi, par le SNJT: le nombre des agressions commises à l’encontre des journalistes est en hausse continue depuis plusieurs mois, (206 agressions, 112 jugées dangereuses), dont les auteurs sont des partis politiques et des organes de l’État, notamment le ministère de l’Intérieur avec à sa tête Hichem Mechichi. Pour le SNJT, “les politiques menées sont hostiles à la liberté de la Presse… et les médias subissent des pressions pour être contrôlés et asservis”. Un constat amer, dix ans après “la révolution du jasmin”.