Mohamed Ben Salmane, dit MBS, a entamé le jeudi 22 novembre dernier une tournée dans le monde arabe en débutant par les Emirats arabes unis avant de se rendre en Egypte, en Algérie, en Mauritanie et, le 27 novembre, en Tunisie où sa venue provoque une levée de boucliers.
Selon le palais royal saoudien, «cette tournée arabe intervient sur instruction du roi saoudien Salmane Ben Abdelaziz, afin de renforcer les relations du Royaume au niveau régional et international, et en réponse à des invitations reçues de la part de chefs d’Etat».
A cause du scandale Khashoggi, du nom du journaliste assassiné le 2 octobre dernier à l’intérieur du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, la venue à Tunis du prince saoudien, prévue demain, mardi 27 novembre, a déclenché une grande polémique, même si cette visite intervient sur invitation du président tunisien Béji Caïd Essebsi, qui a déjà donné son point de vue sur cet assassinat. Tout en condamnant un acte abominable, il avait souligné que «profiter de cet assassinat pour viser tout un Etat, ne fera que déstabiliser tous les pays de la région». Mais la société civile tunisienne et les médias critiquent fortement la présence de MBS qualifié de « monsieur scie électrique » sur le sol tunisien.
Lettre ouverte au président tunisien
Vendredi dernier, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a adressé une lettre ouverte au président de la République, Béji Caïd Essebsi, pour lui faire part de son refus catégorique de la visite en Tunisie du prince héritier saoudien. Un courrier dans lequel ces journalistes soulignent que MBS «constitue un danger pour la sureté et la paix dans la région» et qu’il est, de plus, «un véritable ennemi de la liberté d’expression».
Par ailleurs, un collectif d’une cinquantaine d’avocats, unis sous l’idée de la défense des libertés, a demandé aux journalistes et aux activistes tunisiens de déposer des plaintes dans les tribunaux, dans l’objectif d’interdire la visite de MBS.
Dans les partis politiques, le député d’Ennahdha, Ajmi Lourimi, a aussi souligné que le contexte de la visite du prince héritier saoudien n’est pas opportun.
«Certes nous avons des relations séculaires avec l’Arabie Saoudite et c’est bien le président de la République qui définit la politique étrangère du pays, mais les circonstances dans lesquelles intervient la visite de MBS ne sont pas des meilleures», a-t-il déclaré à une station radio locale, Jawhara Fm.
Ajmi Liourimi a également assuré que plusieurs partis politiques réfutent cette visite, dans la mesure où elle constitue une atteinte aux droits de l’homme, et a souligné qu’elle n’était pas digne d’un Etat qui se respecte.