Mahamat Saïd Abdel Kani, membre de la Séléka, a été transporté par avion de la République centrafricaine au siège de la CPI à La Haye le 24 janvier 2021. Une première!
Les autorités de la République centrafricaine ont remis pour la première fois à la Cour pénale internationale (CPI) un suspect issu de la rébellion de la Séléka afin qu’il y soit jugé, ce qui représente un pas en avant important vers la justice pour les crimes graves commis par les deux principales factions belligérantes dans le conflit civil de ce pays, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Crimes contre l’humanité
Mahamat Saïd Abdel Kani est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en tant que commandant de la Séléka à Bangui, la capitale, en 2013. La CPI a délivré le mandat d’arrêt à son encontre sous scellés le 7 janvier 2019.
« Saïd est le premier commandant de la Séléka, un groupe responsable d’atrocités de grande ampleur contre des civils, à être traduit devant la CPI », a déclaré Elise Keppler, Directrice adjointe du Programme Justice internationale à Human Rights Watch. « L’affaire concernant Saïd est une étape importante, mais elle devrait être suivie d’autres poursuites contre des dirigeants de la Séléka, dont certains sont impliqués dans des exactions jusqu’à ce jour. »
Des dirigeants de la Séléka d’un plus haut grade pourraient bientôt être traduits eux aussi devant la CPI
En 2012, les rebelles majoritairement musulmans de la Séléka ont évincé le président de la République centrafricaine, François Bozizé, et ont pris le pouvoir par une campagne de violence et de terreur. En mars 2013, la Séléka a pris le contrôle de Bangui, attaquant les civils et pillant la ville. Fin 2013, des milices chrétiennes et animistes connues sous le nom d’anti-balaka se sont mises à organiser des contre-attaques contre la Séléka. Tant la Séléka que les anti-balaka ont été impliqués dans des atrocités généralisées contre des civils.
Des actes inhumains en cause
Un juge de la CPI a estimé qu’il y avait des motifs raisonnables de croire que de mars 2013 à janvier 2014, la Séléka a commis une attaque généralisée et systématique contre la population civile, comportant des éléments de crimes contre l’humanité.
Saïd est accusé d’être responsable de crimes contre l’humanité constitués par l’emprisonnement ou d’autres formes de privation grave de liberté, ainsi que de torture, de persécution, de disparition forcée et d’autres actes inhumains, et des crimes de guerre de torture et de traitements cruels.
Il y a encore quatre mois, une alliance avait été scellée entre le président Touadera et les groupes armés du Nord issus de l’ancienne Séléka. Tout était fait pour éviter que leurs chefs soient traduits devant la CPI (voir l’article ci dessous de notre collaborateur Aza Boukris).
Depuis, le chef de l’état centrafricain a été lâché par bon nombre de ses alliés d’hier qui ont contesté violemment sa réélection. . La justice internationale une arme pour le pouvoir centrafricain pour ramener ces brebis égarées au bercail !