Les islamistes soudanais considèrent que la Création d’Adam, représentation de l’histoire biblique sur le plafond de la chapelle Sixtine, au Vatican, va à l’encontre des enseignements de l’islam en représentant « l’Etre divin ».
« La creation d’Adam » (The Creation of Adam). Détail d’une voûte de la chapelle Sixtine (Sistina), fresque de Michelangelo Buonarroti, dit Michel Ange (Michelange ou Michel-Ange, 1475-1564). (Luisa Ricciarini/Leemage)
Certaines réformes lancées au Soudan depuis la chute, en avril 2019, de l’ancien président Omar el-Béchir suscitent parfois la polémique, comme récemment l’inclusion d’une fresque du maître de la Renaissance italienne Michel-Ange dans un manuel scolaire. Les islamistes considèrent que la Création d’Adam, représentation de l’histoire biblique sur le plafond de la chapelle Sixtine, au Vatican, va à l’encontre des enseignements de l’islam en représentant « l’Etre divin ». Mais de nombreux Soudanais estiment qu’une réforme du programme scolaire est nécessaire et que cette œuvre s’inscrit dans l’enseignement de la Renaissance européenne.
« Brûler le manuel »
Le débat s’est propagé sur les réseaux sociaux, où sont partagées des vidéos de prêcheurs dans des mosquées vilipendant cet ajout et d’autres au programme. Dans l’une d’elles, un religieux brandit le manuel d’histoire controversé pendant un sermon lors d’une traditionnelle prière du vendredi en affirmant que le livre promeut « l’apostasie » et « l’hérésie ». Dans une autre, un religieux appelle à « brûler le manuel ». L’Académie du Fiqh (jurisprudence islamique) a publié un décret religieux interdisant l’utilisation du livre.
« C’est une insulte odieuse envers l’Etre divin de représenter son incarnation auprès des élèves. Le livre glorifie la culture occidentale comme étant la culture de la science et de la civilisation, contrairement à sa présentation de la civilisation islamique »
Académie du Fiqh (jurisprudence islamique)
Soutiens au gouvernement
Mais cette initiative du gouvernement bénéficie aussi de nombreux soutiens. « La peinture n’est pas dans un livre religieux. Elle est dans un manuel scolaire d’histoire pour les sixièmes, sous une section intitulée Renaissance européenne, ce qui la place ainsi dans un contexte », défend Qamarya Omar, professeure, membre de l’Association des professionnels soudanais, l’un des fers de lance du mouvement de protestation ayant abouti à la destitution d’Omar el-Béchir.
« Une peinture ne poussera pas les gens à abandonner leur religion, ni n’ébranlera leurs convictions »
Qamarya Omar, professeure
Le Premier ministre Abdallah Hamdok a ordonné le 6 janvier le gel de la réforme scolaire et la formation d’un comité représentant tous les secteurs de la société. Son gouvernement de transition multiplie les réformes visant à effacer l’héritage du régime répressif et basé sur une application radicale de la loi islamique d’Omar el-Béchir, porté au pouvoir en 1989 lors d’un coup d’Etat militaire appuyé par les islamistes.