Au Sénégal, la direction générale des élections prévoit d’organiser les prochaines législatives anticipées dans un délai record de deux mois, là où il en faut normalement cinq.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Le calendrier électoral des élections législatives anticipées du Sénégal a été publié ce mercredi. Observation majeure : le scrutin sera organisé dans un délai record de deux mois contre cinq mois en temps normal. La direction générale des élections a ainsi enchaîné les communiqués, preuve de l’urgence de la situation.
Selon le calendrier, l’élection est prévue le 17 novembre, la liste définitive des candidats, elle, le 7 octobre. Le début de la campagne électorale est programmé pour le 27 octobre et les résultats définitifs du scrutin ne seront pas connus avant le 22 novembre. Depuis son élection en mars dernier, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, est confronté à l’hostilité du parlement. Son objectif est donc de remporter la majorité des sièges à l’issue de cette élection pour contrôler le parlement.
« le culte du blocage »
Avec sa voix fluette caractéristique mais le ton moins bien amène que d’habitude, le président Bassirou Diomaye Faye a expliqué les raisons pour lesquelles il a décidé de dissoudre l’Assembléenationale. Le Premier ministre Ousmane Sonko s’étant résolu à ne pas se présenter devant le parlement pour sa déclaration de politique générale, en accusant l’opposiition de promouvoir « le culte du blocage ».
« J’en ai donc conclu que le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire dans le seul intérêt du peuple sénégalais était une illusion, celle-ci ayant décidé de se détourner du peuple pour promouvoir le culte du blocage et ainsi entraver la mise en œuvre du projet sur lequel j’ai été élu », a continué le président.
Contrairement à son habitude, l’essentiel du discours de Bassirou Diomaye Faye été une succession d’accusations et d’attaques en règle contre l’ancien régime dont les députés constituent le gros du contingent parlementaire. Le président les accuse de se mettre en travers du « choix de la rupture et de la transformation systémique » qu’il a représenté lors des élections présidentielles qu’il a remportées « dans un contexte de recul de nos droits fondamentaux les plus élémentaires ».
Il menace aussi les tenants de l’ancien régime « qui ont occasionné des dérapages volontairement cachés dans la gestion des finances publiques avec une évolution incontrôlée de la masse salariale, de la dette et des intérêts de la dette, une non-maîtrise des subventions, un dérapage dans les tirages sur les ressources extérieures ».
Il met enfin en demeure tous ceux qui rament « à contre-courant de la volonté du peuple sénégalais » alors que ceux-ci ont fait honneur de leur sang aux institutions nationales « lors de nombreuses luttes pour notre démocratie ». En effet pour le président sénégalais, le fait que la majorité parlementaire refuse de tenir le débat budgétaire en violation de l’article 56 de la loi organique et rejette le projet de loi constitutionnel visant à supprimer le Haut conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental dans le but de rationaliser les dépenses publiques constitue un casus belli.
Mais l’opposition n’entend pas lui faciliter la tâche. Depuis des semaines, elle fourbit ses armes dans la perspective dudit scrutin. Signe des temps, une coalition se réclamant de l’opposition a été lancée jeudi dernier par plusieurs partis politiques. Son objectif : promouvoir la transparence du scrutin pour que le pouvoir ne profite pas de sa position pour truquer la consultation.