Au lendemain d’une « journée sans presse » réussie, le président sénégalais a plaidé, dans un communiqué, pour qu’une attention particulière soit accordée au redressement des médias privés de son pays, sans plus de précisions.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Bassirou Diomaye Faye veut des « mesures de redressement appropriées » de la presse nationale qui dénonce des mesures fiscales et économiques hostiles attribuées à son gouvernement et qui a dû, pour être entendue, organiser une « journée sans presse » dans tout le pays, largement suivie.
Le président sénégalais espère « un dialogue rénové avec la presse nationale » et « a relevé que la situation générale de celle-ci mérite une attention particulière du gouvernement et des mesures de redressement appropriées », peut-on lire dans ce communiqué publié le 14 août au terme d’une réunion du gouvernement au palais présidentiel.
Mais le communiqué reste imprécis sur les mesures qui pourraient être apportées dans le cadre de ce redressement et ne fait par ailleurs aucun lien avec la « journée sans presse » du 13 août, dont il est normalement la conséquence. Le communiqué paraît même parfois assez équivoque au sujet de l’engagement du gouvernement à répondre favorablement aux cris de désespoir de la presse privée sénégalaise.
Selon lui, « une presse professionnelle, responsable et respectueuse de l’État de droit demeure un pilier majeur de la démocratie », précise le communiqué pendant que le président dit avoir « demandé au gouvernement, notamment au ministre de la Communication, de veiller à l’application intégrale du Code de la presse, mais également au bon fonctionnement des entreprises de presse, dans un esprit permanent d’ouverture et de concertation en vue du respect des cahiers des charges signés ».
Le 12 août, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse au Sénégal (CDEPS), qui regroupe des éditeurs privés et publics, avait jugé, dans un éditorial au vitriol, que la liberté de la presse « est menacée au Sénégal ». Dès la fin avril, les relations entre les nouvelles autorités et les entreprises de presse se sont en effet dégradées, les premières reprochant aux seconds de ne pas payer leurs impôts. Depuis lors, les patrons de presse font état de « blocage des comptes bancaires » de leurs entreprises mais aussi de « saisie de [leur] matériel de production », ainsi que la « rupture unilatérale et illégale des contrats publicitaires ». Ils dénoncent aussi le « gel des paiements » dus aux médias et ce qu’ils appellent une tentative de « contrôle de l’information et la domestication des acteurs des médias ».
Le secteur des médias sénégalais est confronté depuis longtemps à des difficultés économiques. Ses acteurs dénoncent des conditions de travail précaires. Signe des temps, deux quotidiens sportifs parmi les plus lus dans le pays, Stades et Sunu Lamb, ont suspendu leur parution fin juillet dernier après plus de vingt ans de présence dans l’espace médiatique sénégalais en raison de difficultés économiques.