Mardi, le Président français a reçu à l’Elysée son homologue de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, auquel il a promis l’installation d’une école internationale française… En remplacement du lycée français fermé à Niamey?
L’Elysée a précisé dans un communiqué que l’approfondissement de la relation entre les deux pays prendrait également la forme d’une coopération culturelle renforcée cette année, à l’occasion du centenaire de la naissance d’Amilcar Cabral, le leader indépendantiste lusophone assassiné en 1973 à Conakry.
Ironie du sort, l’héritier politique d’Amilcar Cabral, Domingo Simos Pereira, principal rival politique du Président guinéen, est en voie d’empêchement de se présenter à la prochaine présidentielle de Guinée-Bissau. En effet, Embalo a invoqué une obscure tentative de coup d’Etat, en décembre, pour dissoudre le Parlement et engager des poursuites judiciaires contre Simos Pereira, qui avait, une nouvelle fois, remporté la majorité absolue aux élections législatives de juin 2023.
En Guinée-Bissau, certains opposants voient derrière la manoeuvre un plan politique copié sur celui qui a été déroulé contre Ousmane Sonko au Sénégal.
Depuis dix ans, la Guinée-Bissau a connu plusieurs crises institutionnelles et électorales. Embalo a accédé au pouvoir à l’issue d’une élection très contestée en décembre 2019. Bien que la Cour Suprême n’ait pas reconnu sa victoire, les Présidents sénégalais Macky Sall et nigérien Mahamadou Issoufou avaient alors pesé de tout leur poids au sein de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest pour l’imposer. Embalo a la réputation d’être soutenu par des clans mafieux de l’armée, dans un pays souvent considéré comme un narco-Etat.
Emmanuel Macron a confirmé ses engagements pris en décembre dernier d’accorder très prochainement trois millions d’euros d’appui à la Guinée-Bissau pour financer l’acquisition de vaccins et le financement partiel des frais de fonctionnement des hôpitaux.
Sans doute conscient du risque politique, Emmanuel Macron a profité de son entretien mardi avec Embalo pour lui rappeler «que ces échanges ne pourront se poursuivre et se densifier sans la stabilisation des institutions bissau-guinéennes». Les deux chefs d’Etat se sont entretenus de la situation régionale et du sommet extraordinaire de la CEDEAO prévu samedi, qui devra statuer sur les sanctions imposées aux pays gouvernés par des régimes militaires (Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée). Sans surprise, ils ont «salué la décision du Président Macky Sall de respecter la décision du Conseil constitutionnel, qui contribue à la longue tradition démocratique de ce pays», écrit l’Elysée. Amusant hommage d’Embalo à un respect constitutionnel dont il s’est émancipé chez lui.