Nourredine Bedoui, le ministre de l’intérieur, est devenu ces derniers mois l’un des dirigeants les plus proches de la famille Bouteflika.
Lors des élections locales et en dépit d’une forte pression exercée par les partis au pouvoir comme le FLN et le RND, Nourredine Bedoui a réussi à se tenir à l’écart des querelles partisanes pour jouer le rôle de l’arbitre. Placée sous son égide, le scrutin a permis l’émergence de nouvelles forces politiques comme le retour en force du FFS et du RCD, deux partis de l’opposition, au sein des assemblées locales et des assemblées des wilayas.
La fraude en chute libre
C’est dire que finalement le FLN et le RND, les deux mastodontes du régime, n’ont pas pu truquer les urnes comme ils avaient l’habitude de le faire en remportant la majorité absolue. Preuve en est, le nombre des communes contrôlées exclusivement par le FLN est passé de 1000 à 600. Pour plusieurs observateurs avertis, ces résultats sont le fruit d’une gestion plus saine et équilibrée du scrutin électoral. « Il y a eu bien-sûr plusieurs cas de fraudes et de truquages, mais globalement, ces élections ont été nettement plus transparentes que les précédents scrutins organisés par le passé en Algérie », nous confie à ce sujet un ex-ministre, très proche de la famille de Bouteflika. « C’est en partie grâce à la gestion de Bedoui qui avait renforcé la surveillance sur l’administration pour garantir le maximum de neutralité », explique encore notre interlocuteur.
Certes, des protestations ont éclaté dans plusieurs villes pour dénoncer un vole des voix des électeurs. Mais le constat général s’impose bel et bien : le scrutin du 23 novembre dernier ressemble à une réussite qui profite largement à Nourredine Bedoui. Cet ex-juge de la Cour des Comptes, et ancien wali de Sétif et Constantine, exécute parfaitement la feuille de route voulu par les Bouteflika : dessinée une nouvelle carte politique nettement plus diversifiée avec un FLN et RND au pouvoir réduit ainsi qu’une opposition réhabilitée comme le FFS et le RCD. Une nouvelle carte politique qui permettra à Abdelaziz Bouteflika de négocier plus sereinement le virage de 2019 puisqu’il aura fait des concessions à des opposants avec lesquels il pourra négocier sans faire de bruit.
Un test stratégique
Nourredine Bedoui aura réussi à démontrer que son maintien au poste de ministre de l’Intérieur lors du dernier remaniement gouvernemental était un choix judicieux. Le ministre de l’Intérieur fait partie de la petite liste des dirigeants qui peuvent être nommés au poste de Premier-ministre si Ahmed Ouyahia est appelé à de nouvelles missions d’ici 2018. Un nouveau costume que Bedoui pourrait le porter s’il continue à offrir des gages de satisfaction à la famille Bouteflika.