Des milliers d’enfants suspectés d’appartenir à Boko Haram sont détenus par l’armée dans des conditions déplorables
(Abuja, le 10 septembre 2019) – L’armée nigériane détient des milliers d’enfants dans des conditions inhumaines et dégradantes en raison de leur appartenance présumée au groupe armé islamiste Boko Haram, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Ils sont nombreux à être emprisonnés sans inculpation pendant des mois ou des années, dans des baraquements sordides et très surpeuplés, sans aucun contact avec le monde extérieur.
Le rapport de 50 pages, intitulé « ‘They Didn’t Know if I Was Alive or Dead’ : Military Detention of Children for Suspected Boko Haram Involvement in Northeast Nigeria » (« ‘Ils ne savaient pas si j’étais mort ou vivant’ : Détention militaire d’enfants suspectés d’être membres de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria »), analyse la façon dont les autorités nigérianes placent des enfants en détention, avec souvent peu ou pas de preuves. Les enfants ont décrit les coups violents, la chaleur omniprésente, la faim récurrente et l’entassement dans les cellules avec des centaines d’autres détenus, « comme des lames de rasoir dans leur paquet », selon les mots d’un ancien détenu.
« Des enfants sont emprisonnés depuis des années dans des conditions effroyables, avec peu ou pas de preuves de leur appartenance à Boko Haram et sans même avoir été présentés devant un juge », a déclaré Jo Becker, directrice du plaidoyer auprès de la division Droits des enfants de Human Rights Watch. « Beaucoup d’entre eux ont déjà survécu à des attaques de Boko Haram.Le traitement cruel que leur réservent les autorités ajoute à leur souffrance et ils se voient infliger en quelque sorte une double peine. »
Environ un enfant interrogé sur trois a témoigné que les forces de sécurité l’avaient frappé lors de l’interrogatoire suivant son arrestation ou à la caserne de Giwa. Une fille qui avait été forcée à épouser un membre de Boko Haram a ainsi raconté que lorsque les soldats l’avaient capturée, « ils nous battaient avec leurs ceintures, en nous insultant et en nous jurant que nous aurions affaire à eux parce que nous étions des épouses de Boko Haram ». D’autres ont déclaré qu’ils étaient frappés s’ils niaient tout lien avec Boko Haram.
Près de la moitié des enfants ont témoigné qu’ils avaient vu des cadavres d’autres détenus à la caserne de Giwa. Beaucoup ont confié qu’ils souffraient souvent de la soif ou de la faim.
Pour consulter le rapport « ‘They Didn’t Know if I Was Alive or Dead’ : Military Detention of Children for Suspected Boko Haram Involvement in Northeast Nigeria » (« ‘Ils ne savaient pas si j’étais mort ou vivant’ : Détention militaire d’enfants suspectés d’être membres de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria »), veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/node/333438