Le juge d’instruction du pôle judiciaire économique et financier a refusé ce vendredi 4 octobre 2019, la demande de débat télévisé à Nabil Karoui, le patron de Nessma TV et un de deux candidats au deuxième tour des élections présidentielles du 13 octobre.
La campagne électorale en Tunisie connait toujours une situation inédite; En privant de débat à la télévision un des deux cansdats au deuxième tour de scrutin, aujourd’hui en détention, la justice tunisienne prépare, sans le vouloir, les conditions objectives d’une annulation du scrutin qui se sera passé dans des conditions évidentes d’inégalité entre les candidats.
Me Abdelaziz Essid, avocat de Nabil Karoui, a déclaré que le juge d’instruction a émis son refus d’accorder l’interview télévisée au candidat incarcéré depuis le 23 août 2019 à la maison d arrêt de Mornaguia en s’appuyant sur la loi n°2001-52 du 14 mai 2001, relative à l’organisation des prisons. Le collectif de défense de Nabil Karoui a commenté la décision du juge d’instruction en regrettant l’absence d’effort d’interprétation des lois face à une situation exceptionnelle.
Ce juridisme pointilleux de la part de magistrats connus, ces dernières années, pour leur peu d’indépendance face au pouvoir politique masque difficilement une volonté d’instrumentalisation de le justice à des fins partisanes.
Une possible invalidation
Le deuxième tour de la présidentielle, se fera donc sans que le candidat Nabil Karoui n’ait droit à faire campagne ni à s’adresser directement aux tunisiens. Autant die que la porte est ouverte, au lendemain du scrutin du 13 octobre, à un troisième tour, mais celui ci dans la rue, si Nabil Karoui est battu. Des manifestations massives des partisans de ce dernier, qui bénéficient de relais solides au sein de l’appareil sécuritaire tunisien, viendront mettre en cause tout le processus démocratique qu’a connu la Tunisie depuis le mois de janvier 2011, lorsque l’ex président Ben Ali prenait la fuite pour l’Arabie Séoudite.
Karoui, un autre Chirac
Aucun citoyen tunisien ne donnerait le bon dieu sans confession à Nabil Karoui, connu pour ses relations troubles avec toutes sortes de partenaires, qu’il s’agisse de Silvio Berlusconi, de certains généraux de l’ex DRS (services algériens) ou des islamistes libyens de Farj Libya. Mais le moment choisi pour le mettre en cause, quelques semaines avant le scrutin présidentiel, est un terrible coup porté à la fragile démocratie tunisienne.
Après tout, Jacques Chirac a pu être réélu en 2002 alors que des charges pesaient contre lui qui lui vaudront après on départ de l’Elysée en 2007 une condamnation à une peine avec sursis.