Ancien ministre du président turc Recep Tayyip Erdogan, Murat Kurum s’est vu confier dimanche la mission de remporter la ville d’Istanbul lors des municipales du 31 mars prochain. À l’issue du dernier scrutin, en 2019, l’ancienne Constantinople était tombée dans les mains de l’opposition, ce qui constituait alors un revers de taille pour le président turc.
Il est chargé de reconquérir la ville d’Istanbul lors des élections municipales du 31 mars 2024. Ingénieur civil de formation, député et ancien ministre de l’Environnement et de l’Urbanisation du président turc Recep Tayyip Erdogan de 2018 à 2023, Murat Kurum a officiellement été désigné dimanche 7 janvier comme le candidat du parti présidentiel AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur), pour briguer la mairie de la plus grande ville de Turquie.
À 47 ans, il se voit confier la mission d’effacer le douloureux souvenir du revers politique subit par Recep Tayyip Erdogan et l’AKP en 2019, lors des dernières municipales. Après un quart de siècle passé sous la direction des islamo-conservateurs du Parti de la Vertu puis de l’AKP, la ville est alors tombée dans les mains du parti d’opposition du CHP (Parti républicain du peuple), représenté par son candidat Ekrem Imamoglu. Ce dernier avait battu – par deux fois – l’ancien Premier ministre turc Binali Yildirim, et remporté Istanbul.
Aujourd’hui âgé de 53 ans, Ekrem Imamoglu est en lice pour briguer un deuxième mandat à la tête d’Istanbul, une ville – rappelons-le – chère au président Erdogan. Il y est né et en a été le maire de 1994 à 1998… la première étape de sa longue ascension dans la sphère politique turque. La mairie d’Istanbul est un « enjeu crucial des élections du 31 mars prochain », écrit sur X (anciennement Twitter) la journaliste française Ariane Bozon, évoquant « le choix d’un technocrate » de la part de l’AKP avec la candidature de Murat Kurum.
Pour la mairie d'#Istanbul, enjeu crucial des élections du 31 mars prochain, l'#AKP a choisi son #candidat: Murat Kurum, 50 ans, ingénieur, député et ancien ministre de l'environnement et de l'urbanisation de 2018 à 2023. Le choix d'un technocrate. pic.twitter.com/MEkCjVFnpC
— Ariane Bonzon (@ArianeBonzon) January 7, 2024
Réaliser un « triplé » pour Erdogan
L’année 2023 — année du centenaire de la République de Turquie — aura sourit à Recep Tayyip Erdogan, vainqueur de l’élection présidentielle du 28 mai dernier, après un duel difficile face au candidat de l’opposition Kemal Kiliçdaroglu. Le parti présidentiel et ses alliés politiques ont également remporté les élections législatives du 14 mai, conservant la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Reste maintenant les municipales pour s’assurer un « triplé ». Ekrem Imamoglu, lui, cherchera à remporter une deuxième victoire face à l’AKP, et au président Erdogan.
« Même si l’on tient compte des avantages de M. Erdogan en tant que titulaire et de l’image de marque de son candidat [Murat] Kurum en tant que maire bâtisseur, il sera difficile pour M. Kurum, originaire d’Anatolie centrale, de battre Imamoglu, le maire d’Istanbul issu de la mer Noire », estime de son côté Soner Cagaptay, spécialiste de la Turquie au sein du Washington Institute, dans un message sur X. Il précise que « la démographie de la ville, dominée par la mer Noire, favorise Imamoglu ».
Even considering Erdogan's incumbency advantages and his candidate Kurum's brand as builder-mayor, it will be an uphill struggle for Central Anatolian-origin Kurum to defeat Istanbul's Black Sea-descendant mayor Imamoglu. The city's dominant Black Sea demographics favor Imamoglu https://t.co/ldSFx0GgyQ
— Soner Cagaptay (@SonerCagaptay) January 7, 2024
Reste maintenant à savoir si Ekrem Imamoglu pourra effectivement faire campagne pour les municipales. Il n’a pas pu se présenter à l’élection presidentielle de mai 2023 en raison d’une condamnation pour diffamation controversée, que ses partisans considèrent comme une vendetta du président turc contre lui après sa défaite en 2019. Ekrem Imamoglu risque également jusqu’à trois ans d’exclusion de la vie politique si sa condamnation est conformée en appel. Affaire à suivre donc…