Le benjamin des chefs de mouvements armés du nord du Mali, Moussa Ag Acharatoumane, resté loyal à Bamako dans la bataille de la reconquête de Kidal, s’est prononcé publiquement jeudi 11 janvier en faveur du dialogue inter Maliens annoncé par le Président Assimi Goita.
Si les contours de ce dialogue restent encore très flous, le leader loyaliste daussak natif de Menaka, qui dirige le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), souhaite l’encourager, même si les poursuites pour terrorisme lancées par Bamako fin novembre contre les chefs des mouvements indépendantistes du nord signataires des accords de paix de 2015 semblent exclure ces acteurs.
Moussa Ag Acharatoumane était à Gao à l’occasion d’une réunion de la communauté daussak autour du thème du vivre-ensemble, de la paix, de la cohésion sociale et de la promotion du dialogue inter-malien, sous la présidence du gouverneur de la région, le général Moussa Traoré. Etaient également présents le secrétaire général de l’autre mouvement d’auto-défense touareg, le GATIA, ainsi que plusieurs chefs traditionnels et religieux des régions de Gao et Menaka, au sud-est du Septentrion.
Dans son discours, le gouverneur a salué l’engagement de la communauté daussak pour la paix et le dialogue inter-malien, disant qu’il existe un temps pour la guerre et un temps pour la paix et que celui de la paix est venu.
Une communauté très éprouvée par l’Etat islamique
Le secrétaire général du MSA tenait, lui, à remercier les populations de la grande ville du nord du Mali pour leur «soutien inébranlable» à sa communauté durement éprouvée par les attaques de l’Etat islamique au Sahel depuis mars 2022. Il a salué «la communauté soeur des Imghads, particulièrement son président, le général Elhad Ag Gamou», nommé gouverneur de Kidal après la prise du bastion indépendantiste touareg par l’armée malienne. Les deux hommes sont proches et leurs mouvements ont combattu l’Etat islamique côte à côte en 2018 dans la zone des trois frontières, aux côtés des armées malienne, nigérienne et française, puis, en 2022, sans ces renforts. L’Etat islamique a réussi, toutefois, à consolider sa maîtrise de la région.
L’objectif de la réunion était de rechercher de l’aide urgente pour plus de 86 000 déplacés qui continuent à fuir les massacres de civils commis par l’Etat islamique. La scolarisation des enfants déplacés ne doit pas être oubliée, a insisté Ag Acharatoumane.
Selon Kadijatou walet Mohamed, présidente de l’Association des jeunes leaders unis pour la paix et le développement de Menaka, les personnes déplacées sont au nombre de 56 553 à Menaka et 29 907 à Gao. Si les Daussak, particulièrement ciblés par le groupe djihadiste, y sont majoritaires, les autres communautés sont aussi représentées.
«Les déplacés vivent sur des sites improvisés, en périphérie des villes ou dans des familles d’accueil et bénéficient d’une aide très minime et insuffisante», a-t-elle dit à Mondafrique.