Motaz Azaïza, photo-journaliste palestinien, reçoit le Prix Liberté

 
 
 

Mardi 4 juin, Motaz Azaïza, photo-journaliste palestinien ayant couvert le conflit au cœur de Gaza, a reçu le Prix Liberté 2024 au Zénith de Caen pour son engagement en faveur de la liberté de la presse et le droit à l’information.

 
 
 

Motaz Azaïza est un jeune journaliste palestinien couvrant le conflit au cœur de Gaza. Son combat pour le droit à l’information permet de diffuser des informations sur le conflit et de mettre en lumière les destins des populations affectées par cette guerre. En effet, le conflit israélo-palestinien, en cours depuis le milieu du XXe siècle, s’est intensifié depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque coordonnée du Hamas en Israël. En réaction à cette attaque terroriste, le gouvernement israélien a décidé d’imposer un blocus sur la bande de Gaza ainsi que des opérations militaires. Il couvre dès lors le conflit depuis la bande de Gaza, cette couverture lui a valu en 2023 le prix GQ Middle East de l’homme de l’année et d’être cité par le Time magazine parmi les 100 personnes les plus influentes en 2024. En janvier 2024, il quitte Gaza pour rejoindre le Qatar suite à l’interruption des communications décretée par Israël, où il continue de s’engager pour la liberté de la presse et la protection des journalistes. 

Motaz Azaïza a été désigné lauréat à l’issue d’un vote réunissant 14 265 jeunes issus de 116 payssur le site Prix Liberté du 20 mars au 30 avril 2024.

 

« La liberté d’expression devrait être un droit fondamental pour chaque être humain. Pourtant, dans le monde d’aujourd’hui, nous ne nous battons pas seulement pour la liberté de la presse, mais aussi pour la protection des journalistes. Je suis originaire de Gaza, j’ai survécu à un génocide, j’aurais pu mourir à l’heure qu’il est. À Gaza, pendant la guerre, j’ai pensé que chaque instant pouvait être le dernier. Et bien souvent, cela a failli être le cas. Je devrais être reconnaissant d’avoir survécu, mais il est impossible de se sentir heureux quand des dizaines de milliers de personnes n’ont pas survécu, y compris les membres de ma famille et mes amis. À l’heure où nous parlons, de nombreux autres sont encore tués ou blessés par les frappes israéliennes et des milliers sont encore sous les décombres. Collectivement, nous avons tous le devoir de faire beaucoup plus pour protéger et soutenir les journalistes qui sont encore sur le terrain et qui risquent leur vie pour continuer à dire la vérité. Nous avons tous le devoir moral de faire ce qui est juste, de nous tenir du bon côté de l’histoire et de défendre la liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté de la Palestine »

                                                     Motaz Azaïza.

Les deux autres nommés étaient : Noura Ghazi, avocate syrienne luttant en faveur des droits des prisonniers politiques et Maria Kolesnikova, figure de l’opposition biélorusse.

Noura Ghazi : À 5 ans, Noura Ghazi voit son père arrêté en Syrie pour ses idées d’opposition au régime autoritaire syrien. Cette arrestation sera le déclencheur de sa profession d’avocate pour les droits des prisonniers politiques. Elle crée l’organisation non gouvernementale No Photo Zone qui travaille à promouvoir les droits de l’Homme et à mettre la lumière sur les disparitions forcées et les situations de détention. https://youtu.be/Aq3dwW1LQT4

 

Maria Kolesnikova : Diplômée de l’école de l’Académie d’Etat de musique en tant que flûtiste et chef d’orchestre, Maria Kolesnikova est une figure de l’opposition biélorusse, engagée pour la lutte contre l’oppression politique imposée par Alexandre Loukachenko. Maria Kolesnikova a été condamnée à 11 ans de prison au terme d’un procès à huis clos. https://youtu.be/wSSwJPBZPDg

 

 

Bertrand Deniaud, Vice-Président de la Région Normandie, chargé des Lycées et de l’éducation, revient sur le succès croissant du Prix Liberté : «Chaque année, nous recevons de plus en plus de dossiers de candidature pour le Prix Liberté, que ce soit pour rejoindre le jury international ou pour proposer des personnes ou des organisations candidates. Le Prix Liberté atteint à présent de nombreux pays, plus de 115, grâce notamment aux actions éducatives menées tout au long de l’année par la Région Normandie épaulée par l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix. Nous nous réjouissons de l’enthousiasme de tous ces jeunes pour aider ceux dont les combats leur sont chers et qui nous montrent librement quels sont leurs sujets de préoccupation. Ce prix est le leur et nous sommes fiers et impressionnés de leur maturité et de leur souci de l’autre. Ils nous confirment dans notre volonté de les faire réfléchir et participer à La Défense de la liberté maintenant sans tarder. En cette année du 80eme anniversaire du Débarquement sur les côtes Normandes, avoir désigné un reporter de guerre est d’autant plus marquant et montre une nouvelle fois leur volonté de mettre les lumières sur la liberté de la presse pour éclairer les populations et ainsi assurer leur liberté de jugement, ce au sujet d’un conflit extrêmement sensible. »

 

Patrick Chauvel, Président du Jury du Prix Liberté 2024 « Ce Prix Liberté est le prix de la vérité. Il vise à récompenser des gens qui se battent contre le silence, parfois dans l’ombre. Ce prix met en lumière tous ces combats. Les journalistes, les opposants, tous ceux qui luttent contre toutes les atteintes aux droits de l’Homme sont justement à la recherche de cette vérité. Mais c’est aussi le cas de ces vingt-quatre jeunes du jury international du Prix Liberté par le formidable engagement, les questionnements et les réflexions qui les ont animés durant toute la semaine de délibération. Le Prix Liberté est un prix qui met en lumière des personnes qui en ont besoin. Qui leur donne du courage, même pour les plus connus. »

 

« Dans un contexte international de crises et de changements systémiques, nous mesurons à quel point la liberté et sa protection peuvent être menacées, impactant les droits existants. A l’institut international des droits de l’Homme et de la Paix, la dignité humaine est un des moteurs que nous plaçons au coeur de nos actions, telles que le programme du Prix Liberté. Cette dignité est une responsabilité partagée pour renforcer des valeurs humaines essentielles telles que le respect et la solidarité, rendus possibles par la diffusion des connaissances et l’éducation, tout en construisant des passerelles entre les cultures. »

Fiona Schnell, Directrice Générale de l’Institut International des droits de l’Homme et de la Paix

 

« Je reviens en Normandie depuis 2007 et je suis toujours aussi impressionné de voir à quel point les Normands sont extrêmement reconnaissants : même les jeunes générations ont été sensibilisées par leurs parents. Les gens sont toujours enthousiastes et reconnaissants envers nous. J’espère que cet enthousiasme perdurera au fil des années et qu’ils n’oublieront jamais le sacrifice de nos camarades qui se trouvent dans les cimetières de Normandie. » Charles Norman Shay, ambassadeur du Prix Liberté 2024 et Vétéran amérindien ayant débarqué à Omaha Beach le 6 juin 1944.

 

 

A l’occasion du 80 anniversaire du Débarquement, la Best Defense Foundation accompagne, cinquante Vétérans de la Seconde Guerre mondiale en Normandie. Les Vétérans sont arrivés à Deauville à bord d’un avion spécialement affrété par Delta airlines. Ce matin, ils se sont recueillis au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, sur les tombes de leurs frères d’armes tombés au front.

 

La cérémonie s’est déroulée en présence de :

  • Motaz Azaïza, lauréat du Prix Liberté 2024
  • Noura Ghazi et Tatsiana Khomich, sœur de Maria Kolesnikova. Noura Ghazi et Maria Kolesnikova, actuellement emprisonnée, étaient les deux autres nommées par le jury pour le Prix Liberté 2024
  • Bertrand Deniaud, Vice-Président de la Région Normandie, chargé des lycées et de l’éducation,
  • Nicole Ameline, Présidente de l’Instistut international des droits de l’Homme et de la Paix
  • Du jury international du Prix Liberté 2024 (24 jeunes internationaux) et de Patrick Chauvel, président du Jury et grand reporter de guerre
  • 4 000 jeunes lycéens normands, ainsi que de lycéens venus des États-Unis et d’Allemagne,
  • Plusieurs personnalités dont Nicole Ameline, Présidente de l’Institut des Droits de l’Homme et de la Paix, Charles Norman Shay, Vétéran amérindien ayant débarqué à Omaha Beach le 6 juin 1944 ; une cinquantaine de vétérans américains de la Seconde Guerre mondiale

 

Motaz Azaïza s’est vu remettre le trophée Prix Liberté, réalisé par les élèves de la filière art de la reliure et de la dorure du lycée Paul Cornu de Lisieux, ainsi qu’un chèque de 25 000 euros pour soutenir son engagement en faveur de la liberté de la presse.

 

Ce trophée, réalisé en cuir marin, en bois d’olivier et acier, représente trois vagues, en référence aux côtes normandes et au Débarquement, entourant et protégeant une sphère dorée représentant la Liberté.

 

Manifestation originale en faveur de la Liberté dans le monde, créée en 2019 par la Région Normandie en partenariat avec l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, les Autorités académiques de Normandie et le réseau Canopé, le Prix Liberté met chaque année à l’honneur une personne ou une organisation engagée dans la défense des libertés dans le monde.

 

Pour mémoire, les jeunes ont remis le Prix Liberté en 2019 à la jeune militante suédoise Greta Thunberg pour son combat en faveur de la justice climatique. En 2020, le Prix Liberté fut attribué à Loujain Al Hathloul, libérée le 10 février 2021 après 1 001 jours de détention en Arabie Saoudite, pour son combat en faveur des droits des femmes dans son pays. En 2021, la jeune rappeuse afghane Sonita Alizada a reçu le Prix Liberté pour sa lutte contre le mariage forcé des jeunes filles. En 2022, l’association Child’s Right and Rehabilitation Network (CRARN) a remporté le Prix Liberté pour son soutien médico-social, humanitaire et psychologique apporté aux enfants des rues, victimes de discrimination en raison de prétendus pouvoirs maléfiques. Enfin en 2023, le Club des jeunes filles leaders de Guinée, représenté par Hadja Idrissa Bah, a été désigné lauréat du Prix liberté pour sa lutte contre les mariages forcés et les mutilations.

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)