Mondafrique rencontre Jean Christian Konan, cyberactiviste ivoirien

Depuis deux mois,  un lanceur d’alerte reconnu, Jean Christian Konan, est en fuite. Parmi les nombreux scandales qu’il a dénoncé, celui du bateau Zimrida, chargé de produits dangereux destinés à être débarqués au port d’Abidjan, a mis le feu aux poudres.Depuis lors, un commando le recherche et en veut à sa vie. Dans son périple entre de nombreux pays, une halte nous a permis de le rencontrer  à Paris.

Une exclusivité Mondafrique.

Michel Galy, universitaire

Jean Christian Konan, ou l’homme invisible : peu de monde peut se vanter, surtout récemment, de l’avoir récemment rencontré. Souriant, volubile, très informé, Konan est pourtant un lanceurs d’alerte connu sur le continent africain. Les post de sa page Facebook « JCK-Analysisblog », qu’il décrit comme un lieu de « veille stratégique et informationnelle »,  ont fait sa renommée.

Jean Christian Konan, a longtemps appartenu  à la grande bourgeoisie ivoirienne : son père, décédé il y a un an, était en effet l’ancien ministre Konan Lambert , insubmersible dignitaire de tous les régimes, depuis Houphouet Boigny à Gbagbo, en passant par Konan Bédié.

Business first

Loin d’être un esprit systématiquement critique, le lanceur d’alerte a créé en 2000 « JCK Advisor », un site de prestation de services et de conseils en entreprise : l’action sur les réseaux sociaux n’empêche pas les affaires, surtour à l’aide d’une double nationalité franco ivoirienne. Ses croisades contre des contrats douteux peuvent donner au pouvoir ivoirien l’occasion de montrer sa détermination à lutter contre la corruption en cette année électorale.

Mais lorsque le 4 janvier dernier  il révèle que le cargo Zirida transporte 20000 tonnes d’engrais à base de nitrate d’ammonium vers le port d’Abidjan, en le qualifiant de « bombe flottante », il ne se doute pas que ce post va changer radicalement sa vie. Un proche parent haut placé au ministère de l’intérieur et un membre de l’ambassade américaine lui envoient le même message: mieux vaut quitter e pays.

Le lendemain Jean Christian Konan est à Accra, accueilli par une institution ad hoc, chargée justement d’héberger et de sécuriser les lanceurs d’alerte en danger, le Centre international pour la sécurité des lanceurs d’alerte et des journalistes. Des amis proches  le protègent et Reporters sans Frontières  prend à cœur ces dangereuses menaces.

Pourtant planques discrètes et liaisons sécurisées ne suffiront pas : le lanceur d’alerte, averti qu’on le recherche aussi en plein Accra, doit partir précipitamment du Ghana  pour Lagos, où avec l’aide d’un représentant de l’ambassade de France , il s’envole pour Paris à l’aide de son passeport français.

Insaisissable, car sa page Facebook le localise ces derniers jours en Angleterre, en Italie,puis en Égypte. Avant de partir très bientôt aux États Unis, où les investigateurs officiels du FBI  l’attendent pour creuser l’énorme scandale financier dit du Riyadh City, qu’il vient de révéler en Mars, impliquant des escrocs internationaux saoudiens avec des relais, selon ses dires non vérifiés, au consulat de Cote d’Ivoire à New York.