Un jeune Mauritanien, dont la condamnation à mort pour blasphème avait été commuée en appel en une courte peine de prison désormais éxécutée, est toujours en « détention administrative ».
Mohamed Cheikh Ould Mohamed, également connu sous le nom de Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir, « est en détention administrative en attendant la fin de la procédure judiciaire », a déclaré vendredi le commissaire-adjoint aux droits de l’homme mauritanien, Rassoul Ould El-Khal.
S’exprimant devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples à Nouakchott, le responsable a notamment évoqué le « pourvoi en cassation déposé par le parquet » après la réduction de sa peine.
Ould Mkheitir aurait dû retrouver la liberté après sa condamnation, le 10 novembre par une cour d’appel à Nouadhibou (nord-ouest), à deux ans de prison ferme alors qu’il a déjà passé quatre années en détention provisoire.
Depuis novembre, les autorités mauritaniennes ne s’étaient pas officiellement exprimées sur son sort.
Vendredi, une vingtaine d’ONG, dont Amnesty International, ont indiqué dans un communiqué que Nouakchott avait récemment fait valoir que le jeune homme était « en détention administrative pour sa propre sécurité ».
Interrogée par l’AFP, une source proche des autorités a évoqué un « lieu sûr à Nouakchott ».
« Cette rétention administrative viole la loi. Le pourvoi en cassation n’est pas suspensif de la relaxe de M. Ould Mkheitir, qui doit être immédiatement remis en liberté », a déclaré à l’AFP son avocate, Fatimata M’Baye.
La vingtaine d’ONG a également à nouveau réclamé la fin de sa mise « au secret », et exhorté l’Etat à « garantir » sa sécurité.
Musulman âgé d’une trentaine d’années, M. Ould Mkheitir est détenu depuis janvier 2014.
Il avait été en première instance reconnu coupable d’apostasie (le fait de renoncer à sa religion) pour un article sur internet taxé de blasphème envers le prophète de l’islam, Mahomet, mais il avait exprimé son repentir.
Il avait été condamné à mort le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou.
L’annonce de la réduction de sa peine en appel a provoqué des manifestations de protestation. Le gouvernement a adopté dans la foulée un projet de loi durcissant la législation contre les auteurs d’apostasie et de blasphèmes, désormais passibles de la peine de mort, sans plus tenir compte d’un éventuel repentir.
En raison de ce projet de loi, la Mauritanie a enregistré le plus fort recul d’Afrique (-17 places) dans le classement sur la liberté de la presse de l’ONG Reporter Sans Frontières.
La peine capitale n’a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987.
avec l’AFP