Mauritanie : la contagion de la GenZ 212 étouffée dans l’œuf

Mahmouden ould Hawnah, ancien animateur de syndicats étudiants, est un fonctionnaire du ministère de la Fonction publique, en principe, astreint au devoir de réserve. Le 2 octobre, manifestement grisé par l’effervescence des revendications sociales au Maroc – pays qu’il connaît assez, car il y avait obtenu le diplôme de l’Ecole nationale d’administration (Ena), il se filme, en direct, appelant à la Révolution.  

L’orateur fend, alors, sur sa page Meta, d’un appel à la révolution.  Le ton est résolument subversif. Son laïus emprunte les codes éprouvés du wookisme, en l’occurrence le raccourci discursif, l’éloquence du slogan et la simplification à narrer les injustices alléguées. Au détour d’une envolée lyrique, il annonce que l’acte inaugural du grand soir consisterait à écarter, d’emblée, 60 familles de l’élite. Il n’en fallait davantage pour que des agents de la sûreté de l’Etat débarquassent chez lui, dans la foulée, le même jour.

Après l’arrestation, l’isolement

Très tôt, après sa vidéo, les groupes jusqu’alors en relation avec le projet, cessent de se connecter à l’application Discord. Certains, sur d’autres plateformes, condamnent le propos et se désolidarisent de l’auteur. Le projet de contestation par la rue vient d’avorter, à peine conçu.

Aujourd’hui, Mahmouden, bien seul, croupit à l’intérieur d’une prison clandestine du gouvernement. En général, il s’agit de villas anonymes d’où les prévenus, au terme d’un interrogatoire plus ou moins abrupt, se retrouvent devant le juge d’instruction. A ce jour, maintenu au secret, aucun avocat ou proche n’a pu lui rendre visite.