Mauritaine, l’interdiction des motos pour lutter contre le terrorisme

Les autorités locales de la préfecture de Ould Yengé, dans la région du Guidimakha, au sud de la Mauritanie, annoncent l’interdiction de la circulation des motos, à partir du 1ᵉʳ septembre 2025, de 19h 00 à 06h 00.

Un article du site partenaire « Veille sahélienne »

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Le dispositif inclut l’obligation d’enregistrer, les engins motorisés à 2 roues, auprès des services de l’administration décentralisée, sous la supervision d’un comité multisectoriel. L’on ignore si la décision s’étendra aux tricycles. 

Ould Yengé occupe une position sensible, à la lisière de l’oued Karakoro, une quasi-frontière naturelle avec le Mali. La configuration stratégique du lieu, non loin du Sénégal vers l’ouest, lui confère les atouts et fragilités d’un carrefour transnational de migration et de transhumance du bétail. Selon les données du Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph) en 2013, la localité compte environ 6 700 habitants, démographie qui augmenterait, chaque année, de 2,7%, sans inclure le chiffre aléatoire des réfugiés. Les autochtones, de diverses ethnies – en majorité des Peulhs très liés aux Maures – vivent de l’agriculture et de l’élevage.  Depuis la démocratisation de l’accès à une multitude de marques chinoises à prix modique, la mobilité des paysans s’améliore et entraîne, dans son sillage, l’essor de l’économie locale. 

Cependant, la restriction nocturne ne devrait comporter de nuisance significative au commerce. 

La mesure intervient au moment où la Mauritanie renforce ses outils d’anticipation de la menace, face aux incursions de jihadistes, à proximité immédiate de son territoire. Ceux-ci opèrent depuis le centre du Mali, notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim), très actif dans les cercles voisins de Niono et de Ségou. Au combat, les assauts à moto lui tiennent lieu de cavalerie. 


Le Sénégal adoptait, il y a quelques semaines, une interdiction similaire, au nord du pays, après les tirs, par 2 individus à moto, sur une patrouille de l’armée, en mai 2025. 

A l’intérieur des septentrions à risque, de la Côte d’Ivoire et du Bénin, les forces de sécurité appliquent de telles limitations, la publicité en moins. Parfois, la défense de circuler vise seulement le convoi. Le nombre d’engins, ainsi qualifiés, varie selon l’espace et les urgences de la guerre.

 
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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)