Depuis plus d’une vingtaine de jours, des détenues dans le cadre du Hirak du Rif, observent une grève de la faim, qui selon les témoignages de leurs familles et de plusieurs activistes des droits humains, met sérieusement leurs vies en péril. Des politiques ont dans ce sens plaidé pour un « dialogue constructif » avec eux pour « préserver leurs droits constitutionnels ».
Ces grévistes, dont Nasser Zefzafi et Nabil Ahamjik, condamnés à 20 ans de réclusion chacun, dénoncent «les pressions et les traitements » dont ils feraient l’objet à l’intérieur des prisons.
Ils réclament, entre autres, d’être rassemblés dans un même établissement pénitentiaire, de pouvoir recevoir de la lecture, des repas corrects et de disposer de plus longues durées pour les appels téléphoniques et les visites familiales.
Estimant qu’il s’agit là de « droits garantis par la constitution pour chaque citoyen quelle que soit sa situation », des députés du Parti socialiste unifié (PSU), membre de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), ou encore de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), ont évoqué le dossier il y a quelques jours, avant d’être rejoints, par ceux du parti à la tête de la coalition gouvernementale, le Parti de la justice et du développement (PJD).
Dans leur plaidoyer, les représentants du PSU ont appelé à un règlement définitif du dossier du Hirak. Dans une déclaration de solidarité avec les activistes et militants (toutes catégories) détenus, ils ont affirmé que «la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a failli à tous ses engagements antérieurs et continue d’imposer, voire renforcer, les restrictions ».
Tout en dénonçant « le procès inique et injuste» réservé au Hirak, « pourtant un mouvement pacifique », le PSU a appelé à «un dialogue responsable avec les leaders de ces mouvements en répondant à leurs revendications», assurant que la libération des détenus des mouvements sociaux, notamment ceux des Hirak du Rif, de Jerada et de Beni Tejijt, relève de «l’intérêt supérieur du Maroc et des Marocains».
Dans le même ordre d’idées, l’antenne de l’USFP à Al Hoceima a plaidé pour « une interaction positive » avec les «revendications légitimes des détenus du Hirak du Rif en grève ouverte de la faim».
A l’instar du PSU, l’USFP s’est prononcé pour « un règlement global et définitif du dossier du Hirak du Rif».
Le même appel a été lancé par l’Association marocaine des droits humains (AMDH), par le biais de sa section à Nador, qui a saisi par écrit la DGAPR, l’invitant à « agir et répondre» à ces détenus « privés de leurs acquis constitutionnels »
C’est justement cet aspect constitutionnel de la question qui a été invoqué par la députée PJDiste, Amina Maelainine, aux côtés d’autres élus de la Lampe, qui se sont adressés au chef du gouvernement.
Dans un post Facebook, Maelainine a expliqué qu’El Otmani a été saisi, en sa qualité d’autorité de laquelle relève la DGAPR.
«Légalement, on ne peut s’adresser au délégué général pour l’interroger sur ce qui a été fait pour régler cette situation », a-t-elle dit.
C’est donc au chef de l’exécutif d’éclairer sur ce qui a été entrepris pour dissuader les grévistes dont l’état de santé se détériore de jour en jour.
Dans ce sens, la députée affirme qu’«on ne peut ignorer une grève de la faim au vu des conséquences non seulement pour la santé et la survie même des détenus, mais aussi pour l’image, intérieure et extérieure, du Maroc et la situation des droits de l’homme qui y prévaut».
«Ces grévistes sont, en premier lieu, des citoyens marocains détenus dans des pénitenciers marocains. Il est impératif de préserver leur intégrité physique et leur droit à la vie, tous deux garantis par la constitution», conclut la députée.
Pour rappel, Ahmed Zefzafi, père de Nasser Zefzafi, avait annoncé le 18 août que son fils détenu à la prison de Ras El Ma a entamé une grève de la faim, avec Nabil Ahamjik, en protestation contre des pressions qu’ils disent subir de l’administration pénitentiaire.