Forbes France au service de Rabat ?

Capture écran du site de Forbes France

D’après une enquête édifiante récemment publiée par le magazine Marianne, la monarchie marocaine poursuit une stratégie d’entrisme particulièrement agressive au sein des médias français mainstream. Un exemple flagrant : celui de la version française de Forbes, devenue un relais privilégié des autorités marocaines.

 

Dans un dossier consacré aux dérives du magazine Forbes, le journaliste Quentin Müller s’attarde sur les liens financiers entre le trimestriel d’économie et le Maroc. Fin connaisseur des coulisses de l’État marocain, le rédacteur en chef adjoint du service international de Marianne a été expulsé du pays en 2023 après avoir tenté d’enquêter sur les autorités locales.

D’après lui, « Sur les 49 articles qui lui sont consacrés (certains articles du magazine n’ont pas été archivés sur le web), 22 sont des Brandvoice, soit des articles achetés par leurs commanditaires. Certains sont très élogieux, ignorant la réalité économique du pays et la question des libertés individuelles. Les titres parlent d’eux-mêmes : « Covid-19 : Comment le Maroc met en œuvre un plan massif pour soutenir l’économie et protéger les populations », « “Génération Green” : le modèle agricole marocain, un exemple à suivre ».

Au cœur de cette collusion, un homme fait l’objet d’une attention particulière dans l’article de Marianne : Abdelmalek Alaoui, proche de la DGED (Direction Générale des Études et de la Documentation), le service de renseignement extérieur et de contre-espionnage du Maroc. Officiellement économiste et consultant, celui qui publie également dans Le Monde et Le Figaro serait en réalité un personnage clé dans la forte influence exercée par le royaume auprès de plusieurs organes de presse français.