Les tensions entre la France et l’Algérie continuent d’enflammer les débats politiques. La récente expulsion controversée d’un « influenceur algérien », renvoyé en France par l’Algérie, illustre ces crispations croissantes. Alors que la droite et l’extrême droite soutiennent activement la ligne dure incarnée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, des critiques s’élèvent au sein de la gauche pour dénoncer une gestion jugée provocatrice et peu respectueuse des règles diplomatiques et de l’État de droit.
Une expulsion arbitraire selon la gauche
Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a vivement critiqué Bruno Retailleau, allant même jusqu’à prononcer le mot « pyromane » lors de son intervention au Grand Jury RTL – M6 – Le Figaro – Public Sénat. Elle a reproché au ministre de multiplier les « incendies », citant sa sortie médiatique sur la place des femmes voilées lors des sorties scolaires avant d’évoquer l’expulsion précipitée d’un ressortissant algérien sans respecter les procédures légales.
« Les relations internationales ont des règles. Les gens ne sont pas des colis que l’on retourne à l’expéditeur », a déclaré la responsable politique. Pour Tondelier, Retailleau ne respecte ni les accords internationaux ni les principes de l’État de droit, au moment même où plusieurs analystes de la vie politique plaident pour des relations plus apaisées avec l’Algérie.
« Les relations avec l’Algérie, c’est une chose très importante, il y a près d’un quart des Français qui ont des relations avec l’Algérie, ça ne peut pas être une question parmi d’autres », a rappelé Catherine Tricot, directrice de la revue Regards. « Je pense que Bruno Retailleau connaît bien la question des OQTF, donc là, je ne sais pas à quoi il a joué. La question des OQTF est une question compliquée, on n’expédie pas les gens vers un pays sans avoir un accord du pays vers lequel la personne est expédiée », a ajouté la journaliste, qui constate que la France ne dégrade pas ses relations seulement avec l’Algérie, mais avec de nombreux pays africains.
La mise en garde du PS
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a lui aussi critiqué la gestion de la crise par Retailleau, estimant qu’elle est motivée par une recherche de buzz médiatique. Faure a souligné que cette approche pourrait avoir des conséquences stratégiques. « Attention à la relation que nous devons maintenir avec l’Algérie. Les Russes cherchent à s’implanter en Méditerranée et pourraient se tourner vers des pays comme l’Algérie. La diplomatie, ce n’est pas fanfaronner à la télévision », a averti le député.
Pour Faure, la procédure d’expulsion de l’influenceur algérien, jugée illégale par Alger, montre un manque de respect des règles internationales et compromet la crédibilité de la France sur la scène mondiale.
Retailleau persiste dans sa défense
Face à ces critiques, Bruno Retailleau a défendu ses actions, affirmant que l’arrêté ministériel d’expulsion avait été pris sur la base d’une « menace grave à l’ordre public ». Il a insisté sur la séparation entre les procédures judiciaires et administratives, qu’il considère comme une composante essentielle de l’État de droit.
Malgré cette nouvelle justification, les appels à une désescalade et à un dialogue respectueux avec l’Algérie se multiplient, posant la question de la stratégie française face à un partenaire historique de premier plan.