Macron à Alger: ni déni, ni repentance

A deux jours de sa visite en Algérie le 6 décembre, relèvent nos confrères d’Algérie Part, le président français, Emmanuel Macron, a déjà esquissé ce que sera le fil conducteur de son discours sur la colonisation. Il a d’ores et déjà affirmé qu’il ne sera pas le président qui prononcera la repentance de son pays par rapport aux crimes commis durant la colonisation.

Contrairement au discours prononcé en Algérie avant qu’il ne soit président. Dans une interview accordée dimanche à la chaîne Trace TV, le président français a, en effet, appelé à « dépassionner » la question de la colonisation. « J’ai souvent dit: ni déni, ni repentance. Il faut regarder les choses en face, c’est notre histoire commune », a-t-il ajouté, appelant à « regarder de manière très dépassionnée cette période ». « Ce passé c’est notre viatique pour l’éternité, comme   disait Jankélévitch. Mais ce qui compte, c’est notre avenir commun », a conclu le président français, dont les propos ont été rapportés par l’AFP.

Emmanuel Macron s’exprimait en réponse à une français d’origine congolaise qui l’interrogeait sur la possibilité de le voir faire un geste en faveur d’une reconnaissance du passé colonial. « Cette jeune femme n’a pas vécu la colonisation, donc elle ne peut se construire sa vie, son projet de vie, la relation avec le pays où elle est, la France, avec ça. Je ne vais pas dire +la France doit verser un subside, ou reconnaître ou indemniser+, ce serait totalement ridicule. En termes de mentalité, ce n’est pas une façon de construire son avenir », a lancé M. Macron.

Le chef de l’Etat français vient mettre un bémol à son discours de mars à Alger. Il avait affirmé, lors d’une interview télévisée, que la colonisation relevait d’un «crime contre l’humanité». Une déclaration qui a soulevé une grosse polémique en France.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)