A l’occasion de la sixième conférence de reconstitution du Fonds mondial contre le VIH, la tuberculose et le paludisme qui se déroule en ce moment à Lyon, Emmanuel Macron doit s’entretenir ce jeudi avec Paul Biya, dictateur au pouvoir au Cameroun depuis 37 ans, afin d’évoquer la situation politique dans son pays. Ce que dénonce l’association « Survie »
« Ce tête-à-tête privilégié intervient alors que le régime mène toujours une guerre contre la minorité anglophone de son pays, et que les libertés individuelles et collectives continuent d’être régulièrement bafouées », remarque l’association Survie.
Un « Biyalogue » pipé d’avance
L’Elysée apporte ainsi au régime l’onction de légitimité internationale nécessaire après la parodie de « dialogue national » organisé la semaine dernière (et rebaptisé par les Camerounais le « Biyalogue ») pour noyer les revendications légitimes de dialogue sur les origines de la « crise anglophone ». La diplomatie française ne peut pourtant pas ignorer qu’il y a bien d’autres prisonniers politiques et que les conclusions volontairement floues de ce « grand dialogue national », largement téléguidé par le pouvoir camerounais, ne vont pas mettre fin à la guerre dans les régions anglophones.
Pour Thomas Borrel, porte-parole de Survie, « la libération de l’opposant Maurice Kamto et d’une centaine de ses soutiens quelques heures après la clôture de ce « Biyalogue » ne suffit pas à rendre fréquentable un régime dont les politiques répressives ont poussé à la guerre, faisant au moins 2000 morts et un demi-million de déplacés internes et de réfugiés à l’étranger, et dont l’armée qui bénéficie depuis toujours de la coopération militaire française a incendié et rasé des dizaines de villages. » [1]
Aujourd’hui plus qu’hier encore, Paul Biya fait partie de ces dictateurs « amis de la France » qu’Emmanuel Macron devrait éviter s’il avait eu, comme certains l’avaient cru, l’intention de rompre avec la Françafrique.